Le cinéma britannique

Les années Trente, ou la (re)construction d’une industrie

La crise économique qui frappe les années trente rapproche les britanniques des salles de cinéma propices à distraire les esprits.Les films  ne s’écartent donc pas des genres qui ont fait leurs preuves : histoires d’amour, films policiers… ainsi aucune « école » ne se distingue à l’époque, si ce n’est l’école documentaire » regroupée autour de l’écossais John GRIERSON . C’est à cette période que se distinguent deux cinéastes : Anthony ASQUITH spécialiste des adaptations  théâtrales, avec Pygmalion 1938 d’après Bernard Shaw  et Alfred HITCHCOCK, qui réalise des films depuis 1921, Les 39 marches 1935, Une femme disparaît, 1938 .Alexandre Korda originaire de Hongrie produit de nombreux succès de 1932 à 1938 dont la vie privée d’Henri VIII qu’il réalise.

La guerre sur les écrans

Brève rencontre

L’époque est favorable aux documentaristes formés par GRIERSON et CAVALCANTI qui filment des « histoires vraies », comme par exemple Les Hommes du bateau-phare qui retrace l’histoire authentique de l’équipage d’un bateau-phare attaqué et détruit par l’aviation allemande D’autres films proviennent directement des unités de production cinématographique de la Royal Air Force, de la Navy et de l’Armée. Ainsi le cinéma britannique trouve une nouvelle fonction dans la participation à l’effort de guerre. Parmi les films produits en Grande-Bretagne à l’époque, on peut remarquer en 1943 Colonel Blimp De Michael Powell, en 1945 Henry V, de, et avec Laurence OLIVIER et Brève Rencontre de David Lean la même année.

L’après-guerre

Les Etats-Unis veulent  imposer leur cinéma. Pour éviter cela le gouvernement décide de limiter toutes les importations de films Sur le plan local un quota 45 % de films britanniques est instauré… jamais atteint, il sera abaissé à 30 % dans le courant des années 50. Les américains ripostent par un embargo cinématographique.Tout le monde y perd. Un accord est alors conclu. A ce sujet, un humoriste dit un jour : « Le cinéma britannique présenta des chefs-d’œuvre, puis des excuses ».

Le Troisième homme

De nouvelles aides au cinéma sont créées, et se révèlent efficaces : une taxe spéciale est instaurée sur le prix des billets pour financer les productions.
Ces nouvelles mesures permettent l’affirmation de talents comme David LEAN avec ses adaptations de Dickens, Laurence OLIVIER Hamlet, en1949, ou encore Carol REED Le Troisième Homme, la même année.

Tueurs de dames

Parmi les réussites de l’après-guerre, on compte aussi les productions des Studios Ealing, dirigés par Michael Balcon, secondé d’Alberto CAVALCANTI. Ainsi apparaît dès 1945 le domaine du fantastique avec Au cœur de la nuit film à sketches dont les thèmes sont de l’ordre des fantômes, des divinations et autres possessions…Des productions, où on retrouvera à plusieurs reprises Alec Guiness,: L’Homme au complet blanc, d’Alexander MACKENDRICK, (1951); mais surtout le légendaire Tueurs de Dames, (1955) du même .Michael Powell et Emeric Pressburger créent leur propre maison de production : Les Archers et réalisent Le Narcisse noir (1948), Les Chaussons rouges (1948)

Les années Cinquante

A l’aube des années cinquante, l’apparition de la télévision et la diversification des loisirs portent un coup bas à la fréquentation des salles. Les studios Hammer se spécialisent dans le fantastique. Dans ce cadre Terence FISHER devient le réalisateur vedette des studios en posant la première pierre d’une impressionnante série de Frankenstein et de films de vampires.

La solitude du coureur de fond

Apparaît alors un nouveau mouvement le Free Cinema. Lancé en février 1956 par  la présentation de trois court-métrages : La projection fut suivie de la lecture d’un manifeste qui incitait les réalisateurs à sortir des studios pour filmer en extérieur, pour se rapprocher de la réalité humaine, la réalité de groupes sociaux, et ainsi de rompre avec les générations précédentes. Le Free Cinema « pur et dur » concerne seulement un petit nombre de courts-métrages car en abordant le long-métrage, les jeunes réalisateurs furent obligés de faire certaines concessions tout en gardant une part de l’esprit du Free Cinema :Un Goût de Miel, de Tony RICHARDSON en 1961 La solitude du coureur de fond (1962); Le prix d’un Homme, (1963) de Lindsay ANDERSON Samedi soir, dimanche matin (1960 )de Karel Reisz. Cette nouvelle vague annoncée par Les chemins de la haute ville (1958) de Jack Clayton se tarira assez vite et la plupart de ces metteurs en scène travailleront ensuite aux Etats Unis

Les années Soixante

The Servant

Les années Soixante voient s’installer en Grande-Bretagne des cinéastes venus de tous les horizons; Certains américains s’y installent pour échapper à la « Chasse aux Sorcières » qui les menace dans leur pays, travaillant même parfois sous un nom d’emprunt comme Joseph LOSEY qui signe ses meilleurs films en collaboration avec Harold Pinter : The Servant (1963), Accident (1967)….

Mais ce que l’on retient de ces années, c’est l’imposant Lawrence d’Arabie que David LEAN réalise en 1962 mais aussi l’historique If de Lindsay ANDERSON, qu’il présente comme étant une métaphore de la vie britannique de l’époque, en 1968; ou encore 2001: lodyssée de l’espace la même année de l’américain Stanley KUBRICK installé en Grande Bretagne; et surtout, aux yeux du grand public, l’apparition en 1962 de l’agent préféré de Sa Royale Majesté James Bond.

Les années Soixante-dix

Sacré Graal

La télévision est un riche vivier de talents, d’où sortiront John SCHLESINGER, Ken Loach , Stephen Frears, Mike leigh, Ken Russel, baroque au possible, John Boorman qui après Léo the last (1970) rejoint les Etats Unis sans oublier les Monty Python  qui après avoir conquis le petit écran avec leurs sketches s’attaquent au grand, avec succès, Sacré Graal en 1975 ,et La vie de Brian (1979) .A la même époque apparaissent de jeunes réalisateurs britanniques qui ont souvent fait leurs premières armes dans la publicité, et seront dépendant des financements américains, c’est le cas des frères SCOTT, Tony et Ridley, The Duellists en 1976 de ce dernier, d’après une nouvelle de Joseph Conrad, c’est aussi le cas d’Alan PARKER, qui renoue de temps à autre avec ses racines britanniques comme pour The Commitments en 1991.

Les années Quatre-vingt

Les Chariot de feu

On crie à la renaissance du cinéma britannique à partir des Chariots de feu (1982) de Hugh HUDSON qui reçoit quatre Oscars à Hollywood . Gandhi, de Sir Richard ATTENBOROUGH, Chambre avec vue de James IVORY, suivront avec une moisson d’oscars. The Mission de Roland JOFFE, remporte la Palme d’Or à Cannes en 1986. Cependant derrière les « super »-productions à succès se distinguent des réalisateurs qui font découvrir un cinéma « social : Stephen FREARS My Beautiful Laundrette en 1985, Ken LOACH Riff-Raff, (1991), mais aussi Mike LEIGH High Hopes, (1988), Secrets et mensonges (1996) palme d’or à Cannes.

Meurtre dans un jardin anglais

John BOORMAN tourne Hope and Glory (1987) : d’après ses souvenirs d’enfance  durant la seconde guerre mondiale dont la suite sera sa dernière réalisation en 2014 Queen and country. Peter Greenaway se distinguera avec Meurtre dans un jardin anglais 1982 qui lui vaudra l’attention de la critique et du public cultivé européen et une carrière en marge de la production britannique.

Les années Quatre-vingt-dix

Les Virtuoses

Le cinéma britannique n’a jamais été aussi florissant que lors des années quatre-vingt-dix. Kennet Branagh acteur et réalisateur s’inspire de Shakespeare : Henry V (1990), Hamlet (1997) …..En 1994 succès mondial pour Mike NEWELL avec Quatre mariages et un enterrement, Mark Herman : Les Virtuoses (1997). Anthony Minghella après un téléfilm propulsé sur grand écran : Truly Madly Deeply part faire  carrière à Hollywood Michael WINTERBOTTOM traite de divers thèmes à travers une filmographie foisonnante Jude (1996), adaptation du roman homonyme de Thomas Hardy), Go Now (1996 ) …

Le cinéma britannique depuis 2000

Orgueil et préjugés

Jusqu’à présent, le nouveau siècle a été une période relativement faste pour l’industrie cinématographique britannique. Bon nombre de films ont trouvé une large audience internationale Le Journal de Bridget Jones  (2001) de Sharon Maguire, le premier film de Richard Curtis en tant que réalisateur, Love Actually (2003), . Dans le même temps, des films salués par la critique, Orgueil et préjugés (2005) de Joe Wright, apportèrent également un certain prestige à l’industrie cinématographique du pays.

Chicken run

La nouvelle décennie vit l’apparition d’une nouvelle série de films importante, financée grâce à des fonds américains, mais britannique sur le plan de la réalisation, celle des Harry Potter. Nick Park, d’Aardman Animations, créateur de Wallace et Gromit et de la série Creature Comforts, produisit son premier long-métrage en 2000, Chicken Run, coréalisé avec Peter Lord.

Billy Elliot

Parmi les réalisateurs britanniques qui émergèrent durant cette période, on peut citer, Michael Winterbottom, auteur de 24 Hour Party People (2002) et Tournage dans un jardin anglais), et Stephen Daldry, dont le premier film, Billy Elliot (2000), fut celui qui rencontra le plus de succès de tous les films britanniques produits la même année.

Le Vent se lève

Dans le même temps sortaient aussi des films de réalisateurs plus établis. En 2004, Mike Leigh dirigea Vera Drake,. Stephen Frears réalisa une trilogie sur la vie en Grande-Bretagne, composée de Dirty Pretty Things (2002), , Madame Henderson présente  et The Queen (2006),. En 2006, Ken Loach fut lauréat de la Palme d’or au Festival de Cannes avec, Le vent se lève .

En 2007, un certain nombre de nouveaux films britanniques obtinrent une reconnaissance tant critique que publique, parmi lesquels Control d’Anton Corbijn, biographie du chanteur Ian Curtis ; ..Les studios britanniques continuent à accueillir avec succès des productions étrangères.

  • Sources : Histoire du cinéma britannique, de Philippe Pilard, Nathan Université,
  • Collection 128- The British Film Catalogue 1998,
  • The British Council- Screen Finance, Financial Times, septembre 1998
  • – Télérama n°2447 (décembre 1996)
  • – Encyclopédie Microsoft Cinemania ’94
  • Encyclopédie Microsoft Encarta ’98
  • – British Atlas du cinéma d’André Z Labarrere  la Pochothèque