OUVERTURE vendredi 15 Nov 21h: « The Queen », séance gratuite

Stephen Frears , (2006) 1h39 avec: Helen Mirren, James Cromwell, Alex Jennings

Dimanche 31 aout 1997, la princesse Diana meurt des suites d’un accident de voiture survenu sous le Pont de l’Alma à Paris. Alors qu’une vague d’émotion et de chagrin submerge le pays, Tony Blair est élu à une écrasante majorité. Au château de Balmoral en Écosse, la reine Elisabeth II reste silencieuse, distante voire indifférente. Elle ne comprend pas l’onde de choc qui ébranle son pays…

C’est plus qu’habile, c’est admirable. Le jury de Venise ne s’est pas trompé en distinguant Peter Morgan au titre du scénario comme il ne pouvait que couronner Helen Mirren en Elisabeth, un rôle comme on n’en obtient que quelques-uns dans une vie et qu’elle porte au firmament de l’interprétation. Un bon film, c’est une bonne histoire jouée par de bons acteurs. Stephen Frears feint la modestie de croire qu’il en est ainsi. (Jean Roy)

C’est la première collaboration entre Stephen Frears et Affonso Beato chef opérateur notamment de Glauber Rocha, Almodovar et Walter Salles. «Nous avons choisi d’opposer visuellement ces deux mondes. Nous filmons en 35 mm l’univers de la famille royale, sa pompe et ses traditions, avec un cadre rigide et une lumière travaillée, et en super 16 mm la démocratie, le monde de Tony Blair, à la fois plus libre et plus ordinaire. Nous montrons également l’intimité de la reine, la reine au réveil, dans sa chambre, un endroit connu de seulement trois personnes au monde : elle, son mari, et sa femme de chambre. Stephen a choisi de traiter ces scènes de façon froide, surtout pas voyeuriste.» (Libé)

Ce que raconte The Queen est tout aussi palpitant que son dispositif, puisque l’action, ramassée l’espace d’une semaine (entre la mort de Lady Di et ses funérailles), ne s’accomplit que dans le miniature de la parole échangée : coups de fil, revues de presse, brèves conversations, etc. Le film se déroule durant la semaine suivant la mort de Lady Di. Tandis que le pays pleure, la famille royale n’interrompt pas ses vacances pour regagner Londres, considérant que la mort de l’ex-femme du Prince Charles, donc ex-membre de la famille royale, n’est pas une affaire d’état mais une affaire privée. La queen fait sa tête de cochon, la foule gronde, c’est la crise. A chaque instant du récit, c’est l’image qui renseigne sur le statut de tous et de chacun. Tout le bricolage autour des images d’archives est la chaudière du film, dans son rapport avec la reconstitution proprement dite, et d’ailleurs les personnages gardent en permanence un œil rivé sur la télé, comme pour vérifier l’effet de leurs actes dans la sphère voisine, parallèle, de l’image (Jean-Philippe Tessé  chronic art)

Helen Mirren

Helen Mirren a grandit dans une famille aisée descendant de l’aristocratie russe. Elle se destine très jeune à la comédie et fait ses premiers pas sur les planches du National Youth theatre alors qu’elle n’est âgée que de 18 ans. Elle y joue des pièces de Shakespeare et intègre ensuite la Royal Shakespeare company.

Elle se tourne en 1969 vers le 7e art et obtient un rôle dans le film Age of Consent de Michael Powell. Les rôles plus conséquents s’enchaînent alors : elle joue dans Le Meilleur des mondes possibles de Lindsay Anderson, et dans Excalibur de John Boorman.

Elle est récompensée en 1984 par le prix d’interprétation à Cannes pour son rôle dans Cal de Pat O’Connor, puis en 1995 pour son incarnation de la reine Charlotte dans La Folie du roi Georges de Nicholas Hytner. En 2006, c’est The Queen. Helen Mirren continue de se produire au théâtre bien qu’extrêmement sollicité par les réalisateurs comme Simon Curtis pour La Femme au tableau , Paolo Virzì  avec L’Échappée belle ……

Côté vie privée, Helen Mirren est l’épouse du réalisateur Taylor Hackford depuis 1997.

Stephen Frears

commence sa carrière au cinéma comme assistant de Karel Reisz et réalise son premier film pour la BBC en 1970 : Gumshoe. Initialement prévu pour une diffusion télévisée, My Beautiful Laundrette, histoire d’amour entre un jeune paumé et un Pakistanais, sort en salles en 1985 et le rend célèbre . Il se lance alors dans un cinéma social, engagé et dérangeant, mettant en scène minorités et violences sociales :, Prick up your Ears (1987).Sammy et Rosie s’envoient en l’air (1987) qui lui offre la reconnaissance du public. Ensuite le réalisateur adapte aux Etats Unis des œuvres littéraires Les Liaisons dangereuses – 1988, Mary Reilly – 1996 et s’essaye à la comédie: Héros malgré lui – 1992. Après avoir donné l’un de ses films les plus noirs Les Arnaqueurs – 1989 il retourne au Royaume-Uni, et renoue avec la critique sociale en tournant The Snapper et The Van, puis offre à Audrey Tautou son premier rôle en anglais dans Dirty Pretty Things (2003).On le retrouve en 2006 avec The Queen, et renoue avec la comédie en réalisant Mrs Henderson présente .En 2009, il dirige , Michelle Pfeiffer dans son adaptation de Colette, Chéri. L’année suivante, il s’attaque à l’adaptation sur grand écran de la BD Tamara Drewe. En 2012, Stephen revient à la réalisation avec la comédie policière Lady Vegas : Les Mémoires d’une joueuse dans laquelle il dirige Bruce Willis, Catherine Zeta-Jones, …Le cinéaste rebondit en Angleterre l’année suivante avec la comédie dramatique Philomena, avec Judi Dench, associée à Steve Coogan. Puis le cinéaste explore les dessous du dopage dans le cyclisme en transposant l’affaire Lance Armstrong avec The Program. et enchaine avec un autre biopic, Florence Foster Jenkins, qui lui permet de mettre en scène un duo d’acteurs inattendu, Meryl Streep et Hugh Grant. Ce long-métrage racontant la vie de la riche héritière du même nom dotée d’une passion pour l’art lyrique mais chantant terriblement faux, est acclamée par la critique. Le réalisateur retrouve Judi Dench en 2017, pour une nouvelle exploration de la monarchie britannique, Confident Royal.

Avec Ken Loach et Mike Leigh, Stephen Frears est l’une des figures les plus vibrantes et représentatives du cinéma britannique contemporain ».
« Frears possède le don peu commun d’offrir dans ses meilleurs films un portrait de la société britannique acide, non-conventionnel, caustique, à la fois dérangeant et divertissant »( Alberto Barbera )