Stephen Frears, (2005 ) Avec: Judi Dench – Bob Hoskins
En 1937, à 69 ans Laura Henderson perd son époux. Alors qu’elle rentre de Londres, elle décide de lutter contre l’ennui du veuvage. Elle désire se lancer dans le Music-Hall et présenter des revues novatrices et nues selon la mode de New York et paris. comme elle ne connaît rien à cette activité, elle engage Vivian Van Damn à qui elle délègue les pleins pouvoirs...
Numéros de comédies musicales, dialogues ping-pong comme dans les screwball comédies américaines, antagonisme de classe, satire aristocratique et tragédie de la Seconde guerre mondiale donnent un rythme certain au film
Il y a trois sujets dans Madame Henderson présente, le film que Stephen Frears consacre à cette scène mythique (aujourd’hui reconvertie en club de lap dancing) : les jours glorieux d’une salle qui osa braver la censure de la bonne société anglaise ; les chamailleries (teintées d’affection) entre l’insupportable lady, snob aristocrate bravant les conventions, et son employé plébéien, acariâtre coquin cachant ses origines juives ; l’éloge du Britannique résistant aux foudres des puritains comme aux bombardements allemands (le Windmill fut le seul théâtre à rester ouvert pendant le Blitz, d’où son slogan légendaire : « Never closed »). (Le Monde)
La musique de George Fenton, les scénographies d’Eleanor Fazan contribuent à ce que ce film touchant et drôle effleure le mélodrame sans y sombrer. Un lever ou un tomber de rideau suffisent à des mises en abyme qui tiennent à distance tout sentimentalisme, pourtant prêt à émerger des situations historiques ou intimes. Comme la vraie madame Henderson, celle du film a perdu un jeune fils dans les combats de 1915. Elle évolue dans des décors et costumes fidèles à l’époque, tout autant que l’ambiance familiale qui régnait en coulisse. De nombreux témoins en attestent aujourd’hui….. Avec Stephen Frears, le glamour sait se piquer d’humour. On ne connaît pas le degré d’authenticité du « n’est-ce pas délicieux ? » lâché en toutes circonstances, même les pires, par la Laura Henderson qu’il a imaginée, mais on pourrait bien le reprendre à notre compte.Dominique (Widemann Huma)
Stephen Frears, comme d’habitude, panache l’humour aigre et les virevoltes des personnages, le goût du spectacle et la passion des coulisses. L’ensemble est savoureux,
Judi Dench
reconnue pour son talent au théâtre notamment au sein de la Royal Shakespeare Company se lance sur grand écran en 1964 dans The Third secret de Charles Crichton. Après une interprétation très remarquée dans Chambre avec vue de James Ivory en 1986, elle se tourne principalement vers des adaptations cinématographiques de pièces Shakespeariennes telles Hamlet et Henry V de Kenneth Branagh et remporte l’Oscar de Meilleur second rôle en 1999 pour le film Shakespeare in Love de John Madden. Elle incarne aussi la directrice du MI-6, « M », dans plusieurs James Bond. Désormais connue pour ses personnages de femme âgée à la fois hautaine et malicieuse, Judi Dench enchaîne les tournages que ce soit pour Stephen Frears, John Madden , Kenneth Branagh , Tim Burton….A plus de quatre vingt ans et atteinte d’une maladie dégénérative des yeux qui la prive progressivement de la vue , elle poursuit sa carrière avec l’aide d’un assistant et de scripts à la typographie élargie .
Stephen Frears
commence sa carrière au cinéma comme assistant de Karel Reisz et réalise son premier film pour la BBC en 1970 : Gumshoe. Initialement prévu pour une diffusion télévisée, My Beautiful Laundrette, histoire d’amour entre un jeune paumé et un Pakistanais, sort en salles en 1985 et le rend célèbre . Il se lance alors dans un cinéma social, engagé et dérangeant, mettant en scène minorités et violences sociales :, Prick up your Ears (1987).Sammy et Rosie s’envoient en l’air (1987) qui lui offre la reconnaissance du public. Ensuite le réalisateur adapte aux Etats Unis des œuvres littéraires Les Liaisons dangereuses – 1988, Mary Reilly – 1996 et s’essaye à la comédie: Héros malgré lui – 1992. Après avoir donné l’un de ses films les plus noirs Les Arnaqueurs – 1989 il retourne au Royaume-Uni, et renoue avec la critique sociale en tournant The Snapper et The Van, puis offre à Audrey Tautou son premier rôle en anglais dans Dirty Pretty Things (2003).On le retrouve en 2006 avec The Queen, et renoue avec la comédie en réalisant Mrs Henderson présente .En 2009, il dirige , Michelle Pfeiffer dans son adaptation de Colette, Chéri. L’année suivante, il s’attaque à l’adaptation sur grand écran de la BD Tamara Drewe. En 2012, Stephen revient à la réalisation avec la comédie policière Lady Vegas : Les Mémoires d’une joueuse dans laquelle il dirige Bruce Willis, Catherine Zeta-Jones, …Le cinéaste rebondit en Angleterre l’année suivante avec la comédie dramatique Philomena, avec Judi Dench, associée à Steve Coogan. Puis le cinéaste explore les dessous du dopage dans le cyclisme en transposant l’affaire Lance Armstrong avec The Program. et enchaine avec un autre biopic, Florence Foster Jenkins, qui lui permet de mettre en scène un duo d’acteurs inattendu, Meryl Streep et Hugh Grant. Ce long-métrage racontant la vie de la riche héritière du même nom dotée d’une passion pour l’art lyrique mais chantant terriblement faux, est acclamée par la critique. Le réalisateur retrouve Judi Dench en 2017, pour une nouvelle exploration de la monarchie britannique, Confident Royal.
Avec Ken Loach et Mike Leigh, Stephen Frears est l’une des
figures les plus vibrantes et représentatives du cinéma britannique
contemporain ».
« Frears possède le don peu commun d’offrir dans
ses meilleurs films un portrait de la société britannique acide,
non-conventionnel, caustique, à la fois dérangeant et divertissant »(
Alberto Barbera )