Le Free Cinema, cinéma social britannique

Années 50 situation en Grande Bretagne

La génération qui arrive à l’état adulte a connu adolescente la guerre le Blitz. Énormément de victimes, des pères et ou mères disparus…. Ces bouleversements contribuent à émanciper la jeunesse de l’autorité stricte parentale. 

  • Le gouvernement travailliste de Clément Attlee jusqu’en 1951 a développé une politique sociale ambitieuse (Santé, enseignement, logement …. N’hésitant pas à nationaliser certains secteurs : banque, charbonnage, gaz, électricité, chemin de fer aviation civile…). Le plein emploi, reconstruction oblige, les pertes en hommes, donnaient du travail à ces jeunes adultes  et des moyens pour consommer. Ils découvrent le jazz, puis  le rock et vivent  une culture jeune à laquelle sera attachée de nouveaux comportements, parfois de violence : « Les teddys boys »

  • Les arts de la représentation ignoraient cette nouvelle donne en particulier une représentation réaliste de  la classe ouvrière et de ses conditions de vie.
  • L’état du cinéma : Les écrans de  cinéma étaient occupés par des « drames petits bourgeois », sans reliefs, raisonnables, respectant in fine les valeurs établis. Un cinéma des années 50 sclérosé, conventionnel, tourné en studio, coupé de la vie britannique et  représentant la classe ouvrière d’une manière stéréotypé et condescendante.

Soyons juste des œuvres de qualité existent celles des studios Ealing même finissant le Lady killers de Mackendrick, les films de Mickael Powell et Pressburger…  de David Lean Brèves rencontres, ses  adaptations de Dickens, les  adaptations de Shakespeare au cinéma par Laurence  Olivier.

Les origines

Lindsay Anderson

1956 février quatre jeunes cinéastes: Lindsay Anderson, Karel Reisz, Tony Richardson, Lorenza Mazetti, devant l’impossibilité de montrer leurs réalisations créent un mouvement le « Free cinéma ».Ils suivent l’exemple des « Angry young men » : des écrivains , auteurs dramatiques comme John Osborne qui bouleversent le champ littéraire et théâtral en parlant de gens issus de milieux modestes tout en  portant  sur la société britannique un regard cynique et désabusé.

Momma don’t allow
O dreamland

Karel Reisz qui programme le National  Film Theatre organise une séance de 3 courts métrages documentaires : « O dreamland », « Momma don’t allow », « Together » qui va connaitre un tel succès que  5 autres séances seront programmées en 3 ans. On fait la queue pour obtenir une place, les médias télé, journaux répercutent cette réussite en reprenant le manifeste de ce « mouvement » enrichi à chaque séance, plus de 6 000 spectateurs assisteront à ces séances : 3 consacrées à des films britanniques, 3 à des films étrangers signés entre autres : Alain Tanner, Goretta, Polanski, Chabrol, Franju, Truffaut ( Les Mistons), ….

Les convictions

Lorenza Mazetti

Ils rejettent le cinéma des années 50 sclérosé, conventionnel, tourné en studio, coupé de la vie britannique et  représentant la classe ouvrière d’une manière stéréotypé et condescendante. Les documentaires de cette époque  donnent eux, une image archaïque du pays. Leurs auteurs ont oublié les leçons de l’école documentaire créée dans les années 30 par John Grierson tournée vers les conditions d’existence des gens modestes tout en donnant une dimension poétique à leurs œuvres dont le chantre sera Humphrey Jenning  « Le poète du cinéma britannique » pour Lindsay Anderson . L’autre influence sera le néoréalisme italien, dans leur souci de mettre au premier plan les conditions de vie et de travail de la classe ouvrière anglaise , le mal être des minorités, et leur attention aux préoccupation de la jeunesse, sans porter de regards réprobateurs sur les « Teddy boys ».

Les conditions de tournage

Walter Lassaly et Karel Reisz

Les budgets sont dérisoires , seulement une petite aide du  British film institut, Tournage en 16 mm avec une Bolex et un moteur à ressort , donc  des prises de 22 secondes maxi, certains films sont  tournés avec de la pellicule recyclée, personne n’est payé ou très peu , en contrepartie une liberté totale une complicité et une  convergence de vues sans pareille surtout entre Lindsay Anderson, Karel Reisz, Walter Lassally prodigieux directeur de la photo et John Fletcher monteur et ingénieur du son qui donneront une unité esthétique, thématique aux réalisations du free cinéma.

Every day except christmas 

Toutefois deux films seront tournés en 35 mm dans des conditions économiques plus agréables grâce à un mécénat de la société automobile Ford : « Every day except christmas » de Anderson, « We are the Lambeth Boys (1959) de Reisz qui annonce le passage au long métrage de fiction « Le Free Cinéma est mort, longue vie au Free Cinema ! »conclura le dernier manifeste lors de la dernière séance en 1959

La nouvelle vague

Tony Richardson

Tony Richardson, immédiatement ,monte sa société de production et tourne “Look Back in Anger” (1959) qui va marquer les débuts de la nouvelle vague anglaise ( rejointe par John Schlesinger). Il signera dans la foulée : « Un goût de miel », »La solitude du coureur de fond » Karel Reisz va également bientôt se lancer avec “Samedi soir dimanche matin” (1960). Le dernier à tourner un long sera Lindsay Anderson avec “Le prix d’un homme” (1962). Des chefs d’œuvre de réalisme social marqués par l’influence du Free Cinema. Mais cet esprit se flétrira et dès 1963 les films seront moins engagés à l’exception de ceux de Anderson : » If » (1968). Richardson, Reisz partiront travailler aux Etats Unis ou Anderson les rejoindra plus tard.

Le free cinéma est à l’origine de ce cinéma social britannique encore bien vivant aujourd’hui, avec  des réalisateurs comme  Ken Loach, Stephen Frears , Mike Leigh , Andrea Arnold, Clio Barnard, Shane Meadows..