L’homme qui plantait des arbres
Frédéric Back, (1987) Canada 30mns d’après la nouvelle de Jean Giono, avec la voix de Philippe Noiret,
La vie d’Elzear Bouffier, berger qui entreprit un peu avant la Première Guerre mondiale de planter des arbres dans une région déserte aux confins des Alpes et de la Provence.
Un pur chef-d’œuvre du cinéma d’animation, un incontournable
Oscar du meilleur court métrage d’animation, grand prix au Festival international d’animation à Hiroshima.

Le style de l’auteur, Frederic Back, n’a rien à voir avec le cartoon traditionnel. Tout le début, monochrome, a la sobriété des croquis. Puis, les touches de couleur se multiplient à mesure que triomphe la fertilité. L’image devient alors une véritable toile impressionniste en mouvement. Bernard Génin,

Le réalisateur
Né à Sarrebruck, en 1924 Frédéric Back est très tôt confronté à la violence : » on voyait l’émergence du nazisme et l’enseignement de la haine. […] » Il se réfugie en Bretagne, son professeur aux Beaux-Arts l’incite à observer avec rigueur et dessiner sur le vif la faune, la flore, les liens entre humains et terroir.
C’est à Montréal, où il s’installe en 1948, qu’il se perfectionne. Il est embauché à Radio-Canada comme illustrateur,créateur d’effets visuels, de décors, de maquettes pour des émissions scientifiques éducatives. Dès 1968 il expérimente diverses techniques de dessin. Cet amoureux des grands espaces assiste à l’étalement urbain né de l’industrialisation. Et, en une dizaine de films, explore les relations entre évolution des sociétés humaines et équilibre écologique.il fait adopter des belugas du Saint-Laurent par les salariés de Radio-Canada, il plante 30 000 arbres dans sa propriété qu’il baptise « Parc Jean Giono. »
Le conte des contes
Youri Norstein, (1979) Russie 29 mns
D’abord des scènes de vie familiale tranquilles et reposantes, puis un petit loup gros, émouvant héros d’une berceuse populaire qui traverse le film, sorte de comptine où se mêlent la vie, la mort, le bonheur.
Le Conte des contes » oscille entre le rêve et la mémoire

Élu meilleur film d’animation de tous les temps aux Olympiades de l’animation de Los Angeles en 1984, cette fable quasi-tarkovskienne est le film le plus intime et personnel de son auteur, collage de souvenirs d’enfance où les pérégrinations d’un petit loup gris se mêlent à des évocations de la Seconde Guerre mondiale pour former une histoire enfouie de la Russie. Libé

Le réalisateur
Youri Norstein est né dans un petit village de Russie en 1941, son premier court métrage évoque la révolution bolchevique. Plusieurs œuvres suivent dont Le Petit Hérisson dans le brouillard (1975). Hérisson devenu une star en Russie, et a même eu son propre timbre en 1988 ! En 1979, Le Conte des contes achève de démontrer le talent de son auteur, et d’asseoir sa renommée dans le monde. Avec la fin du régime soviétique et l’ouverture de la Russie au marché, Youri Norstein est confronté à un nouveau monde, peu propice à sa méthode de travail. Il se lance en 1981 dans la réalisation d’un long métrage inspiré de la nouvelle de Gogol, Le Manteau, qui serait toujours en cours de réalisation, faute de financement . Youri Norstein a signé dès février 2022 une déclaration conjointe entre animateurs ukrainiens et russes de condamnation sans réserve de la guerre déclenchée par la Russie contre l’Ukraine.
La traversée de l’Atlantique à la rame
Jean-François Laguionie, (1978) France 24 mns
Un couple d’amoureux, part des États-Unis et se lance dans une traversée de l’Océan Atlantique à la rame, à bord d’une petite barque. . À mesure qu’ils s’éloignent au large, leur voyage prend un tour de plus en plus fantastique…
J.-F. Laguionie crée des atmosphères puissantes chargées de mystère et de poésie.

Ulysse(s) des temps modernes, ces héros de l’Atlantique dérivent et divaguent à la surface du globe. Et nous reconnaissons, sous leurs masques angoissés, nos souffrances, nos difficultés existentielles. Ou plutôt ce sont la finesse du dessin, la délicatesse des coloris, les harmonies insolites, la beauté des ambiances, qui accueillent dans leurs écrins le tragi-comique involontaire des petits personnages, qui nous font les reconnaître, se jouant de nous en jouant à nous.
Doublement couronné d’une Palme d’or du court métrage du festival de Cannes 1978 et d’un César, ce chef-d’œuvre de Laguionie, période courts métrages, se révèle in fine un conte métaphysique dans lequel l’auteur de Louise en hiver, tout en revisitant le mythe de la caverne de Platon, esquisse ses propres légendes et dessine une réflexion tant à propos de l’Amour (avec un A majuscule) que du sens de la vie. Donald James

Le réalisateur
Né en 1939 à Besançon, Jean-François Laguionie se forme au Centre dramatique de la Rue Blanche avant de réaliser ses premiers films d’animation dans le studio de Paul Grimault, illustre réalisateur du Roi et l’Oiseau (1952). Son premier court métrage, La Demoiselle et le Violoncelliste (1964) reçoit le Grand Prix du festival d’Annecy. Il y déploie sa technique du papier découpée qui caractérise l’esthétique de ses premiers films. La Traversée de l’Atlantique, son neuvième film, est multi récompensé. Il fonde l’année suivante la Fabrique à Saint-Laurent-le-Minier dans le Gard, studio-coopérative où sera conçu Gwen, le livre de sable (1984), son premier long métrage. Suivront cinq long métrages, dont Le Château des singes (1999), Le Tableau (2011) ou encore Louise en Hiver (2016), où le réalisateur, à travers différentes techniques, explore avec subtilité et humour les thèmes de la tolérance, du vieillissement ou encore de l’amitié. Suivront en 2019 « Le voyage du prince et en 2025 « Slocum et moi » où il revisite son enfance, les rapports aux pères, l’utopie qui a soudé cette famille recomposée dirait on aujourd’hui.