Juan Carlos Tabio (2000) Cuba 1h45 Avec Noel Garcia, Vladimir Cruz, Alina Rodriguez
A une station de bus d’un village cubain, un groupe de passagers attend un bus qui n’arrive pas. Que faire, comment faire…une comédie, pleine de fantaisie entre rêve et dure réalité
On ressort de cette fable ensoleillée, le sourire aux lèvres, et le cœur léger.
Leur situation est la métaphore d’une île réputée habitée de citoyens obsédés par l’envie de partir mais pas mécontent d’y rester. Débarrassés des apparatchiks avec le consentement du chef de la station, ces Cubains en apesanteur s’organisent et fabriquent du bonheur. Positif
Le cinéma de Tabio porte donc un regard moqueur sur les dysfonctionnements de la société cubaine, mais toujours avec une profonde bienveillance. Il n’est surtout pas question de remettre en cause le régime, mais tout simplement de pointer quelques-unes de ses dérives et les petites mesquineries ordinaires de ses concitoyens (Tabio fustige notamment les tatillons zélés et les tartuffes égoïstes). En nous dépeignant avec chaleur, bonne humeur et joie de vivre, un groupe qui, en toute sincérité et en toute liberté, réinvente le socialisme, LISTE D’ATTENTE devient même un vibrant plaidoyer pour les inégalables vertus du collectivisme ! Et comme le ton s’apparente à celui d’une fable, les clichés qui pleuvent (genre « tout le monde il est gentil ») réussissent à nous amuser, voire à nous réjouir fiches du cinéma
Ce qui semble unir la douzaine de personnages se partageant la vedette c’est l’humour qui chasse la mauvaise humeur quand tout va mal et du coup un don rare pour la survie joyeuse. C’est de cela qu’il est surtout question dans Liste d’attente: de la survie qu’on se bricole dans un univers où la pénurie radicale n’a d’égale que l’indécrottable bêtise bureaucratique…… Cuba inspire le réalisateur les tares du système fouettent son imagination et il se sent d’évidence en phase avec le petit peuple de son pays. Assez habilement, il navigue ici entre le croquis réaliste souvent savoureux et les échappées d’une fable légèrement surréalisante. Entre l’ironie qui décape et le conte moral light. Télérama
Le réalisateur
Juan Carlos Tabío est né en 1943 à La Havane, Cuba et décédé en 2021.
Lorsqu’il était jeune, ses parents l’ont préparé à une carrière politique. Ce n’est que lorsqu’un ami de la famille qui travaillait pour la société cinématographique nationale l’a invité à travailler sur un film que Tabío a envisagé le cinéma comme carrière.
En 1961 à l’ICAIC (Institut Cubain d’Art et d’Industrie Cinématographique) comme assistant de production puis comme assistant réalisateur. Entre 1963 et 1980, il réalise plus de 30 documentaires. Son premier long métrage (Se Permuta) est sorti en 1983. Tabío a enseigné l’écriture de scénarios et la réalisation de films à l’École internationale de cinéma et de télévision de San Antonio de los Baños entre 1989 et 1990.
Les films de Tabío sont pour la plupart des comédies mettant en vedette des personnages et des lieux cubains. Utiliser Cuba comme acteur en soi lui permet à la fois de mettre en valeur les joies de la culture cubaine tout en créant un commentaire social continu sur ses défauts. Ses principaux films sont Fraise et chocolat et Guantanamera les deux films en coréalisation avec Tomas Gutierez Alea, Plaff en 1996, La Corne d’abondance 2010, 7 jours à La Havane 2011.