Rapport moral du ciné-club de Bédarieux Grand Orb présenté lors de l’assemblée générale 2022

La fréquentation des cinémas en France  a baissé de 33%/  à la dernière année avant COVID.  55% des français déclarent être abonnés à une plateforme 34 % de ceux-ci  disent se rendre beaucoup moins dans une salle obscure, 12% n’y vont plus.

Le confinement a accéléré une évolution qui pointait le bout de son nez, malgré les records de fréquentation de 2019. Car il était difficile de maintenir notre spécificité de financement des films, dans un monde où majoritairement le libéralisme, la loi du plus fort est la règle. Donc des concessions dans la chronologie des médias, dans la sortie des films durant le confinement ont favorisé les plateformes avec en contrepartie une participation de certaines de ces dernières,  à la production des films, en dehors de leur propre création.

Comment aujourd’hui se comporte le spectateur lambda : il va là où il y a le plus grand choix au meilleur prix, et pour le cout d’une place de cinéma /mois il a accès à des milliers de séries, de films récents de grands réalisateurs comme de tacherons en s’abonnant à un SVOD. Les salles de cinéma qui se contentent de programmer sont en difficultés.

Les ciné-clubs a contrario ont retrouvé leurs adhérents de 2018-2019, même parfois plus nombreux, Bédarieux, Béziers, Pézenas…. La Fédération des Ciné-Clubs de la Méditerranée a programmé cette saison  plus de films pour ses ciné-clubs dont le nombre est croissant.

Pourquoi ? C’est que le paradigme du consommateur de cinéma et celui de l’adhérent d’un ciné-club  sont différents.

Ce dernier apprécie, découvre l’utilité de l’accompagnement d’un film qui évoque  sa  genèse, le langage cinématographique, son insertion  dans l’histoire du cinéma et propose  une vision du monde,

Mais il n’y a pas que ça, l’échange, la prise de parole,  sachant que personne même le présentateur n’a la vérité, autorisent la reconnaissance : c’est-à-dire la connaissance que l’adhérent  partage et confronte, qui  lui permet d’être reconnu et d’établir une relation avec ceux  qu’il ne connait pas encore et  présents dans la salle.

Alors que lorsque l’on consomme du cinéma je suis seul ou avec de la famille, des amis et soit ensuite  je soliloque sur le film soit j’en parle dans un entre soi familial amical qui s’il apporte de la convivialité n’apporte pas sa pierre au mieux vivre ensemble car il ne mêle pas les publics si ce n’est formellement : être  dans la même salle obscure !

Mêler les publics est un de nos objectifs

C’était la raison des actions que nous menions dans un autre temps en essayant de mêler public de cinéma et adhérents avec Ciné-classik, l’accompagnement de films programmés par d’autres associations, la venue de réalisateurs, le ciné-enfant au centre-ville

C’est pourquoi nous modifions l’intitulé de notre association pour proposer des séances dans les villages, dans ce sens Lamalou les Bains fut une belle expérience

C’est pourquoi nous accueillons gratuitement les internes du lycée professionnel.

D’autres choses sont possibles qui dans les conditions actuelles sont difficiles à mettre en œuvre

Pour en revenir au cinéma commercial en carence de spectateurs la situation n’est pas uniforme, des salles réussissent à retrouver une fréquentation d’avant confinement bien sûr il y a le Mélies à Montreuil qui réunit tous les atouts : un universitaire, journaliste à sa tête, une proximité de Paris une réputation qui attire tous les réalisateurs ce qui n’a pas empêché Dominique Voynet ex mairesse de licencier Stéphane Goudet et provoquer un branlebas à ses dépens

Plus près de nous les cinémas de Leucate , de Canet où il y a un ciné-club et où  ça se passe excellemment, qui avec un accompagnement des spectateurs grâce à l’entregent, la formation, la cinéphilie des directeurs de salle que nous connaissons bien par ailleurs sont sur une fréquentation identique à celle record de 2019.

Nous voyons bien que ceux qui dépassent le paradigme : je programme, ils consomment réussissent mais cela exige une ouverture et aucun ostracisme.