Cécile Allegra (2023) France 1h22 documentaire
Survivants de la longue route de l’exil, des jeunes filles, des jeunes hommes, arrivent à Conques, au cœur de l’Aveyron. Là, une association, Limbo, entourée d’habitants les accueille. Ces jeunes venus de tous horizons. , ils marchent, discutent, respirent… Peu à peu, la parole renaît. Alors un jour surgit une idée un peu folle, celle d’une expérience collective. ……
Une expérience bouleversante filmée jour après jour avec justesse et amour.
Yves et Sylvie ROGER de l’association Limbo animeront le débat
À Conques, village de carte postale doté d’une petite rivière et d’une grosse Abbaye, l’association Limbo, en collaboration avec des habitant(e)s accueille chaque année des migrants et migrantes, ou plutôt des survivants et survivantes. Survivants et survivantes de leur propre pays, forcés à l’exil par la guerre ou la persécution, survivants et survivantes de la route, des camps de tortures et de l’esclavagisme en Lybie, survivants et survivantes des bateaux, et de la traversée de la méditerranée. L’association met à leur disposition un lieu de repos pour les accompagner sur le chemin de la reconstruction. De cette situation est né le projet de Cécile Allegra : mettre des mots sur les traumatismes du passé, écouter et raconter ces histoires de vies uniques et les transformer en chansons. Amande Dionne (abusdecine)
La métamorphose intérieure se prolonge lorsque les paroles ainsi engendrées vont à la rencontre des cordes vocales et des notes de musique. Dans l’atelier animé par un étonnant compositeur, Mathias Duplessy, auteur de bandes originales, capable de jouer d’instruments divers venus du monde entier (vièle, guimbarde, percussion, oud, banjo…, entre autres), chacune et chacun s’essaie au chant en dépassant la crainte de ne pas trouver l’accent ou la note juste. L’épanouissement et la joie se lisent dans les regards brillants et les corps se délient au-delà des échanges dans la campagne et des balades dans les bois alentour sous les lumières changeantes, au fil des trois saisons (sur une année ou presque jusqu’au soleil d’été).
Il est bien difficile ici de restituer l’ampleur émotionnelle des révélations auxquelles chaque protagoniste de l’aventure aveyronnaise se confronte, et qu’il nous fait partager, du traumatisme irréductible à la capacité stupéfiante à se réinventer, de la composition d’une mélodie personnelle mêlant la plainte et le rêve jusqu’à la création mise en scène -dans le bus du départ sur la route inondée d’un soleil éclatant- d’une chanson collective au refrain fracassant : ‘on est des enfants de la Terre. On est vivants ! Sara Bonvoisin café pédagogique
La réalisatrice
Cécile Allegra est née à Rome en 1976. jusqu’en 2007, elle réalise des grands reportages en presse écrite, comme par exemple: L’école des enfants esclaves, sur l’ashram créé par Kailash Sathiyarti pour récupérer d’anciens enfants esclavagisé dans les usines de tapis de l’Uttar Pradesh Indien, ou La mort lente du lac Dal, sur la pollution de la plus vaste réserve d’eau du continent indien créée par la guerre au Cachemire, ) « Gereida, dans le plus grand camp de réfugiés du monde » sur la fuite éperdue des darfouri poussés vers le Tchad par les milices janjawids et les bombardements du régime d’Omar El Bechir. et bien d’autres parus dans Le Monde, The Guardian, El Païs, Le Temps…..
Depuis treize ans, elle réalise des documentaires et des grands reportages principalement pour France Télévision, Arte et Canal+. Avec deux centres d’intérêt spécifiques : la condition des hommes et des femmes sur les théâtres bouleversés par la guerre. Et l’évolution des mafias, en particulier en Italie et en Europe.
Paroles de la réalisatrice
Limbo est née un jour de 2016, quand l’un des jeunes que je suivais depuis quelques années s’est laissé mourir de faim sur le lit de son foyer. Il a été sauvé de justesse, et aujourd’hui, il va très bien. Mais dans la nuit qui a suivi, avec une poignée de femmes formidables, on a créé Limbo, les Limbes. C’est l’état entre la mort et le vivant, Ce sont des gens qui ne sont ni morts, ni complètement vivants, qui sont en train d’essayer de retrouver le chemin vers la vie. »
« la musique permet de toute évidence d’abattre n’importe quel mur, d’être dans la joie, dans l’émotion, dans la danse, dans l’envie de pleurer en même temps, de faire comprendre l’incroyable élan de fraternité qui se joue quand on est en train de composer. Et ensuite d’apprendre une chanson. Quand on chante en français, on s’adresse au pays d’accueil. Quand on chante en anglais, on s’adresse au monde. Mais quand on chante en peul, en lingala, dans sa langue maternelle, on s’adresse aux siens. Et c’est ça qui a été le parcours merveilleux de ces jeunes qui ont eu le courage d’affronter leur propre histoire et d’en faire un hymne personnel. »