« Muksin » lundi 6 mai 20h30

Yasmin Ahmad (1 h 34) 2006 Malaisie  avec Sharifah Aryana Syed Zainal Rashid, Mohd Syafie bin Naswip.

Dans un village malais, une petite fille, dont les parents sont critiqués pour leur comportement trop moderne, se lie d’amitié avec un garçon.

Un cinéma différent, attachant par sa tendresse et sa sincérité

C’est une chronique riche en détails drôles, légers ou graves, montrant une société où l’ancien et le moderne se côtoient, s’opposent. La famille d’Orked a abandonné les codes de la tradition (polygamie, châtiment corporel de l’enfant, interdits sexuels) et vit dans un joli bonheur, construit par l’harmonie et la complicité entre sexes et générations. A l’aube de l’adolescence, l’amour éphémère de et pour Muksin touche le cœur d’Orked au plus profond. Le film est, par ailleurs, très sensible au statut et au sort fait à la femme, dans une société où religion et patriarcat dominent encore. La réalisatrice a dédié son film à ses parents. Petit conseil: ne quittez pas la salle avant le générique de fin, une surprise vous y attend. (le Nouvel Obs)

Muksin, petit miracle sensible et drôle importé de Malaisie. Le récit tourne autour de la boudeuse Orked, qui vit avec des parents trop décontractés selon les voisins offusqués. Subtile lorsqu’elle pointe l’opposition entre respect des traditions et modernité, cette chronique l’est tout autant quand elle se resserre sur la naissance d’une amitié. Les idées cocasses jalonnent ce film inventif et surprenant jusque dans son non-happy end. (Rouge)         

La réalisatrice

Figure de la nouvelle vague malaisienne Yasmin Ahmad est née en 1958 à Johor en Malaisie elle décèdera en 2009 à Singapour durant le tournage de son dernier film. Après un diplôme de psychologie en Angleterre, elle intègre le milieu publicitaire dans lequel elle travaille pendant vingt-cinq ans. Forte de son expérience de réalisatrice de spots publicitaires, elle se lance dans le cinéma, écrit des scénarii et réalise en 2002 son premier long métrage, My Failing Eyesight,. Ses films suivants, Chinese Eyes, Anxiety et Muksin sont tout de suite remarqués et sélectionnés dans de grands festivals internationaux : Tokyo, San Francisco, Rotterdam et Berlin. Muksin est son premier film distribué en France. Scénariste, productrice et actrice, Yasmin Ahmad tournera ensuite trois autres films non distribués en France

                                                          L’interview de la réalisatrice :       

Le personnage d’Orked se caractérise par sa force, sa vivacité et sa capacité à aimer. Vous êtes-vous inspirée d’une connaissance pour écrire ce personnage ?

Le personnage féminin qui apparaît à différentes étapes de sa vie dans mes trois autres films, et maintenant sous les traits d’Orked, est en grande partie basé sur ma propre vie. Dans sa personnalité se retrouvent aussi des traits de caractère de ma mère ou de ma sœur qui s’appelle elle-même Orked

Dans le film, la jeune Orked est un peu différente des autres enfants et reste souvent à l’écart. Ce personnage semble pourtant représenter pour vous un idéal de jeune fille malaise. Peut-on vraiment rencontrer de telles jeunes filles en Malaisie ?

Bien sûr ! De nombreuses « Orked » existent en Malaisie, il faut juste aller aux bons endroits pour les rencontrer. Je pense que de nombreuses femmes au pouvoir aujourd’hui en Malaisie sont des Orked qui ont grandi…

Dans vos films précédents, vous traitiez de thèmes forts comme l’opposition entre la Malaisie rurale et urbaine (Rabin), l’amour interculturel (Sepet) ou la tolérance religieuse (Gubra). Dans Muksin, vous racontez l’histoire belle et innocente d’un premier amour. Qu’est-ce qui vous a conduit vers ce sujet ?

Le point de départ de ce film est un poème de Wislawa Szymborska intitulé « First Love » où il est dit que le premier amour est souvent moins tumultueux et passionné que les suivants mais que c’est pourtant celui dont on se souvient toute sa vie. Quand j’ai lu ce poème, je me suis tout de suite souvenue de Muksin, ce garçon de douze ans que j’avais connu lorsque j’avais moi-même dix ans.