Louis Julien Petit (2021) France 1h37 avec Audrey Lamy, François Cluzet, Chantal Neuwirth
Cathy qui n’a jamais pu ouvrir un restaurant accepte par nécessité un poste dans la cantine d’un foyer d’accueil de jeunes migrants
Une comédie sociale chorale pétillante et attachante.
À ce stade-là, on se doit de vous préciser que La Brigade est un film de Louis-Julien Petit, le réalisateur de Discount et des Invisibles… Cela ne vous mets pas la puce à l’oseille ? Évidement le scénario ne se limitera pas aux tribulations culinaires d’une maître queux. Tout cela n’est que la mise en bouche d’une comédie non seulement bien relevée mais intelligente, pleine d’arômes et de subtilités, et bien ancrée dans les réalités de son époque. Sous la comédie s’écrit la fable, derrière les têtes d’affiche s’avancent ceux qui vivent dans l’ombre de nos républiques……Au delà des acteurs, tous formidables, il y a tous les jeunes comédiens en herbe, Mineurs Non Accompagnés, déjà écorchés par la vie, drôles et vibrants, immensément touchants. Leur présence donne une intensité d’autant plus puissante au scénario. Utopia
Comme souvent avec ce type de comédie sociale en général et avec le cinéma de Louis Julien Petit en particulier, il émerge de La brigade, une belle générosité et une grande énergie. L’engagement est total, et l’envie, en chorale, de jouer est manifeste. Il s’agit bien d’un collectif, qui dans les codes classiques de la rencontre va se nourrir à tout point de vue d’ailleurs dans le film, pour proposer au final quelque chose qui va les dépasser, les sublimer.
Le réalisateur
Louis-Julien Petit a travaillé pendant plus de dix ans comme assistant réalisateur sur une trentaine de longs-métrages, Fin janvier 2014, il termine le tournage de son premier long-métrage, Discount, qui raconte l’histoire d’employés d’un magasin discount prenant la décision de créer un commerce équitable à partir de produits jetés par la grande distribution,
En 2015, Louis-Julien Petit tourne pour Arte son deuxième long métrage, Carole Matthieu avec Isabelle Adjani et Corinne Masiero7,8. ce drame met en scène une femme médecin du travail face au mal-être au travail poussé à son extrême.
Début 2019, il connait un grand succès avec Les Invisibles un nouveau film engagé sur la précarité, à travers le quotidien d’un centre d’accueil pour femmes SDF.
L‘interview
Qu’est-ce qui a déclenché l’écriture de ce film ?
Louis-Julien Petit : Ma productrice Liza Benguigui et ma scénariste Sophie Bensadoun ont passé du temps dans le sud-ouest de la France, dans un cours de cuisine pour des mineurs étrangers et non-accompagnés. Ce sont des jeunes migrants arrivés en France et qui ont envie d’apprendre la cuisine. Tous ceux qui suivent ce cours ont leur diplôme et parviennent à obtenir leurs papiers de cette manière. Je me suis dit qu’il y avait peut-être un film à réaliser avec, d’un côté ces secteurs en pénurie que sont la cuisine et l’agriculture, et de l’autre ces jeunes immigrés. Je voulais me servir de la gastronomie française pour créer un lien et porter le débat.
Pourquoi avoir choisi de faire jouer des mineurs non-accompagnés ?
Louis-Julien Petit : Un réalisateur recherche la crédibilité dans chaque scène, et donc des acteurs capables de faire oublier le texte. Quand on traite de certains sujets, délicats comme celui-ci, il faut viser la vérité, encore plus que la sincérité. D’ailleurs, les jeunes n’avaient pas lu le scénario, ils ne connaissaient quasiment pas les scènes. Je voulais que leur jeu dégage de la vie et de la force, face à des acteurs professionnels qui, eux, connaissaient le fil de la narration.
Comment la rencontre avec ces mineurs s’est-elle déroulée ?
Louis-Julien Petit : 300 jeunes ont passé des auditions, j’en ai rencontré 100 et 50 ont été choisis pour intégrer le film. Je cherchais des personnalités, pas des histoires ou des trajectoires.