« Le Diable n’existe pas » lundi 26 septembre horaire avancé 20h

Mahammad Rasoulof (2021) Iran 2h32 Avec Ehsan Mirhosseini, Shaghayegh Shourian, Kaveh Ahangar

Iran, de nos jours. Heshmat est un mari et un père exemplaire mais nul ne sait où il va tous les matins. Pouya, jeune conscrit, ne peut se résoudre à tuer un homme comme on lui ordonne de le faire. Javad, venu demander sa bien-aimée en mariage, est soudain prisonnier d’un dilemme cornélien. Bharam, médecin interdit d’exercer, a enfin décidé de révéler à sa nièce le secret de toute une vie. Ces quatre récits sont inexorablement liés. Dans un régime despotique où la peine de mort existe encore, des hommes et des femmes se battent pour affirmer leur liberté.

Mohammed Rasoulof blâme alors avec brio et poésie la situation alarmante de son pays, condamné par son régime à vivre dans l’oppression, la peur et la révolte. Film humaniste, poignant et lumineux, Le Diable n’existe pas s’inscrit ainsi parmi les nombreux chef-d’œuvre, cherchant à prouver toute la beauté que l’Iran peut nous offrir

Subtilement, un personnage, un événement, un décor, un souvenir relie chaque histoire aux autres et l’ensemble compose, par petites touches, un magnifique portrait de l’Iran moderne, tiraillé entre ses contradictions, la richesse inépuisable de sa culture, l’intransigeance de son système totalitaire. Et c’est plus largement notre humanité profonde que sonde le réalisateur avec toute l’acuité que nécessite le projet et toute la poésie que renferme son cinéma. Claires, limpides, la fluidité et l’ampleur de sa mise en scène font s’entrechoquer les destins avec juste ce qu’il faut de violence ou avec infiniment de douceur, selon ce que les situations exigent. Partagé entre le pur plaisir de suivre le récit d’un extraordinaire raconteur d’histoires et l’intelligence vivace que son propos mobilise, on quitte à regret l’Iran de Mohammad Rasoulof. Tout à la fois émerveillé, étranglé d’émotion et plus riche d’un partage d’une rare intensité. Utopia

Mohammad Rasoulof

C’est après des études de sociologie puis de montage cinématographique qu’ il collabore avec Abbas Kiarostami. En 2002, à l’âge de 30 ans, il réalise son premier long métrage, Gagooman. « La vie sur l’eau » en 2005 qui apporte une vision cruelle et désenchantée sur la société lui vaut des ennuis avec la censure iranienne des peines de prison suivent pour actes et propagande hostiles à la République Islamique d’Iran et des interdictions de sortie du territoire. Loin de le faire taire, cela l’a conduit à être de plus en plus explicite dans sa dénonciation, via ses films, du régime politique de son pays Malgré les condamnations, malgré la confiscation de son passeport, malgré les interdictions, il réussit à réaliser des films qui trouvent un excellent accueil dans les plus grands festivals de la planète, les récompenses les plus importantes étant le prix de la mise en scène de la sélection « Un Certain Regard » pour Au revoir en 2011, et le prix « Un Certain Regard » pour Un homme intègre en 2017. Toutefois, la récompense la plus prestigieuse, c’est en 2020, avec Le diable n’existe pas, que Mohammad Rasoulof l’a obtenue : l’Ours d’or de la Berlinade, l’équivalent de la Palme d’Or au Festival international du film de Berlin. Une récompense que le réalisateur a été dans l’impossibilité de recevoir en main propre, n’ayant pas la possibilité de quitter son pays. C’est à sa fille Baran, par ailleurs actrice dans ce film, que la récompense a été remise.