Sissel Morell Dargis (2013) Brésil, Danemark 1h33| avec: Sissel Morell Dargis
Dans les airs flotte une sphère lumineuse composée de milliers de carrés de papier multicolores. Balomania est la chronique d’une pratique clandestine à la logistique complexe, se tramant entre le sol et le ciel brésilien : la fabrication, le lancement et la chasse aux ballons à air chaud. Des évasions éphémères, délicates, comme l’auto-détermination qu’elles incarnent.
Un documentaire fascinant, incroyablement tendre.

Balomania est à la fraternité, avec la liberté de chercher le beau et l’absurde au même endroit. Ces hommes sont tous de rudes costauds couverts de tatouages, mais ils partagent le même amour inconditionnel pour l’opération consistant à coller ensemble des bouts de papier et de soie pendant des années pour orner de figures, de formes et de visages (par exemple Rocky ou 2Pac) des ballons parfois aussi hauts que des immeubles. Il y a des compétitions et des gangs qui s’affrontent, mais l’objectif est de créer le ballon le plus gros et le plus beau, de le lancer, de le regarder illuminer le ciel et de suivre son parcours dans les airs.

Traqués par la police, sous le coup d’une loi qui devient d’année en année de plus en plus sévère, les baloeiros semblent le dernier bastion de la liberté et de la ferveur pour la beauté à grande échelle, la dernière bulle utopique, un trou d’air dans le monde capitaliste. Ciné Europa
La réalisatrice
Sissel Morell Dargis a réalisé des courts-métrages à l’École internationale du cinéma et de la télévision de Cuba (EICTV), Balomania est son premier long-métrage documentaire. Elle a mis des années à le réaliser. Au début, on voit que les baloeiros sont réticents, aussi peu certains que nous les spectateurs de ce que cette jeune femme danoise munie d’une caméra peut bien attendre de cette communauté secrète d’hommes dont la passion est jugée illégale par l’État. En établissant progressivement des liens de confiance franchement incroyables, Dargis nous embarque dans un voyage que la plupart d’entre nous n’auraient jamais imaginé, révélant des espaces de pure joie, de créativité scintillante et de dévouement utopiste à l’art pour l’art, le tout dans ce qu’on appelle les « bas-fonds ».