Sandhya Suri (2024) Avec Shahana Goswami, Sanjay Bishnoi, Sunita Rajwar 2h08 Inde
En Inde , Santosh, jeune policière enquête sur le meurtre d’une jeune fille de caste inférieure.
Ce polar féministe est un voyage émouvant, réaliste et sensible

L’enquête menée par Sharma et Santosh va permettre à cette dernière de prendre conscience, petit à petit, de la difficulté d’être une femme dans un milieu policier très machiste ainsi que des comportements douteux que certaines policières, elle y compris, se sentent obligées d’adopter pour arriver à « exister » au sein de cette institution. Comme le dit Sharma à Santosh pour expliquer un mensonge par omission qu’elle a commis, « il y a 2 sortes d’intouchables, ceux qu’on ne peut pas toucher et ceux qu’on ne doit pas toucher ». Pour ce film résolument féministe, Sandhya Suri a choisi une approche très sobre, avec, en particulier, une absence de musique d’accompagnement sauf sur le générique de fin, les seules musiques qu’on entend, des chansons de films Bollywood, étant celles qu’écoutent les protagonistes dans la voiture. Concernant l’interprétation, on ne peut que louer ce que nous offrent Shahana Goswami et Sunita Rajwar, d’une grande justesse dans les rôles de Santosh et Sharma. Jean Jacques Corrio
Santosh Saini est affectée dans un village du nord de l’Inde. Il s’agit de la fameuse « ceinture des vaches » de l’Inde, la région rurale la plus défavorisée du pays, connue pour ses divisions entre castes et communautés, sa corruption, ses magouilles politiques, son manque de respect de la loi et ses brutalités policières. Elle se retrouve bientôt plongée dans le tourbillon de la politique locale et des jeux de pouvoir, objet d’une misogynie désinvolte et d’un mépris cynique pour les plus pauvres et les plus vulnérables, ceux qui se trouvent au bas de l’échelle des castes et des hiérarchies communautaires de l’Inde. Vaiju Naravane
La réalisatrice
Sandhya Suri est née en Angleterre, et grandi à Darlington, dans le nord du pays. Son père, Yash Pal Suri, était un médecin immigré d’Inde. Après son baccalauréat , Sandhya a reçu une bourse pour étudier le documentaire à la National Film and Television School. Son film de fin d’études « SAFAR » a obtenu de nombreuses récompenses Actuellement basée à Londres, elle a vécu en Allemagne, en Inde et au Japon et a travaillé sur des projets documentaires en Afrique, en Amérique du Sud et en Polynésie. Santosh est son premier film de fiction
L’interview de la réalisatrice
Que vouliez-vous raconter de cette violence envers les femmes au sein de la société indienne ?
Je ne fais pas des films pour dire les choses mais pour explorer, comprendre des enjeux et poser des questions. La violence était mon point de départ, et notamment la violence qui touche de façon disproportionnée les femmes appartenant aux castes les plus modestes. Cela m’a menée vers toute une mosaïque de choses qui composent la société indienne : la misogynie, le système de castes, la violence, la corruption… Mais il ne s’agissait pas de pointer doctement chacun de ces « gros » sujets. Je voulais faire un film qui se déroule dans un espace, un lieu où toutes ces choses coexistent, flottent dans l’air. Et qui pose ensuite la question de ce que cela peut avoir comme effet sur une personne qui se retrouverait soudainement dans cet espace. Que lui arrive-t-il lorsqu’elle est exposée à tout cela ?
Comment avez-vous écrit le film pour garder une grande cohérence alors que précisément, vous parlez de beaucoup de choses différentes, que ce soit la religion, les violences faites aux femmes, ou encore les inégalités socio-économiques ?
Je n’aime pas les choses didactiques. Ce n’est pas ma vision du cinéma. Je me suis donc concentrée sur le lieu [de l’action]. Un endroit merdique, où tout le monde se comporte comme ça et où toutes ces injustices paraissent normales. Une ville dégueulasse périurbaine, semi-rurale. J’y ai placé mon personnage principal pour voir comment elle allait survivre et se développer. J’ai toujours su que j’allais tout raconter par son prisme à elle.