Fabián Bielinsky (2000) Argentine 1h54 Avec Ricardo Darín, Gaston Pauls, Leticia Brédice
Buenos Aires, deux arnaqueurs sympathiques s’associent pour voler une planche de neuf timbres rarissimes appelés les Nueve Reinas……
Captivant, cocasse: un divertissement virtuose et récréatif.

Les neufs reines c’est un excellent polar sur le thème de l’arnaque à tiroirs, avec une énergie et une sensualité toute latines en prime, un petit côté presque « comédie à l’italienne » très réjouissant. C’est parfaitement ficelé, très intelligemment manipulateur, et mené par un impeccable duo d’acteurs: Ricardo Darin, l’hidalgo classieux et vénéneux, et Gaston Pauls, le faux naïf craquant, ils sont vraiment très bien. Un vrai plaisir à savourer et à faire partager, mais pour ça il ne faut surtout pas trop en dire et surtout pas raconter la fin ! Utopia
Qu’il est bon de se faire retourner dans tous les sens par un scénario ingénieux ! Sans exagération, Les neuf reines est bien le digne héritier des films comme L’arnaque, Les arnaqueurs de Frears ou Usual Suspects. Fabián Bielinsky, dont c’est le premier film, construit une histoire sans failles qu’il est jouissif de revoir plusieurs fois afin de déceler les moindres détails susceptibles d’anticiper le coup de théâtre final. Très bien joué, bien maîtrisé dans sa réalisation (certaines scènes furent tournées en caméra cachée), Les neuf reines fait montre d’un sympathique culot que l’on aurait tort d’ignorer. Avoir à lire
Le réalisateur
Fabián Bielinsky a commencé à faire des films en 1972, alors qu’il n’a que treize ans. Il grandi sous la dictature militaire qui a pris le pouvoir en 1976 – période peu propice au cinéma argentin Au lycée à Buenos Aires il rejoint le groupe cinéma et réalise son premier court-métrage d’autres suivent qui lui ouvrent les portes de l’Institut Cinématographique
Nationale (Centro Experimental y de Realización Cinematográfica) Entré dans l’industrie cinématographique au moment de la chute de la dictature militaire et de la levée de la censure en 1983, Bielinsky travaille comme assistant réalisateur pour plusieurs grands noms du cinéma argentin, dont , Carlos Sorín . En 1996, Fabián Bielinsky remporte un concours de scénario
celui de LES NEUF REINES qu’il peut donc réaliser, le film rencontre un succès public et critique. En France il remporte le Grand Prix au Festival du film policier de Cognac (2002).
Steven Soderbergh réalise un remake du film en 2004, Bielinsky réalise son second long-métrage en 2005, EL AURA – toujours
avec Ricardo Darín dans le rôle principal. Alors qu’il devait présenter son film un mois plus tard au Festival International du Film d’Edinburgh, Fabián Bielinsky meurt d’une crise cardiaque le 28 juin 2006 à l’âge de 47 ans.
L’interview
Quelles ont été vos influences pour Les neufs reines?
J’ai toujours eu une prédilection particulière pour le cinéma narratif, qui s’appuie fortement sur l’histoire. Je ne crois pas que ce soit la seule façon d’aborder un film mais c’est en tout cas l’approche qui me procure toujours le plus de
plaisir. Ford, Hawks, Wilder, Hitchcock sont quelques-uns des nombreux cinéastes qui m’inspirent.
Si ce film avait été tourné aux États-Unis, il y aurait probablement eu des armes à feu, des accidents de voiture et des explosions. Le film n’utilise aucun de ces artifices.
Effectivement, cela nous ramène à l’idée de l’escroc qui opère sans violence physique. L’absence d’explosions ou de crashs n’était pas réellement intentionnelle, mais ces éléments ne me semblaient pas nécessaires pour connecter
le spectateur à l’histoire ou pour générer une dynamique haletante.
Considérez-vous ce film comme un simple divertissement ou faites-vous un commentaire social sur l’Argentine, voire le monde ?
Ces deux aspects sont intrinsèquement mêlés. Je savais que le public argentin allait lire le film comme un commentaire social sur le climat actuel (ndlr : le film a été produit en 2000). J’ai toujours pensé que le film, dans son ensemble, reflétait l’animosité des gens : l’idée que nous avons parfois que tout est mensonge, que la corruption règne et que la règle est « chacun pour soi ». Mais ma priorité était de raconter une histoire, de la manière la plus agile, la plus ingénieuse et la plus divertissante possible, et d’arriver à un film que le public prendrait plaisir à regarder. Le plus beau, c’est que ces deux intentions étaient claires pour le public argentin, qui a pu s’amuser en regardant le miroir que je leur ai tendu.
L’acteur

Issu d’une famille de comédiens, Ricardo Darin commence sa carrière sur les planches à l’âge de dix ans Il fait ses classes en alternant les films pour la télévision argentine et des rôles de jeune premier dans des soaps
Il obtient rapidement la reconnaissance populaire grâce à des rôles populaires et surtout, deux films qui lui vaudront le Condor d’argent du meilleur acteur, Le premier, El Mismo amor, la misma lluvia (1999) est une comédie sentimentale, le second un polar réalisé par Fabián Bielinsky Les Neuf Reines (2000), Son visage s’est durci, son nez aquilin et sa barbe de trois jours lui donnent un air sévère de « latino-macho » Cette transformation physique le voit camper des personnages différents, plus tourmentés, comme ce fils qui vit dans l’ombre de son père dans Le Fils de la mariée,. Il est également un détenu qui tente de s’évader du pénitencier de Buenos Aires dans La Fuga (2001). Il alterne drame (Kamchatka), comédies dramatiques (Luna de Avellaneda) ou polar (El Aura), son incarnation d’un taxidermiste qui planifie le crime parfait fait froid dans le dos. En 2005 après un drame sur une adolescente hermaphrodite, XXY, Ricardo Darin va s’essayer à la réalisation.
Son film, Le Signal, co-réalisé par Martin Hodara, est ancré dans un contexte politique particulier : les derniers jours de la vie d’Eva Peron, première dame d’Argentine. Après cette tentative, il joue le père d’une jeune névrotique dans Amorosa Soledad. Il retrouve ensuite pour la quatrième fois le réalisateur Juan José Campanella, pour jouer en toute sobriété et subtilité le personnage principal de Dans ses yeux, Oscar du meilleur film. Après plusieurs rôles divers il est un religieux dans le film de Pablo Trapero, Elefante Blanco . Trois ans plus tard, Ricardo brille dans Les Nouveaux Sauvages, un décapant films à sketches.
Il s’illustre ensuite dans la comédie dramatique Truman et le thriller Koblic. En 2017, le comédien se glisse dans le costume du président argentin Hernán Blanco dans le thriller politique El Presidente, mis en scène par Santiago Mitre. Suivra Everybody knows d’Asghar Farhadi……