Andrea Di Stefano 2023 Italie 2h 03 Avec Pierfrancesco Favino, Linda Caridi, Antonio Gerard
Entrées aux tarifs du cinéma de Lamalou Les Bains
À Milan, Franco Amore, policier honnête, compétant, après 35 ans de bons et loyaux services, sans aucune anicroche, arrive à la fête surprise organisée par son épouse , la veille de son départ à la retraite. Un coup de fil de son supérieur va bouleverser le bon agencement de cette dernière nuit de travail.
Dans la veine des polars des années 1970, un grand rôle pour Pierfrancesco Favino: acteur charismatique

C’est aussi le film d’une ville. Là où Nostalgia était une radiographie de Naples, ici c’est le cœur noir de Milan, qui palpite seulement la nuit, qu’on ausculte avec appréhension. Le son semble reprendre des pulsations cardiaques, tout à la fois ceux de Favino, pris dans un étau, mais aussi de cette ville qui enferme tous les protagonistes dans une course effrénée. Ici encore le schéma est très classique, et L’ultima notte di Amore ( titre original du film) suit les épreuves imposées, de la course poursuite, du règlement de compte et de la confrontation finale où seul le plus malin a une chance de s’en sortir. Dans la grande tradition du film noir …..Andrea di Stefano réussit un film très plaisant, avec beaucoup de rythme et une qualité d’écriture notable qui permet à Favino d’être au meilleur de sa forme. Bleu du miroir
Formellement le film est une réussite totale. Le prologue consiste en un somptueux plan séquence nocturne lors duquel la caméra survole la ville tentaculaire de Milan (personnage à part entière du film) en passant par la somptueuse place du Duomo pour pénétrer dans l’appartement de Franco, non sans s’être longuement attardée aux alentours de la gare et des rails enchevêtrés. Ce prologue est absolument magnifique. Ajoutez à cela une musique étrange, comme un souffle haletant qui accentue déjà la tension. La partition pourra se faire beaucoup plus emphatique par la suite ajoutant encore de la tension à la tension qui d’ailleurs faiblira peu tout au long du film.

Le réalisateur
Andrea Di Stefano est un acteur, scénariste et réalisateur italien né à Rome le 15 décembre 1972. Après un bac scientifique et deux ans à la faculté de Rome, il part à New York étudier à l’Actors studio. Il obtient son premier grand rôle dans Il principe di Homburg de Marco Bellocchio (1997). Depuis il a enchaîné plus d’une vingtaine de rôles au cinéma comme à la télévision.
L’ultima notte di Amore(Dernière Nuit à Milan, 2023) est son troisième long-métrage, après Paradise Lost (2014) et The Informer (2019).
L’interview
Comment avez-vous eu l’idée de ce film ?
C’est venu au cours d’une discussion avec un policier. Il m’a montré les papiers d’un procès, et m’a dit que sur cette scène de crime, il savait qu’un de ses collègues était impliqué. Il disait « J’ai regardé dans les yeux de mes collègues pour voir qui était coupable ». Ce moment, c’est un moment de suspense, de frisson. Quelqu’un qui se cache devant tout le monde. L’idée m’est venue comme ça. Ensuite, j’ai fait de la recherche à Milan pour un autre projet, et en parlant avec des policiers de cette ville j’ai découvert cette partie fascinante de la ville qui est que tout le monde est criminel : tout le monde fait du business.
Vous avez réussi à vous infiltrer dans ces milieux ?
Oui, maintenant j’ai beaucoup de copains qui m’aident à y rentrer : des policiers ou des ex-criminels qui ont gardé des contacts. J’ai eu du mal à intégrer la communauté chinoise, mais avec mon équipe, on a vu que c’était comme chez nous : quatre générations qui habitent dans la même maison, tout le monde mange ensemble. Les Chinois étaient très contents qu’on s’éloigne des stéréotypes, qu’on leur donne de la vitalité. Ils trouvaient qu’au cinéma, on les représentait toujours tristes de ne pas s’être intégrés. Ils ont trouvé que la vie de notre film les représentait beaucoup plus. L’un d’eux m’a dit « je travaille en Italie depuis 30 ans, je n’ai jamais été arrêté par la police mais tu me vois comme un criminel. » Ça m’a tellement marqué que je l’ai mis dans le film.

Pierfrancesco Favino
Né le 24 août 1969 à Rome, Pierfrancesco Favino ,après une formation à l’Académie nationale d’art dramatique et des débuts au théâtre, Pierfrancesco Favino apparaît au cinéma en 2001 dans Juste un baiser de Gabriele Muccino: son premier grand succès.
Ses prestations remarquables dans Romanzo criminale (2006) de Michael Placido et de Tommaso Buscetta dans Le Traître (2019) de Marco Bellocchio, en font un des acteurs les plus en vue de sa génération
Sa filmographie est impressionnante dont ses dernières prestations dans Maria de Pablo Larrain, Le comte de Monte-Cristo…
L’interview
Qu’est-ce qui vous a poussé à accepter le premier rôle d’un polar ?
Pierfrancesco Favino : Ça fait longtemps que l’Italie a abandonné le polar, or j’aime beaucoup ce genre-là. Et puis je connaissais bien le réalisateur Andrea Di Stefano, qui m’a donné la réplique sur un film. Son scénario m’a immédiatement séduit : il y a comme un mélange entre néoréalisme italien et film de genre, ou plutôt « spaghetti noir » comme le décrit si bien Andrea.
Voyez-vous un point commun entre ce rôle et ceux que vous avez tenus chez Marco Bellocchio ou Mario Martone ?
Il y a surtout une différence notable : ici, j’incarne un homme du peuple. Lorsqu’on met en scène un certain milieu social, on peut vite tomber dans une démagogie qui voudrait que les héros soient forcément des gens bien. C’est un risque que j’avais constamment en tête : faire en sorte qu’on ne juge pas mon personnage, ni qu’on l’enjolive maladroitement.
Au regard de l’intense scène d’action qui fait le sel du film, comment avez-vous vécu ce tournage ?
On a tourné presque entièrement de nuit, pendant 11 semaines. Cette fameuse scène était très éprouvante, car elle a été tournée sans effets spéciaux : on a tout fait à la manière des années 1970. Mais j’ai eu comme une impression de facilité, sans doute grâce à ma partenaire de jeu, Linda Caridi. Elle apporte beaucoup au film. J’aime le couple qu’on forme à l’écran, un couple tout à fait amoureux, sans verser dans le romantisme. J’y vois quelque chose de la comédie italienne.
Vous parlez très bien français. Quel est votre rapport à notre cinéma hexagonal ?
J’ai toujours adoré le cinéma français et je continue ! J’ai grandi avec certains acteurs, qui ont beaucoup joué dans mon propre désir, je pense par exemple à Philippe Noiret. Plus récemment, j’ai été très impressionné par Benoît Magimel. Je le trouve incroyable. Et il y en a plein d’autres… Ce qui est sûr, c’est que j’aimerais qu’on collabore davantage. Jusqu’aux années 1970, il y avait une vraie tradition d’échange entre la France et l’Italie…