Kim Ki-duk (2005) Corée 1h30 Avec: Lee Seung-yeon, Jae Hee, Kwon Hyuk-ho
Tae Suk s’installe dans des logements vides en n’en prenant soin. Mais un jour une locataire est déjà là……
On reste longtemps sous le charme de cette fable cruelle et tendre.

On retrouve dans ce film (cette fois réellement le dernier dans la chronologie) les thèmes chers à Kim Ki-duk : la soumission de la femme au point de la rendre muette (L’ÎLE), la corruption et la violence des policiers (THE COAST GUARD), la vengeance aveugle (SAMARIA). Mais là où les dénonciations du réalisateur tendaient invariablement vers un dénouement sordide, elles s’offrent ici un emballage lyrique et, somme toute, joyeux. Kim Ki-duk ne va pas jusqu’à être optimiste (la vie est encore faite de compromis), mais LOCATAIRES est sans doute son premier film « apaisé ». Le brio de sa mise en scène (qui lui a valu le Lion d’Argent du meilleur réalisateur au festival de Venise 2004) souligne ainsi le renouveau de son humeur, empreint d’humour, de romantisme et de poésie. Un nouvel épisode entre rêve et réalité. L’oeuvre de la maturité, comme on dit…Fiches du cinéma
Locataires c’est le rêve de ne pas parler et celui de disparaître de l’espace ou plutôt de s’y creuser un trou afin de s’y cacher……Locataires est probablement le meilleur film de Kim Ki-Duk et on en ressort comme revivifié. Comme souvent le réalisateur arrive à maintenir un étrange équilibre entre gravitée, violence et comique. Locataires c’est la bonne surprise de ce début d’année qui confirme que Kim Ki-Duk est un grand réalisateur. Foncez voir ce film qui est tendre pour les deux personnages muets en particulier si vous aimez le cinéma de Kim Ki-Duk et de toute façon si vous rechercher le frisson de découvrir un film habité. Laurent Berry
Le réalisateur

Né en 1960 il travaille dans différentes usines avant de rejoindre les marines pour effectuer son service militaire et ensuite envisage de devenir pasteur. Il vient en France en 1990. pour étudier la peinture à Paris puis expose dans divers pays européens.
Trois ans plus tard, de retour en Corée, il suit des cours de scénario, écrit son premier scénario et remporte de nombreux prix . Son premier long métrage, Crodile (1996) séduit le public coréen d’. Le réalisateur renoue avec la France pour Wild animal (1997) en donnant un rôle à Richard Bohringer. Avec Birdcage Inn (1998) et L’île (2000), Kim Ki-Duk persiste à ne pas utiliser de vedettes reconnues du cinéma coréen, et découvre de jeunes acteurs.
Suivront de nombreuses réalisations dont les plus remarquables sont la fable initiatique Printemps, été, automne, hiver …et printemps (2003) puis le drame Samaria (2004), Ours d’argent au 54e Festival International du Film de Berlin et Locataires (2004) , Lion d’argent au 61e Festival International du Film de Venise enfin Entre deux rives en 2016 Il décède en 2020
« J’ai une idée obsessionnelle, obstinée, du cinéma en tant que mélange de tension, de crise, de paix, d’ironie et de destruction. Pour moi le cinéma, c’est tout cela à la fois.«
Interview sur son séjour dans notre région
En premier lieu, j’aimerais que vous me parliez de votre séjour en France. C’est devenu un vrai mythe, chacun a sa version. On dit beaucoup de choses comme le fait que vous ayez fait les beaux-arts de Paris, quelle est la part de vrai ?
Déjà le fait que j’aie été à l’école des beaux-arts n’est pas vrai du tout. Pour moi, aller en France, n’était pas pour les études, mais une sorte d’évasion. Comme j’avais beaucoup d’argent, je suis allé en France avec un visa tourisme, et j’ai continué à voyager et dormir dans les hôtels. Je me suis installé au Cap d’Agde où j’ai passé à peu près un an. Pour gagner de l’argent, je peignais le portrait des gens dans la rue et j’exposais aussi des toiles que j’avais peintes par envie et amenées avec moi. J’ai voyagé en Europe de cette façon, en exposant mes tableaux dans la rue. J’ai voyagé comme ça pendant à peu près un an de plus.
J’aimerais savoir ce qui vous a amené au cinéma
Je n’avais pas de dispositions particulières pour le cinéma. Ma première rencontre avec un film, s’est passé à ce moment à la Grande Motte près de Montpellier, c’était Le Silence des agneaux, puis j’ai vu l’Amant à Avignon, et après le film de Léo Carax Mauvais sang à Paris. C’est à peu près à ce moment là que j’ai commencé à m’intéresser au cinéma. Après je suis rentré en Corée et j’ai commencé à écrire des scénarios. Voilà l’itinéraire qui m’a amené au cinéma. Je n’ai jamais appris à l’école comment faire, parce que je n’ai jamais été à l’école. Par contre, j’ai une fois à Montpellier appris à peindre à un vietnamien.