Fiona Gordon, Dominique Abel (2017) Belgique 1h23 Avec les réalisateurs et Emmanuelle Riva, Pierre Richard
Fiona, bibliothécaire canadienne, débarque à Paris pour venir en aide à sa vieille tante en détresse. Mais Fiona se perd et tante Martha a disparu. C’est le début d’une course-poursuite dans Paris …..
Une merveilleuse comédie burlesque, poétique, émouvante
Le film porte bien son titre et se révèle un superbe hommage à Paris, son architecture unique, son fleuve (tout se passe essentiellement sur ses berges de la Seine), la liberté des Parisiens avec une scène géniale sur les poutrelles de la Tour Eiffel : clin d’œil très clair aux génies du burlesque, Keaton, Chaplin ou Harold Lloyd qui ont de leur côté célébré leurs villes respectives, New York ou Los Angeles. L’art clownesque funambule d’Abel et Gordon est ici complété par le jeu magnifique d’un couple de légende du cinéma : Emmanuelle Riva déjà citée et Pierre Richard, qui nous livrent au passage une belle leçon sur le temps qui passe… Et la scène finale prend une saveur toute particulière après la disparition de la splendide Emmanuelle. Utopia
Ceux qui connaissent l’univers d’Abel&Gordon ne seront pas déçus pas leur comédie parisienne, tant leur veine ne se tarit pas. Quant aux autres, c’est toujours le bon moment pour prendre leur filmographie en route. C’est que leurs films jamais très longs métrages n’ont pas vraiment de date de péremption. Même si celui-ci aura vu Emmanuelle Riva s’en aller sur la pointe des pieds nus. la libre.be
Si l’époque vous parait morose, si, comme le montre une étude récente, vous ne passez plus, en moyenne, qu’une minute par jour à rire, alors que 10 à 15 minutes de rire par jour vous permettraient de vous maintenir en bonne santé, il y a une solution dont on se demande pourquoi elle n’est pas remboursée par la Sécurité Sociale : se précipiter vers la salle de cinéma la plus proche de chez vous ayant Paris pieds nus à l’affiche. Non seulement, il vous sera impossible de ne pas éclater de rire à intervalles réguliers, mais en plus vous serez touché par la poésie et le charme que dégage ce film ainsi que par la magnifique prestation d’Emmanuelle Riva dans un de ses derniers rôles. Jean-Jacques Corrio –
Ce qui caractérise avant tout le cinéma d’Abel et Gordon est la façon dont tout (même l’érotisme) y est tendu vers la danse, jusqu’à nous offrir à chaque fois de belles scènes chorégraphiques (ici, un formidable tango sur un bateau-mouche). Le danger du burlesque est de sombrer dans l’artificialité ou la poésie mièvre. Abel et Gordon en sont conscients, et ils n’hésitent pas à contrebalancer leur gentillesse par un peu de cruauté ou de malaise, comme dans cette scène où un éloge funèbre déraille jusqu’à se terminer par des insultes. Et ils assument leur raideur en la frottant parfois à un peu de trivialité. Dans leur nouveau film, ils se permettent de filmer certaines scènes au milieu de la foule, y compris dans le métro, ce qui ne fait que souligner l’incongruité totale de leurs personnages Libe
Les réalisateurs
Duo de comédiens et réalisateurs composé par le Belge Dominique Abel, né en 1957 à Thuin, et la Canadienne Fiona Gordon, née en 1957 à Melbourne.
Anciens élèves de l’école parisienne de théâtre Jacques Lecoq où ils se rencontrent au début des années 1980, Dominique Abel et Fiona Gordon se font d’abord connaître par leurs créations théâtrales. Ils réalisent ensuite trois courts-métragesavant de passer au long-métrage avec « L’Iceberg » (2005) co-réalisé avec Bruno Romy. Dans le sillage du cinéma burlesque des premiers temps et de ses héritiers français (Jacques Tati, Pierre Étaix), le duo comique belge déploie un univers filmique clownesque qui réinvente le réel à travers la poésie du corps comme dans « Rumba » et « La Fée » .Dans « Paris pieds nus » Emmanuelle Riva fait sa dernière apparition au cinéma.
Leur dernier film « L’étoile filante »sorti en 2024 est un polar clownesque.
L’interview
Paris Pieds Nus propose un sous-texte social évident : Dom est un SDF, Emmanuelle Riva joue une vieille dame délaissée qui risque de se retrouver expulsée de son appartement. Mais ces personnages, quoi qu’il arrive, gardent toujours leur dignité, ne se comportent jamais en victimes.
Dominique.Abel. : C’est un état clownesque : on tombe et on se relève. Il y d’abord une humiliation , puis on se relève en espérant que personne ne nous a vus tomber. Puis on repart plein d’espoir, on se reprend les pieds dans la même carpette et on retombe. Nous voulons parler de choses contemporaines qui nous touchent profondément. Mais il faut le faire avec autodérision. Je pense que nos personnages sont des icônes, des personnages de fables. Tout le monde sait que je ne suis pas SDF, on ne veut surtout pas faire un documentaire. C’est une nécessité pour nous d’aborder des sujets grave avec légèreté et humour.
Fiona.Gordon. : Nous avons envie de dire des choses, mais pas avec un marteau.
Les marginaux sont toujours au centre de vos intrigues. Est-ce que votre projet cinématographique serait de venger les marginaux, à l’instar des premiers films de Tim Burton, par exemple ?
F.G. : Il s’agit plutôt de les mettre à l’honneur. En fait, nous sommes tous marginaux d’une manière ou d’une autre. Il y a toujours quelque chose dont on a honte. Nous sommes tous inadaptés, nous vieillissons tous. On fait donc avec ce qu’on a et on aime ça : toute notre humanité est là-dedans.
D.A. : La beauté non-conventionnelle, non-conforme nous a toujours attirés. J’ai un jour dit, comme une vanne, que nous n’étions pas politiquement incorrects mais biologiquement incorrects !
F.G. : Un beau vase avec une craquelure est parfois encore plus beau grâce à sa craquelure.