Carine May, Hakim Zouhani (2022) France 1h34 Avec Rachida Brakni, Anaïde Rozam, Gilbert Melki, Raphaël Quenard Disiz. Photographie: Antoine Monod
Jacques Prévert, école primaire en Seine-Saint-Denis, est menacée par l’arrivée d’un nouvel établissement scolaire bobo-écolo flambant neuf. Zahia la directrice de l’école, en quête de mixité sociale, veut créer la première « école verte » de banlieue et attirer les nouveaux habitants…..
Une comédie drôle et finement politique.
La Cour des miracles est le deuxième long-métrage du duo formé par Carine May et Hakim Zouhani, qui, depuis dix ans, s’inspirent de leur ville d’Aubervilliers « que des fois on aime, et que des fois on déteste » pour raconter la formidable énergie, la créativité parfois bricolée mais toujours inspirée qui règne de ce côté-là du périph. C’est avec cette volonté de raconter le monde à leur porte qu’ils ont écrit et filmé cet épatant et chaleureux La Cour des miracles, en abordant un sujet de société sérieux et ô combien d’actualité avec une bonne humeur communicative…..Le tandem de cinéastes tricote à quatre mains un film positif, dénonciateur d’une situation dégradée en même temps que porteur d’optimisme et de promesses mondociné
Le titre du film prend alors tout son double sens. Figuré, lorsqu’il s’agit d’illustrer le grand chaos qui règne dans les établissements et l’improvisation de ces néo-professeurs envoyés dans le grand bain pour affronter des situations improbables. Au sens propre, pour mettre en lumière ce lieu des possibles où les bonnes volontés sont encore légions et où enfants et adultes ne cessent de surprendre et de réaliser de grandes choses en tirant tous dans le même sens. Parce que l’école, c’est avant tout ça : un lieu où chaque jour des petits miracles se réalisent, des enfants qui reprennent confiance, se découvrent des aptitudes insoupçonnées, s’affranchissent ponctuellement de leurs fardeaux intimes. Et où de nouveaux horizons se dégagent parfois, envers et contre tout.
Avec leur très sympathique La cour des miracles, May et Zouhani dressent, avec tendresse et lucidité, le terrible constat d’une école de la république à l’abandon. Perfectible mais avec un cœur immense. le Bleu du miroir
Les réalisateurs
Carine MAY est née le 19 août 1978. auteur, réalisatrice et productrice. Elle travaille en binôme avec Hakim ZOUHANI
Après son enfance et son adolescence passées à Aubervilliers, elle se lance dans des études de journalisme, puis dans la réalisation de documentaires. Elle vit toujours à Aubervilliers. Après avoir animé des ateliers radio et presse écrite avec les jeunes, elle décide de passer enfin à l’écriture et se colle à ses premiers scenarii. Sa ville l’inspire, et le quotidien de ses habitants la nourrit. « Rue des cités » (2011), c’est pour elle le premier bébé d’une aventure collective.
Hakim Zouhani, est né le 25 juillet 1978 à Aubervilliers (France), où il réside actuellement. Après avoir occupé différents postes techniques sur des tournages, il anime différents ateliers vidéo avec des jeunes issus des quartiers populaires. Il aime la transmission. L’envie l’anime depuis longtemps de raconter des histoires. Il se jette à l’eau avec « Rue des cités » (2011). Et décide en même temps de devenir producteur. il a coréalisé 3 courts métrages, avec Carine May La virée à Paname, Fais croquer, Chalon, remarqués et primés dans différents festivals en France et à l’étranger.
L’interview
La Cour des miracles est un film sur le vivre ensemble, sur une école et un monde à réinventer. Pourquoi vouliez-vous traiter de ça ? Le film est-il basé sur des choses entendues, des personnes rencontrées ? Des professeurs ?
Rachida Brakni (actrice) : Carine était prof. Et jusqu’à la fin du confinement, elle enseignait encore. Moi, j’ai rencontré mon personnage par exemple, Nadia existe. C’est une directrice d’école, qui est une femme incroyable, qui a une énergie folle et qui se démène tous les jours. Ces gens-là existent véritablement.
Carine May : Effectivement, j’ai été professeur des écoles pas mal de temps. J’avais plein d’anecdotes. Au-delà des anecdotes, en tant qu’enseignante, je voyais l’énergie des équipes, des collègues qui commençaient pour la plupart, mais même ceux qui s’approchent de la retraite, étaient plein d’énergie. A un moment, ils demandaient leur mutation parce que beaucoup venaient de Toulouse, de Nantes….En fait, ils s’éclatent mais ont besoin de retrouver leurs familles. Tous mes amis sont repartis en région et en fait je disais, et d’autres l’ont dit bien avant moi, la Seine-Saint-Denis, c’est une terre “brouillon”. En fait, les gens viennent s’entraîner et dès qu’ils deviennent performants, ils s’en vont et souvent ils sont hyper nostalgiques.
Le directeur de la photo
Antoine Monod né en 1972 fréquente dès son adolescence les salles obscures en particulier à Nice. Désireux de se former aux métiers du cinéma, il monte à Paris, échoue au concours d’entrée à l’École Louis Lumière avant d’être admis et d’effectuer de 1994 à1997 le cursus de cette grandes école de cinéma À la sortie il vivote en étant stagiaire image puis électro et assistant réalisateur sur des tournages puis se déclare chef opérateur et ça marche, il travaille sur des clips, est chef opérateur sur une vingtaine de courts métrages avant de rencontrer Rémy Besançon dont le premier film : « Ma vie en l’air » est bien accueilli avant le succès de « Le premier jour du reste de la vie » Directeur de la photo sur ces deux opus, sa réputation est faite. Il travaille alors avec des réalisateurs singuliers et importants comme Karim Dridi ou, plus tard, Grand Corps Malade.
Il rencontre sa future compagne : Olga et s’installe pour fonder une famille et un domaine viticole « Hors saison » à Caunas donc tout près de Bédarieux.
Il est le chef opérateur de « La Cour des miracles » film ouverture de ces 8em Automnales.