« L’une chante, l’autre pas » lundi 14 Octobre 18h15 et 20h30

Agnès Varda (1977) France 2h Avec Thérèse Liotard, Valérie Mairesse, Mathieu Demy                                                       

Deux amies : l’une Pauline (17 ans), rêve de devenir chanteuse. L’autre Suzanne (22 ans) s’occupe de ses deux enfants .La vie les sépare ; et chacune va vivre son combat de femme. ……

L’histoire d’une amitié indéfectible sur près de 15 ans. On y rit, on y pleure, on y chante ! 

Leur parcours est celui d’une émancipation sociale sur un ton joyeux qui n’élude pas pour autant les difficultés et déconvenues imposées par la réalité. Si les personnages féminins évoluent tout en souplesse au milieu des aspérités de la vie, le choix de la réalisatrice d’adopter un regard optimiste met en relief son propos lucide et combatif. Agnès Varda vise le naturel avec ses dialogues volontairement peu recherchés, affectant la spontanéité. Elle nous convie aujourd’hui à replonger dans une époque où souffle un vent de liberté, au milieu des robes à fleurs, des sabots et sautoirs hippies qui donnent à ce film une petite touche de bonbon bariolé. ( Culture au poing)

Agnès Varda ne raconte pas seulement l’histoire d’une amitié indéfectible, mais évoque plus d’une décennie de lutte féministe dans cette prodigieuse comédie. «Prodige, car ici le discours politique n’est pas plaqué sur le récit, mais chevillé à l’existence des personnages, soudé à leurs émotions et à leur intimité les plus profondes (…). Ses dernières images sont consacrées aux enfants, à ces filles qui devront un jour reprendre la lutte au point où leurs mères l’ont menée. Idée d’une continuité bouleversante, où réside peut-être le véritable sujet du film» (Mathieu Macheret, Le Monde, 2018).

Agnès Varda

Née à Ixelles (Bruxelles) en 1928, Agnès Varda passe sa petite enfance en Belgique avec ses quatre frères et soeurs. La guerre en 1940 pousse la famille jusqu’au sud de la France. Adolescence à Sète puis à Paris


En 1949, Agnès Varda rejoint en Avignon le Sétois Jean Vilar, qui créa deux ans plus tôt le célèbre Festival de théâtre. Se faisant connaître grâce à ses clichés de Gérard Philipe ou Maria Casarès, elle choisit deux acteurs du TNP, Silvia Monfort et Philippe Noiret (débutant au cinéma) pour son premier long métrage, La Pointe courte, monté par le jeune Resnais. La Pointe courte, qui lui vaudra plus tard le titre de « Grand-mère de la Nouvelle Vague ».

Adepte du coq-à-l’âne, du collage et du calembour, Agnès Varda sait aussi se faire le témoin de son époque, évoquant les luttes féministes dans L’Une chante, l’autre pas ou la condition de ceux qu’on ne nomme pas encore SDF dans Sans toit ni loi : au terme d’un tournage éprouvant pour la toute jeune Sandrine Bonnaire, le film remporte le Lion d’or à Venise. En sus parmi les 36 films écrits et réalisés par Agnès, alternant courts et longs, documentaires et fictions, les plus connus sont : Cléo de 5 à 7 (1961), Le Bonheur (1964), Jacquot de Nantes (1991), Les Glaneurs et la glaneuse (2000), Les plages d’Agnès (2008), Agnès de-ci de-là Varda (2011), Visages Villages (2017, co-réalisé avec l’artiste JR).

Elle consacre 3 films précis et précieux (dont Jacquot de Nantes en 1991) à son défunt mari Jacques Demy. Auréolée d’un César d’honneur pour l’ensemble de sa carrière en 2001, elle s’essaie ensuite à l’art contemporain à travers expositions et installations.

Paroles de la cinéaste

« Quand on me demande « Est-ce que c’est difficile d’être une femme dans le cinéma ? », je réponds que c’est surtout difficile de faire un cinéma radical. Personne n’a jamais dit « c’est pas mal pour une femme ». On dit : « c’est nouveau ou c’est pas nouveau », « elle s’est plantée », « c’est bien »… J’ai toujours tenue à être considérée comme cinéaste avant tout. Dans ma vie privée, oui j’ai été militante féministe bien sûr ! Mais je n’ai pas voulu faire un cinéma militant, mis à part avec le film L’une chante, l’autre pas, qu’on va restaurer d’ailleurs. Ce film racontait la lutte des femmes. Ce n’était pas seulement moi qui était militante, c’était surtout ce récit de la lutte pour le droit à la contraception qui me semble tellement évident, tellement scandaleusement évident que cela me paraît aujourd’hui encore aberrent que les femmes ont dû se battre pour l’avoir. Je ne vous parle même pas de l’avortement. »