« The quiet girl » lundi 7 octobre 18h15 et 20h30

Colm Bairéad  (2023) Irlande  1h36 Avec Carrie Crowley, Andrew Bennett, Catherine Clinch

 Irlande 1981. Chronique d’un été que passe chez de lointains parents une petite fille privée d’affection

                                             Un joyau discret, engageant et bouleversant     

                                                                              

Derrière le minimalisme de The Quiet Girl, qui préfère suggérer plutôt que dire, la belle retenue dont fait preuve le cinéaste irlandais Colm Bairéad est une force réelle pour sa tendre adaptation du roman Foster de Claire Keegan. Au plus proche de sa jeune protagoniste principale, incarnée avec grâce par Catherine Clinch, la caméra de Bairéad intègre çà et là ce qu’il faut de détails pour exprimer comment la vie de cette enfant se transforme loin de ses parents négligents, chez ces cousins éloignés qui lui témoignent cette gentillesse et cette affection dont elle a jusqu’alors manqué.

La simplicité (apparente) de The Quiet Girl est finalement ce qui lui confère une telle puissance émotionnelle. Soigneusement mis en scène et magnifiquement photographié, le long-métrage envoûte par sa délicatesse et sa fragilité, pour véhiculer la simple idée qu’un enfant a besoin d’amour et de dévotion pour grandir et s’épanouir. (Le bleu du miroir)

Dehors et dedans la mise en scène est riche de sororités et de silences. Le hors cadre de la séquence initiale sur le malaise familial montre la vie rurale en 1981 avant le « Tigre celtique »le boom économique des années 90. Certes désuni ; le couple parental indique l’inconfort de la famille trop nombreuse, signe de la mainmise de l’église catholique. L’éducation négligée des jeunes filles témoigne de la situation anachronique des femmes…..La gestuelle, le regard, l’image, la bande sonore raffinée, priment sur le dialogue. A l’épanchement est préférée la réserve la pause le non-dit, un montage elliptique. (Positif)

Adaptée d’une nouvelle de la célèbre autrice irlandaise, Claire Keegan, Les Trois Lumières (celles que l’on voit de l’autre côté du rivage lorsque Sean et Caít se retrouvent sur la plage après le dévoilement du secret), le film est d’abord un chef-d’œuvre par son écriture. Les dialogues de l’enfant sont d’une justesse étonnante et l’interprétation de la jeune comédienne troublante de vérité. Le réalisateur a fait le choix de ne pas quitter son héroïne et le monde nous est ainsi découvert par ses yeux. L’attention portée aux lumières, au souffle du vent dans les feuilles, à la vibration de l’air sur l’eau, aux couleurs se confondent avec le regard de cette enfant curieuse qui se cache sous son apparence figée et glacée. La caméra tantôt fixe, tantôt glissante, est un magnifique vecteur d’émotion dans ce premier long métrage qui en appelle d’autres. L’attention portée au décor, l’attrait pour les gros plans qui permettent de goûter pleinement les expériences sensibles du personnage sont un délice pour le spectateur. (Benshi)

 Le réalisateur: Colm Bairead

Né en 1981 son père le baigne dès son enfance et lui fait découvrir les plus grands réalisateurs. Après des études de cinéma, et une pratique amateur ,il réalise un court métrage  « His fathert’s Son (200() semi autobiographique, l’histoire d’un garçon du nord de Dublin qui a grandi dans un foyer bilingue ce qui est son expérience. Fort de cet apprentissage il réalise des documentaires travaille pour la télévision et passe au long long métrage de fiction avec The quiet girl . Militant de la promotion de l’irlandais  tous ses films sont dans cette langue.

                                                          L’interview du réalisateur :

Comment avez-vous découvert Catherine Clinch qui interprète Càit avec une finesse de jeu sidérante ?

Il nous a fallu 7 mois pour trouver cette jeune comédienne…Nous cherchions une interprète  dont la voix et la maitrise de la langue anglaise et irlandaise correspondait  à ce que nous avions en tête. Dans un premier temps nous avons sillonné le sud du pays ( parce que l’irlandais du film est un dialecte du sud) et nous avons procédé à des auditions libres. Mais aucune ne nous donnait l’impression de pouvoir supporter un tournage exigeant. Nous nous sommes rabattus sur des vidéos postées par des jeunes scolarisés dans les rares écoles irlandaises ou l’intégralité de l’enseignement est faite en langue locale, et nous avons découvert Catherine. Nous nous sommes tout de suite rendu compte qu’elle était exceptionnelle, tout ce qu’elle proposait dans les essais montrait une parfaite compréhension de la psychologie de Càit, c’est-à-dire les émotions qu’elle avait appris à refouler  et la réclusion mentale qu’elle s’était imposée.