Nessim Chikhaoui (2022) France 1h51Avec Shaïn Boumedine, Julie Depardieu, Philippe Rebbot
Elias a oublié sa carte d’identité, il ne peut passer les épreuves du concours d’entrée à Sciences Po. À la recherche d’un job, il devient éducateur dans une Maison d’Enfants à Caractère Social…..
Une Comédie sociale et chorale bienveillante et positive

Nessim Chikhaoui joue les équilibristes, en insufflant des moments de comédie, tout comme une sous-intrigue amoureuse qui pointe son nez dès les premières minutes . Le duo d’interprètes principaux apparaît ainsi d’autant plus séduisant, l’alchimie fonctionnant à merveille entre Shaïn Boumedine (le héros de la trilogie « Mektoub, my love ») et Nailia Harzoune (« Patients », « Chouf »). Placés » se révèle comme la première comédie sociale de l’année, enthousiasmante. Olivier Bachelard
Par son passé d’éducateur, le réalisateur propose des personnages crédibles, avec plus de profondeur, notamment grâce au talent des jeunes acteurs qui composent sa distribution. A travers les yeux d’Elias, le protagoniste, nous découvrons au fur et à mesure les problématiques auxquelles font face les éducateurs, et comment les liens avec l’équipe ou les jeunes se forment, ainsi que le bien-fondé de ce type d’établissement de protection de la jeunesse. Les doutes, l’attachement ou encore la peur de l’abandon des enfants, sont retranscrits avec justesse par un développement des personnages bien pensé. Très souvent, Elias se retrouve face à un autre personnage et ils prennent le temps de discuter, permettant ainsi d’étoffer individuellement tous les autres rôles en dehors des différentes scènes de groupe qui dynamisent le film. Une gestion du rythme assez admirable pour une première réalisation, qui ne nous détache jamais du film, alternant habilement entre les scènes sous tensions et celles plus humoristiques. Florian BZX
Jamais dans la surenchère, le réalisateur, qui a également signé le scénario avec Hélène Fillières (Un Homme pressé), cherche avant tout à lever le voile sur ces structures, les limites de l’accompagnement, la frustration que cela représente et la frustration des éducateurs lorsqu’ils n’arrivent pas trouver de solutions ou a donner un accompagnement qui puisse aider l’enfant. Car, avant tout, le film « Placés » rappelle tout de même que ce sont des « enfants », et que ce qui fait nos priorités ne peuvent, évidement, pas être les leurs et que le manque de stabilité, d’amour et de structure familiale solide, pousse ces jeunes à se révolter contre une vie qui ne leur donne pas beaucoup de vision sur leur avenir. Ajoutez à cela la sacrosainte opinion populaire qui n’hésite pas à brûler les ailes des anges avant de les entendre, et vous aurez compris toute la difficulté de ce travail d’éducateur dont on ne parle pas assez. Mickaël Lanoye
Le réalisateur

Nessim Chikhaoui est un enfant de Vigneux, à 27 ans le jeune homme décide de quitter le nid familial pour rejoindre Evry-Courcouronnes, la ville où il sera éducateur spécialisé pendant presque 10 ans.
Passionné par le cinéma depuis toujours et très attaché au pays d’origine de son papa, Nessim souhaitait raconter l’histoire du Printemps Arabe de la Tunisie. Lors d’une rencontre avec Philippe Mechelen, l’un des scénaristes du célèbre film «Les Tuche», le jeune cinéaste lui confie son souhait. L’auteur des Guignols de l’Info lui conseille alors de « prendre une feuille blanche, un stylo et d’écrire ». Face à sa détermination et à son premier scénario très prometteur, Philippe Mechelen, lui propose alors de rejoindre l’équipe de scénaristes pour les films « Les Tuche » 2, 3 et 4.
Toutefois, c’est à la suite de sa rencontre avec le producteur Matthieu Tarot que tout s’accélère. « Ensemble, on a beaucoup discuté, je lui racontais mes années quand j’étais éducateur et tout est parti de là ». Pour son film «Placés», tout commence avec un coup de bluff, « Matthieu Tarot m’a confié vouloir produire un film sur le métier d’éducateur, je lui ai alors répondu d’accord mais seulement si c’est moi qui le réalise»
Tout au long de la réalisation de ce film, le jeune homme aura été épaulé par Matthieu Tarot mais aussi par Hélène Fillières pour le scénario. Pour Nessim, bien que ce soit son premier film, tout a été plutôt facile « C’était ma vie que je racontais. Je n’ai eu aucun complexe car j’étais sûr de moi, je savais là où je voulais aller ». Pour les éducateurs comme pour les jeunes que l’on découvre dans le film, le réalisateur s’inspire de son histoire en faisant des « mixtes » entre ses collègues mais aussi entre les jeunes qu’il a pu rencontrer et aider au cours de sa carrière. « J’ai tenu à faire apparaitre l‘un de mes collègues, il joue le rôle de l’épicier » ajoute-il en esquissant un sourire.
Son deuxième film » Petites mains » avec Corinne Masiero, est sortie au mois de mai 2024: une chronique sociale dans la veine du cinéma britannique qui se déroule dans le monde des femmes de chambre