Alain Gagnol, Jean-Loup Felicioli (2015) France 1h24 animation avec les voix de Edouard Baer, Jean-Pierre Marielle, Audrey Tautou
Leo, 11 ans, possède un pouvoir extraordinaire. Avec Alex, un policier, il se lance à la poursuite d’un vilain gangster qui veut s’emparer de New York à l’aide d’un virus informatique. À eux deux, ils ont 24 heures pour sauver la ville…
Mariant avec un bonheur égal le film de super-héros et le thriller hitchcockien, un superbe dessin animé drôle et touchant.

Phantom Boy va réconcilier tous les fans d’aventures fantastiques déçus par les méga-productions qui envahissent les écrans, souvent simplettes et assommantes. Les auteurs reprennent à leur compte l’esthétique des comics des années 60, tout particulièrement l’univers de Stan Lee, le créateur de Spider Man. Ils ancrent leur récit dans un New-York graphique et imaginaire qui va réjouir tous les cinéphiles : les gratte-ciel, les taxis jaunes, et même un superbe clin d’œil au Manhattan de Woody Allen quand Phantom Boy survole un couple assis sur un banc au pied du pont de Brooklyn…
Les voix des protagonistes sont aussi pour beaucoup dans la réussite de Phantom Boy : Jean-Pierre Marielle est le super vilain au visage cassé, Edouard Baer est Alex, le policier casse cou à l’humour charmeur et Audrey Tautou est l’espiègle Mary. Intelligent, drôle, rythmé, Phantom Boy se montre aussi extrêmement sensible quand il s’agit d’exalter sans pathos le courage de ces petits super-héros du quotidien qui se battent contre la maladie utopia
Remake animé et fantastique de Fenêtre sur cour (1954), Phantom Boy est beaucoup moins inquiétant et beaucoup plus drôle que l’original. Notamment par la grâce d’un méchant d’anthologie, dont les répliques écrites dans la langue fleurie d’un capitaine Haddock conviennent parfaitement aux intonations graves et ironiques de Jean-Pierre Marielle.
Mais comme le chef-d’œuvre d’Alfred Hitchcock, il multiplie les cadrages originaux et les effets de lumière pour faire oublier l’immobilisme de l’enquêteur . Mise en scène ingénieuse, animation fluide : ce dessin animé est aussi d’une grande beauté visuelle, repeignant New York aux couleurs chaudes de Rothko.La Croix
Les réalisateurs

Alain Gagnol est né en 1967 à Roanne. Il étudie l’animation, l’illustration et la bande dessinée à l’école Émile Cohl à Lyon, puis travaille comme animateur à Folimage. Il écrit parallèlement des romans noirs
Jean-Loup Felicioli e st n é e n 1 9 6 0 à A l b e r t v i l l e . A p r è s d e s études dans les écoles des beaux-arts il entre comme animateur a u s t u d i o Fo l i m a g e e n 1 9 8 7 .
A partir de 1996 Alain et Jean-Loup réalisent ensemble plusieurs courts-métrages, dont Les Tragédies minuscules, une série de dix épisodes pour Canal+ et Arte.
En 2010 sort Une vie de chat, leur premier long métrage. Le film sera sélectionné au festival de Berlin et poursuivra sa route jusqu’à Hollywood où il sera nommé aux Oscars en 2012.
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L’interview d’Audrey Toutou

C’est la première fois que vous doublez un personnage animé. Qu’est-ce que Phantom Boy a de si spécial ?
Ses réalisateurs ! J’ai rencontré Alain Gagnol lors d’un festival au Brésil. C’est là que j’ai découvert Une vie de chat, leur premier film (nommé en 2012 aux Oscars, ndlr). Je l’ai trouvé génial et l’ai ensuite offert à tous les gosses de mon entourage. (…) Le scénario de Phantom Boy est l’un des meilleurs que j’ai lus dans ma vie. Il est drôle, émouvant, fin, sans compromis. Il parle autant aux enfants qu’aux parents et évite singulièrement l’ordinaire sans jamais être élitiste. Je n’ai pas hésité quand on m’a proposé d’y prêter ma voix.
L’exercice vous a-t-il plu ?
C’était particulier car on a enregistré avant qu’ils ne dessinent. Il a donc fallu utiliser son imagination. Ce qui était à la fois amusant et déconcertant, c’était de souligner les intentions, de les exagérer un peu pour que les choses soient vivantes à l’écran. Avant de voir le film, je pensais que j’allais être perturbée par ma voix, que ça allait être un cauchemar. Bizarrement, ça n’a pas été le cas.
Marie, la journaliste que vous doublez, aide le jeune héros malade et un policier à arrêter un gangster d’envergure. Comment la percevez-vous ?
Elle est intrépide, un peu insolente, amusante, courageuse, vive, pleine d’énergie. Ses répliques, comme toutes les autres, sont drôles et subtiles. Phantom Boy parvient tout de même à aborder le sujet de la maladie tout en restant un film de super-héros solaire. Il célèbre avec poésie le pouvoir de l’imagination.