Asghar Farhadi 2009 Iran Avec Golshifteh Farahani, Taraneh Alidousti, 1 h 56
Un groupe d’amis étudiants passe des vacances dans une vaste demeure au bord de la mer Caspienne. Sepideh, a invité Elly, célibataire institutrice de sa fille pour lui faire rencontrer son ami Ahmad, mais Elly disparait……
un thriller fascinant portée par la performance troublante de Golshifteh Farahani, dont le personnage porte toute la complexité de la culture perse.

C’est dans les métamorphoses que subissent ces personnages que se trouve le vrai enjeu, le vrai suspense d’A propos d’Elly. En apparence, Sepideh et ses amis essaient de déterminer l’identité et les motivations de la mystérieuse invitée. Cette enquête force chacun d’entre eux à se confronter aux lois qui régissent la vie amoureuse et familiale en Iran, et la question est de savoir si la compassion l’emportera sur le conformisme, le désir d’émancipation sur les conventions sociales (la religion n’est jamais explicitement mentionnée). Le Monde
On passe alors au film d’action et ensuite, à peu près dans l’ordre, au policier, à la comédie et On au drame psychologique. Si l’on ne s’ennuie jamais, c’est moins à cause des questions qui agitent les personnages (qui est Elly et où est-elle passée), que parce que, Occidental n’ayant jamais mis les pieds en Iran, on n’est pas sûr de comprendre ce qui se joue politiquement et socialement ici, en particulier dans les rapports homme-femme (au cœur du film), et qu’on est curieux de voir comment Farhadi va résoudre le conflit d’épithètes dont Elly devient le nœud en disparaissant : sainte, pute, suicidée ou meurtrière. Conflit qui touche également Sepideh, à qui il reviendra finalement de décider de l’identité d’Elly et, ce faisant, de la sienne propre. Libé
Dès l’instant de cette disparition soudaine, le film bascule et s’engouffre dans un faux remake de L’avventura. A la joie cèdent la panique, l’agitation, le doute, une myriade de questions s’abattent sur les personnages tentant de reconstruire l’événement façon Blow-Up. Le film mute alors en huis clos, propulsant chacun dans des tentatives de compréhension où la réalité se recompose en permanence par le mensonge. L’angoisse pèse, Farhadi crée un maillage d’une densité implacable où la moindre ligne est utilisée pour remplir et optimiser un espace restreint. La disparition et ses raisons secrètes contaminent ainsi progressivement tout le récit et les personnages. On tutoie le thriller psychologique, manié avec un sens du détail de chaque instant . A propos d’Elly joue d’un suspens jamais besogneux, les moindres circonvolutions du récit creusant la volonté d’affirmer un regard et une vérité, sans renier sur le plaisir d’une mise en scène à l’intensité constante.
Asghar Farhadi

Né en 1972 est connu pour son film Une séparation qui a raflé le golden globe, l’oscar et le césar du meilleur film étranger en 2012. Après un bref passage par le théâtre, et quelques courts métrages, il tourne son premier long , Danse dans la poussière (2003), puis Les Enfants de Belle Ville (2004), vu en France en 2012 suite au succès d’Une séparation.
Son troisième long métrage, La Fête du feu, est salué par la critiquee. À propos d’Elly, ensuite, obtient l’ours d’argent du meilleur réalisateur au Festival de Berlin. Puis vint Une séparation : succès critique et public (près d’1 million d’entrées), le film remporte trois récompenses au Festival de Berlin 2011 (dont l’ours d’or) et primé un peu partout…
Le Passé, qui est tourné en langue française, est primé à Cannes en 2013 : comme Une séparation, le film recueille un peu plus de 900 000 entrées en France. Contrairement à son compatriote Jafar Panahi, sous le coup d’une interdiction de filmer et d’une assignation à résidence, Ashgar Farhadi n’est pas dans le collimateur des autorités iraniennes, même s’il reconnaît que certaines limites s’imposent à son art. Il souhaite toutefois continuer à travailler en Iran et s’est mobilisé à l’été 2014 contre les excès de l’intervention israélienne à Gaza. En 2016 ce sera « Le Client » puis en 2018, son huitième fim Everybody knows avec Penélope Cruz et Javier Bardem est projeté lors de la soirée d’ouverture du Festival de Cannes.
Le 17 juillet 2021, il remporte le Grand Prix du Festival de Cannes avec son nouveau long-métrage Un héros