« Tampopo » dimanche 19 novembre 14h30

Juzi Itami (1985) Japon 1h54 avec Nobuko Miyamoto, Tsutomu Yamazaki

Une jeune veuve gère sans succès un petit restaurant de ramen. Tout va changer le jour où un client, Goro, un routier « cowboy » accepte de lui enseigner l’art et la manière de cuisiner….

Tour à tour poétique, comique et érotique, toujours estomaquant, un « western culinaire » ondoyant

Le metteur en scène japonais Juzo Itami meurt le 20 décembre 1997, en se précipitant dans le vide depuis le 8e étage d’un immeuble de Tokyo. Suicide, affirme sa maison de production, qui a révélé qu’Itami avait laissé une lettre où il aurait écrit : « Je prouverai mon innocence avec cette mort. » Phrase faisant référence à ce dont l’accusait le magazine à scandale Flash, à savoir une liaison avec une jeune actrice de 26 ans. Suicide, estime aussi la police japonaise, qui a précisé n’avoir pas trouvé d’indice de malveillance. La question pouvait se poser : Itami, réalisateur de Tampopo, cinéaste qui a le mieux su provoquer la société japonaise, avait eu en effet maille à partir des yakusas. En 1992, dans Mimbo O Ona (L’Avocate, inédit en France), il avait en effet ridiculisé les gangsters japonais, rejetant l’imagerie classique qui fait de ces potentats du crime des espèces de chevaliers. L’impertinence lui a coûté cher. En septembre de la même année et malgré la protection de la politique, Itami est attaqué au couteau par des hommes de main, lui laissant une profonde cicatrice à la joue gauche. Ce n’était pas la première fois que cet excellent cinéaste, vu par certains comme un croisement de Jean-Pierre Mocky et Frederico Fellini, bousculait les idées reçues. Révélé en 1984 par Funérailles, long métrage qui détaille les rites funéraires japonais extrêmement compliqués, il a signé l’année suivante un succès mondial : Tampopo. Seul film du cinéaste à avoir été distribué en France, il eut droit à d’excellentes critiques. A l’époque, Libé titra Tampopo d’enfer, Louis Skorecki soulignant combien Itami dynamitait les notions de genre et de bon goût. (Libération)

Le récit est une véritable odyssée décalée où Itami se penche sur le sacerdoce que constitue la préparation du rāmen. Le périple autour des rades de Tokyo dépeint l’importance de l’attention accordée au consommateur, dont les réactions déterminent les manques ou la réussite de la préparation – la grande victoire étant lorsqu’il la finit jusqu’au bout. Le ton se fait à la fois ludique et méticuleux, les gags servant toujours l’apprentissage, notamment l’entraînement physiquement éprouvant qu’impose Goro à Tampopo en cuisine. Cette notion pédagogique est également nourrie des rencontres de joyeux excentriques venant apporter une part de leur savoir à notre héroïne, quand elle ne vole pas avec malice quelques astuces culinaires à des collègues.

Le réalisateur

Juzo itami est né à Kyoto en 1933. Il est le fils de Mansaku Itami, l’un des metteurs en scène les plus marquants au Japon. Tout d’abord comédien, il joue dans les films comme 55 Jours de Pékin de Nicolas Ray, Lord Jim de Richard Brooks, ……. Son premier long métrage Funérailles, présenté au Festival de Cannes 85 par la Quinzaine des réalisateurs). Tampopo son second film est à ce jour le plus grand succès japonais aux U.S.A. En 1987, il réalise L’inspectrice qui a été présenté au Festival de Venise 87. Juzo Itami, cuisinier aussi gourmand que gourmet, se marie une première fois avec Kazuko Kawakita (1960–1966) puis avec l’actrice Nobuko Miyamoto (1969–1997) qu’il rencontre sur le film de Nagisa Oshima, À propos des chansons paillardes japonaises (Nihon shunka-kô).