« La saveur des ramen » samedi 18 novembre 10h45

Eric Khoo (2018) Japon, Singapour 1h30 avec Takumi Saitoh, Jeanette Aw Ee Ping, Mark Lee

Masato travaille dans un restaurant de rāmen. À la mort de son père, il part à Singapour sur les traces de sa mère, morte quand il avait 10 ans à la recherche de recettes et pas que…

Une recette réussie à base de mélancolie, d’émotion, d’humour

Malgré l’aspect relativement classique du film, Eric Khoo mélange adroitement passé et présent dont le télescopage a pour enjeu de nourrir une intrigue qui avance tout en douceur. Cette qualité repose beaucoup sur le visage innocent de Takumi Saito (Matsao), acteur et chanteur pop japonais bien connu de son pays. À lui seul, il incarne la quiétude désenchantée de la jeunesse nippone contemporaine, aussi naïve qu’introvertie. Et si Matsao se met à vibrer, c’est graduellement, dans un équilibre assez savant où les révélations intimes s’enchevêtrent aux détails de la préparation des plats. Cette cuisine particulière parvient à nous mettre rapidement l’eau à la bouche et, surtout, elle nous cueille littéralement lors d’une scène finale magnifique sur la transmission entre générations, rassasiant là notre appétit d’émotion. (Bande à part)

Avec en toile de fond le sujet plus grave du souvenir de l’occupation japonaise, c’est un voyage dans une autre culture culinaire qui s’esquisse, doublé d’un désir de métissage et de réconciliation, qui ne peut être porté que par les jeunes générations. Des plus émouvants, « Ramen Teh » séduit sans mal, grâce à un romantisme délicat, qui infuse peu à peu, un scénario et des personnages résolument bienveillants, et une musique envoûtante. Ce nouveau film d’Eric Khoo, qui nous avait habitué à de jolies chroniques ou divagations emplies des cultures de différents pays d’Asie (« My magic« , « Be with me« ) est une vraie réussite, dont on ressort certes affamé, mais surtout hanté par un profond désir de réconciliation. (Olivier Bachelard)

Le réalisateur

Eric Khoo est le premier cinéaste singapourien dont les films ont été projetés dans de grands festivals internationaux comme ceux de Berlin, Venise et Cannes. En France, il est sélectionné en 2008 en Compétition Officielle au Festival de Cannes pour le film My Magic (2007). Il est influencé par Scorsese, Spielberg, Tsukamoto Kaurismaki, Kielowski et les westerns spaghetti. Après quelques courts métrages, Il réalise ses deux premiers longs métrages, le drame psychologique Mee Pok Man en 1995 et 12 Storeys en 1997. En 2005 Be with Me, est projeté au Festival de Cannes dans le cadre de la Quinzaine des réalisateurs.

Eric Khoo a construit petit à petit son univers en filmant des histoires se passant dans les quartiers populaires de Singapour, sa ville fétiche, cité de toutes les tensions économiques où les destins des anonymes aiment se croiser. Il est à nouveau présent à Cannes en 2011 pour le 64e festival, dans la compétition Un Certain Regard, avec le film ‘Tatsumi’. Suivront deux autres films avant « La saveur des ramen » son dernier opus.