« Le Grand bain » lundi 11 décembre 20h30

Gilles Lellouche (2018) France 2h02 avec Mathieu Almaric, Guillaume Canet, Benoit Poolvoorde, Leïla Bekhti, ,Virginie Efira

Bertrand, Marcus, Simon, Laurent, Thierry et les autres s’entraînent sous la férule de Delphine dans une discipline jusque-là propriété de la gent féminine : la natation synchronisée . Une idée plutôt bizarre, mais qui a ses raisons.

Drôle, dynamique, très bien écrit, beau et sensible. Le parfait feel-good movie !

En collant ce bataillon de mâles à la dérive – incarnés par des comédiens souvent plus connus pour jouer les séducteurs – en slipette-claquettes-bonnet de bain, en les affublant, bien plus que de bourrelets, de toutes sortes de tares psychologiques sans doute recensées dans le DSM-5, en les soumettant à la discipline d’airain de deux entraîneuses bonnes à enfermer qui les emmèneront vers un sommet d’autant plus beau qu’il est grotesque, le Grand Bain travaille une très appréciable vulnérabilité, la rencontre de l’infiniment petit avec le presque sublime.

S’il ne renverse pas carrément la table, le film a ainsi le mérite d’introduire une forme de subversion un peu dark dans la grande-comédie-populaire-à-la-française (et il était temps). Pour les spectateurs ayant à peu près l’âge des personnages, disons quadra-quinqua, qui est aussi celui du réalisateur, le choc risque d’être rude, et l’effet miroir dû à l’angoissant milieu de vie fonctionnera à plein. Elisabeth Franck-Dumas

Sept types neurasthéniques sortent la tête de l’eau en se lançant dans la natation synchronisée.

C’est donc l’histoire d’une bande d’hommes entre deux âges, cabossés par la vie, qui tentent de reprendre en main leur destin en se lançant dans la natation synchronisée. A partir d’un tel argument, on pouvait s’attendre à tout, y compris à une pochade facile. Pourtant, avec ce Full Monty à la française, Gilles Lellouche, dont c’est la première réalisation en solo (il a cosigné, avec Jean Dujardin, Les Infidèles), propose une des meilleures comédies de l’année.

Ici, point d’ouvriers strip-teaseurs, mais une belle variété de quadras-quinquas en crise ….. Bidon en avant, regard mélancolique, cuisses de grenouille, les imperfections de ces héros fatigués sont filmées avec humour, mais aussi — et cela fait toute la différence — avec empathie. L’aventure chorégraphique prend des allures de parcours initiatique : Gilles Lellouche orchestre un ballet aquatique à la fois grotesque, épique, improbable ….. ce qu’il célè­bre, ce n’est pas la masculinité triomphante, mais celle qui ose exposer ses failles et prendre des coups à l’ego plutôt qu’en pleine figure.

La piscine devient un grand bain amniotique, où ces vieux ­bébés vont renaître, s’affirmer, se réinventer, se dépasser, sous la houlette de deux femmes — Virginie Efira et Leïla Bekhti, parfaites dans les rôles du bon et du méchant coach. «……Les bons mots et les gags n’empêchent pas le film, en filigrane, d’égra­tigner les dérives de la société individualiste et la course à la performance, et de porter un message de fraternité qui, derrière le second degré, assume le premier. Les dialogues sont ciselés, et la réalisation entrecroise avec flui­dité scènes de groupe et fragments de vie quotidienne tantôt hilarants, tan­tôt ­pathétiques Hélène Marzolf

Gilles Lellouche

Enfance à Savigny-sur-Orge (Essonne), adolescence à Fontainebleau. Un frère de six ans son aîné, Philippe. Acteur, auteur, animateur.  Un père, Claude, autodidacte, à qui il ressemble, «tout sauf tiède», maçon, bijoutier, comptable, de confession juive, racines algériennes. Une mère, Sylviane, bretonne, catholique, qui préfère se faire appeler Isabelle. Un temps chanteuse de variété dans les galas, tenant par la suite une parfumerie. Une adolescence en rébellion, viré des lycées, quotidien assez chaotique.

Après le Cours Florent, il débute difficilement. Il cogite, écrit un premier court métrage, histoire de s’offrir un rôle. Il est propulsé dans le monde du clip, Il en réalise une bonne vingtaine,

Il n’échappe pas aux déceptions d’acteur qui piaffe de se voir autrement à l’écran. L’envie de tout arrêter le prend. Celle de tout recommencer aussi, grâce à Yvan Attal qui lui fait jouer une scène dans Ma femme est une actrice.La notoriété vient lui faire la cour après les Petits Mouchoirs de Guillaume Canet. En 2004 il passe à la réalisation avec « Narco » qu’il signe avec Tristan Aurouet et en 2012 il met en scène un sketch du film « Les Infidèles » Il ne se classe surtout pas dans la catégorie des artistes engagés politiquement. Il vote socialiste, s’interroge sur le manque de figure de proue, ne se mobilise que pour «des évidences», contre le racisme, l’obscurantisme. En 2024 sortira « L’Amour fou » qu’il vient de finaliser, une histoire d’amour entre deux ados que tout oppose