Li Riujun (2023) Chine 2h13 avec Wu Renlin, Hai-Oing
Aux confins Nord de la Chine, à la frontière de la Mongolie intérieure, un couple rejeté par leurs familles respectives est contraint à un mariage arrangé.
Un grand film simple et bouleversant, deux acteurs merveilleux!

Et pourtant le miracle, que décrit merveilleusement le réalisateur, c’est que ces deux cœurs purs, réunis par le mépris plus ou moins explicite qu’ils ont subi dans le passé, vont peu à peu s’apprivoiser à coups de petites attentions touchantes. Et les moqueries qui entouraient leur union vont laisser place à une forme de respect, voire parfois de jalousie devant leur harmonie conjugale. Mais ce que décrit aussi Lu Riujun, c’est la dureté à peine imaginable de la vie paysanne et la misère qui crucifie les populations rurales. Les travaux des champs sans cesse répétés, exécutés à la main ou avec un soc de charrue tiré par un vieil âne, donnent certes aux images la beauté d’un tableau de Millet mais le film montre les conditions de vie terribles dans des maisons de fortune prêtées et promises à la destruction dans le cadre d’un programme autoritaire de rénovation des campagnes
S’il fallait encore prouver que la censure imbécile d’un État totalitaire n’entame pas forcément la conscience, la curiosité et le goût artistique d’un peuple, on pourrait évoquer le destin de ce magnifique Le Retour des hirondelles, succès populaire désormais invisible dans son pays. Présenté et primé du Lion d’argent au Festival de Berlin en février 2022, le film devait être montré sur les écrans chinois dans la foulée. Mais les autorisations n’arrivent pas, perdues dans les méandres kafkaïens de l’administration, et la sortie en salle ne se concrétisera finalement que le 8 juillet. Et voilà que, malgré les obstacles, le film fait un carton inattendu : produit pour un budget riquiqui de 2 millions de yuans, il en rapporte 100 ! Insupportable pour la censure qui revient à la charge et, fin septembre, fait brutalement disparaître Le Retour des hirondelles des écrans et plateformes.Utopia
Le titre français, à la poésie évocatrice, dissimule un titre original moins enchanteur: « Yin run chen yan » (« caché dans le pays des cendres et de la fumée »); Il s’agit de dégager les traces des époques disparues enfouies dans les cendres selon le réalisateur. Celui ci s’emploie à filmer un monde rural en voie d’extinction dans une Chine en proie à l’urbanisation accélérée.
Le sujet profond du beau film de Li Ruijun est bien ce lien vital et permanent aux éléments , terre, eau, vent et feu, dont sont pétries les existences humaines.Sans misérabilisme , le monde élégiaque privilégié par Li Ruijun prend résolument le parti du vivant et à la célébration de ce qui nous relie à la nature. Art de temps, le cinéma est ici analogue au travail de la terre: » Le travail du cinéaste ressemble à celui du fermier » confie le réalisateur. Pour l’un comme pour l’autre la vérité est dans la durée. Positif
Li Ruijun

Né dans la province de Gansu en 1983,il étudie la musique et la peinture .Diplômé du ministère national chinois de la radio, du cinéma et de la télévision, il travaille comme réalisateur pour la télévision .
Son premier long métrage dont il a écrit le scénario , The Summer Solstice, est suivi de six longs métrages , « Le retour des hirondelles » est le premier distribué en France
L’interview
Le film s’ouvre en hiver et se déroule sur quatre saisons distinctes. Avez-vous filmé dans l’ordre chronologique ?
Nous avons tourné en suivant les changements saisonniers, le cycle de vie des cultures et même la saison des oiseaux migrateurs. Nous avons passé près de six mois en pré-production pour élaborer un plan et un calendrier de tournage détaillés. J’avais l’habitude de m’occuper de la ferme de ma famille quand j’étais jeune. Avec l’aide de l’acteur principal Wu Renlin, qui est mon oncle, son fils qui joue le deuxième neveu, mon frère et mon père, nous avons tous participé à la construction de la ferme et à la culture des cultures jusqu’au moment des récoltes. Nous avons travaillé comme des paysans tout le temps et avons consacré nos vies à la terre, tout comme eux.
Quel genre de défis avez-vous rencontrés sur un tournage qui s’est étalé sur huit mois au plus fort de la pandémie ?
Le tournage a été divisé en cinq parties. Nous avons tourné pendant 85 jours au total, de mars à octobre 2020. Ce fut le tournage le plus long de ma vie. La pandémie a fortement perturbé notre production. Il est difficile de réserver l’équipage alors que la trésorerie était extrêmement serrée. De plus, nous devons prendre soin de tous les animaux et des cultures pour nous assurer qu’ils poussent bien.
Vous êtes crédité en tant que réalisateur, scénariste, monteur et directeur artistique du film. Quels sont les avantages et les inconvénients de jouer plusieurs rôles dans le film ?
Ce qui est bien, c’est que nous pouvons économiser beaucoup sur le budget de production, car ce n’est pas facile de trouver des investisseurs pour mes films. La communication est plus facile et je peux créer un style visuel cohérent qui convient au film. Mais l’inconvénient est que cela peut être très épuisant pour moi, et j’ai peut-être exclu d’autres possibilités lorsque je suis piégé par mes limites.
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