Reprise de la saison « Anima Bella » lundi 9 janvier 20h30

Dario Albertini (2022) Italie 1h35 Avec Madalina Maria Jekal, Luciano Miele, Enzo Casertano

Gioia 18 ans bergere, vit avec son père. Rayonnante , généreuse, elle livre chaque jour quelques litres d’eau thermale au gens du village, provenant de la source « miraculeuse », bien connue pour ses propriétés thérapeutiques. Un jour, sa vie est bouleversée par un événement tragique qui la mènera loin de chez elle.

Porté par une magnifique interprète, un drame juste et plein d’une infinie tendresse.

On ne sait pas trop ce qui vous captive dès les premières minutes de ce film aussi modeste que lumineux : l’incroyable présence de sa jeune actrice principale, son personnage à l’opposé des adolescents indécis que l’on voit habituellement au cinéma, tout en détermination et en abnégation, ou cette manière de filmer une Italie loin des clichés et des cartes postales. Ici on retrouve l’Italie qui nous bouleversait dans le néoréalisme italien ou dans les premiers films de Pasolini (Accattone ou Mamma Roma), celle des gens de peu, filmés sans angélisme mais avec une immense empathie. Bienvenue à Citevecchia, dans le Latium, non loin de Rome géographiquement mais aux antipodes symboliquement. Gioia, La jeune Madalina Maria Jekal est vraiment extraordinaire de justesse, elle sait faire évoluer son personnage de l’innocence enfantine, de l’amour filial inconditionnel à la détermination, à la rage d’une combattante pour la vie. Et on est saisi par l’authenticité de cette fiction à la veine documentaire, qui s’inscrit dans une riche lignée du cinéma italien récent

Dario Albertini livre un film superbe sur l’espoir dans l’Italie « d’en bas », l’Italie réelle. Celle de Matteo Garrone où l’on vit dans des bicoques mal isolées, où chacun se bat contre lui-même. Où l’on ne peut s’échapper d’une campagne déliquescente que pour tomber sur la ville, cent fois plus cruelle – exactement comme dans Heureux comme Lazzaro d’Alice Rohrwacher. Superbement mis en scène, Anima Bella épouse la vision de Gioia. On le traverse accroché à sa taille, passager de son scooter et de ses galères. Bleu du miroir

Le  combat, autant économique qu’affectif, de Gioia  est lourd pour ses frêles épaules, malgré ce, elle ne désarme jamais et lie son existence à un père prodigue au détriment de sa construction de femme. Arrivera-t-elle à se libérer de cette emprise ? Sobrement mis en scène, la caméra suit ce personnage constamment en mouvement, dans un combat perpétuel qui la dépouille  d’une partie de ses avoirs. Cette jeune actrice, d’un regard exprime la détermination, l’amour pour le père et un désarroi à moitié tu. André Blasco

Dario Albertini

Né en 1974 à Rome, débute sa carrière en tant que photographe, avant de devenir cinéaste documentaire, supervisant toutes les dimensions de la
réalisation : le scénario, l’image, le son et la musique. Son premier long métrage « Il figlio Manuel » (2018) avait été primé à Cinemed

Paroles du réalisateur

ANIMA BELLA est la suite d’un voyage commencé avec le film précédent, IL FIGLIO, MAN UEL. Dans ce nouveau projet, nous avons mis l’accent sur l’inversion du rapport parent-enfant : c’est la fille qui va prendre soin de son père.Ce film est probablement le deuxième d’une trilogie idéale qui raconte la découverte de la vie adulte

Comme dans IL FIGLIO, MANUEL et mes précédents documentaires, l’histoire se déroule à Civitavecchia dans la région du Latium, ville portuaire proche de Rome. Depuis plusieurs années, je mène un projet d’analyse territoriale dans le but de découvrir combien d’histoires différentes peuvent coexister en un seul et même lieu. J’ai débuté en 1997 par la photo Points de vue depuis un conteneur, j’ai continué par de la vidéo et des documentaires, et aujourd’hui avec la fiction. Dans cette région, le paysage bucolique laisse très vite place à une affreuse architecture industrielle.
La ferme où Gioia garde son troupeau de moutons devait autrefois devenir un complexe de luxe, planté au milieu de la campagne, symbole de la vague de spéculation immobilière locale de la fin des années 1980.
Les sources thermales « Miracolosa » sont situées à quelques centaines de mètres des anciens thermes taurins de Trajan, vestiges de l’Empire Romain. Il représente un lieu de rencontre important pour la communauté. Un lieu hors du temps, ouvert à tous. Enfin, ces sources sont célèbres pour les propriétés thérapeutiques de son eau.