Vojtech Jasny 1h45 Tchécoslovaquie (1963) Avec Jan Werich, Emilia Vásáryová, Vlastimil Brodsky
Dans un petit village de Tchécoslovaquie cohabite une galerie de personnages: le directeur de l’école, cruel et autoritaire, le concierge, idiot , l’instituteur, et aussi le patron de l’hôtel, la commère, le travailleur infatigable ou encore le tire-au-flanc . Petites fourberies et lâchetés se succèdent . Mais une troupe de forains, vient présenter un spectacle extraordinaire et là alors…...
Un concentré de poésie et de fantaisie, un trésor d’insolence et de pétulance ,récompensé du prix du jury au Festival de Cannes 1963

Si, durant la production du film, Vojtech Jasný s’est bien gardé de laisser croire que ce film, manifestement exubérant et fantaisiste, avait une quelconque vocation satirique, son propos profondément politique (et tout à fait dans l’esprit, donc, de la Nouvelle Vague, qui malgré la variété de ses expressions était dans sa globalité résolument tournée vers la jeunesse de son époque) ne fut pas dissimulé longtemps : voici un film qui use d’armes poétiques (la lumière, la couleur, la musique, la danse, l’imaginaire…) pour dresser une parabole édifiante sur le conflit générationnel qui oppose l’ancien temps, celui de l’autorité établie (incarnée par le directeur et son concierge zélé qui courbe l’échine), et les temps à venir, représentés par ces enfants libres et joyeux
Ciné-classik
Ces histoires de vérités, de mensonges et d’hypocrisie vont parcourir tout le film. Les Tchèques aiment bien flirter avec le fantastique et la fantaisie, une herbe fragile, dont le manque fait tant souffrir le héros de l’histoire et que le prof désire inculquer aux enfants et qui « se fane quand part l’enfance ».
Chacun a sa vérité » proclame l’instit en toisant son supérieur, discours qu’on imagine difficile à entendre derrière le Rideau de fer. Pour illustrer cette poésie combattive des diktats, Vojtech Jasny filme les feuilles blanches sur lesquelles les enfants vont dessiner ce qu’il leur plairait de voir dans la ville.
Tout est question de regard dans le scénario et la façon de voir ce film sera différente, suivant que l’on soit sensible ou non à l’enfance, à la poésie et à l’invention.
Vojtech Jasny

Père spirituel de la Nouvelle Vague tchécoslovaque ». Décédé en 2019, , il était l’un des réalisateurs tchèques les plus importants du vingtième siècle. Il commença sa carrière dans son pays natal au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale en opérant dans le cinéma de propagande avant de s’affranchir des contraintes du régime après un voyage à travers la Chine et la Sibérie. Il s’exilera en Autriche en 1968, après l’invasion soviétique qui fit suite au Printemps de Prague. Chronique Morave, critique du stalinisme et de la collectivisation forcée sortie la même année, fut immédiatement censurée par le pouvoir en place et ne ressortit qu’après la chute du bloc communiste. Le cinéaste poursuivit le reste de sa carrière à l’étranger, en Europe de l’Ouest et aux États-Unis, où il donna des cours à l’université de Columbia, avant de revenir sur ses terres d’origine durant les dernières années de sa vie.