2019 Levan Akin Georgie 1h53 avec Avec Levan Gelbakhiani, Bachi Valishvili, Ana Javakhiskvili
Merab s’entraîne depuis son plus jeune âge dans le cadre de l’Ensemble National Géorgien avec sa partenaire de danse, Mary. Son monde est brusquement bouleversé lorsque Irakli arrive et devient son plus fort rival et son plus grand désir.
Le film suit donc l’histoire d’un interdit, amoureux et gestuel, et de sa précautionneuse transgression par Merab. Une dialectique que Levan Akin égrène gracieusement jusque dans la photo – alternant entre un blanchâtre réfrigérant pour les murs quasi carcéraux de l’école de danse et un orangé pictural pour la promiscuité des espaces domestiques. Ainsi se balance-t-on entre soumission aux diktats corporels du Ballet et découverte d’un répertoire de gestes nouveaux, ceux du désir, et des clubs techno. Le second répertoire contaminera progressivement le premier, introduisant dans les corps corsetés du studio de danse un arsenal de séduction faits d’esquisses de sourires et d’œillades Eve Beauvallet
Levan Akin, cinéaste suédois d’origine géorgienne, dit avoir été inspiré par la tentative échouée d’une gay pride à Tbilissi en 2013, quand quelques dizaines de courageux gays et lesbiennes défilèrent brièvement sans aucune protection policière et furent rapidement agressés par une foule bien plus nombreuse d’homophobes excités par le clergé orthodoxe local, dans un pays où le sort des gays est à peine plus enviable que celui de leurs voisins tchétchènes.
En filigrane, le film montre intelligemment l’aspiration à la liberté et à la fête, mais aussi à la sexualité, d’une jeunesse entravée par les conditions économiques et sociales, étouffée par la précarité et le manque d’argent. Les jeunes Géorgiens sont obligés de vivre entassés avec plusieurs générations dans le même appartement, au sein d’immeubles où tout le monde épie tout le monde, mais surtout ils sont étouffés par le carcan social et religieux. Utopia
Linterview
Avez-vous rencontré des difficultés, durant le tournage ?
C’était la première fois que je dirigeais des acteurs en géorgien, alors que je ne parlais pas couramment la langue. J’ai choisi de travailler avec beaucoup d’acteurs non professionnels dans des décors existants. Je me suis inspiré d’histoires vraies que j’ai rassemblées et cette matière évoluait constamment. La phase de recherche a été très longue. J’ai vécu avec mes acteurs et je les ai beaucoup filmés avec ma propre caméra. Cela m’a permis de me sentir très proche d’eux, de les connaître intimement. Il n’y avait pas de barrières entre nous, les choses se sont faites naturellement.
Avez-vous le sentiment que les gens deviennent plus tolérants aux questions de genre et de sexualité dans le monde ?
Oui et non. À bien des égards, j’ai le sentiment que nous reculons, y compris dans de nombreux pays européens. C’est juste mon analyse, mais il me semble que les opposants, partout dans le monde, deviennent de plus en plus virulents sur ces questions
Comment était-ce de tourner en Géorgie vu vos liens avec le pays alors que vos précédentes expériences étaient des productions suédoises ?
J’ai réalisé à quel point je suis suédois avant tout. Un soir, nous tournions très tard, mon côté Scandinave cool a craqué et l’équipe était ravie de découvrir le Géorgien qui sommeillait en moi ! En Suède, il existe une culture du consensus, mais en Géorgie, la norme est la divergence des opinions et la colère.
Levan Akin
Ses parents, d’origine géorgienne, avaient aménagé en Suède dans les années 1960, à l’époque de l’Union soviétique3. Il retourne chaque année en Géorgie avec sa sœur pour
Levan Akin débute comme assistant réalisateur entre autre de Roy Andersson .Ensuite Il tourne des courts métrages remarqués et pour la télévision En automne 2011, il présente son premier long métrage Katinkas kalas au festival international du film de Stockholm
En 2019, il propose le film Et puis nous danserons l’Église orthodoxe de Géorgie exprime officiellement sa désapprobation à la promotion et à la projection du film, contraire aux valeurs de l’Église et aux valeurs nationales. Le 8 novembre 2019, lors de la sortie du film à Tbilissi et à Batoumi, des manifestations éclatent aux abords des salles de cinéma : plusieurs milliers d’opposants tentent d’empêcher les spectateurs d’entrer, les forces spéciales de police interviennent, 28 personnes sont arrêtées.