« Jour de fête » lundi 16 mai 20h30 cinéma l’Impérial de Lamalou les Bains

1949 Jacques Tati (France ) 1h15 avec Jacques Tati, Paul Frankeur, Guy Decomble

Des forains s’installent dans un calme village. Parmi les attractions se trouve un cinéma ambulant où le facteur découvre un film documentaire sur ses collègues américains. Il décide alors de se lancer dans une tournée à « l’américaine ».

Digne héritier des fonceurs inconscients et surnaturellement chanceux incarnés par Buster Keaton dans ses chefs-d’oeuvre des années 20, François est avant tout un corps en mouvement, une force qui traverse le film comme une tornade. S’exprimant dans un babil plus proche de l’esperanto comique que du patois, il rejoint la grande famille des figures burlesques universelles, aux côtés du vagabond de Chaplin et des fous furieux incarnés par Laurel et Hardy.Mais si Tati ressuscite une forme de comique qu’on croyait alors disparu, il s’affirme dès son premier film comme un homme de son temps, qui observe le monde contemporain autant qu’il regarde avec nostalgie dans le rétroviseur. Bien que situé dans un petit univers qui semble à l’écart de la modernité, Jour de fête témoigne à sa manière, drôle et poétique, de la réalité de la France de l’immédiate après-guerre. dvdcineclassik

La silhouette du facteur de Jacques Tati, ­zigzaguant à bicyclette, sur les petites routes du centre de la France, a impressionné notre inconscient collectif. Français, comme plus tard Monsieur Hulot, fait ­définitivement partie de notre patrimoine. Il est donc très important qu’après de nombreux avatars Jour de fête retrouve son aspect d’origine : un très beau noir et blanc et une bande-son au mixage sophistiqué.

« J’offre au spectateur un univers connu de tous et son plaisir est, je crois, de se reconnaître, de reconnaître tous les personnages de mes films », disait Jacques Tati. C’est effectivement vrai pour l’enfant que je fus, qui pourrait être un de ceux du village de Sainte-Sévère-sur-Indre, que Jacques Tati connaissait bien puisqu’il s’y était réfugié pendant la guerre, et pour tous les enfants d’aujourd’hui tant l’art du réalisateur est universel et intemporel. Et, pourtant, Jour de fête est bien un film de l’immédiate après-guerre, tourné l’été 1947 dans une France rurale qui, ainsi, n’existe plus. Une France dont la fête au village réveille la torpeur ambiante, devenant l’événement de l’année, l’occasion de boire un peu plus que d’habitude, de danser, de mettre ses plus beaux habits, voire d’amorcer une amourette avec celui qui vient d’ailleurs.

Mais la perturbation la plus profonde vient du cinéma ambulant. Un documentaire sur les postiers états-uniens permet à Jacques Tati de traiter avec un sens aigu du burlesque l’esprit de l’occupation américaine d’alors. Alors que ­François le facteur, humain, trop humain – il évite de remettre un faire-part de mort le jour de la fête du village –, découvre par le cinéma la mécanisation des rapports entre les êtres qui se profile. C’est avec une belle ironie qu’il « envoie » dans le fossé une jeep de la MP – la police militaire américaine qui sillonnait alors les routes de France, au cœur d’une Europe fraîchement libérée ….Tout le prétendu progrès prôné par le cinéma américain de propagande s’en trouve laminé d’un coup. l’Humanité

Jacques Tatischeff

Plus connu sous le nom de Jacques Tati, est né dans les Yvelines en 1907. Joueur et passionné de rugby, il monte des spectacles humoristiques sur le thème du sport au milieu des années 30. C’est un vrai succès. Il se tourne ensuite vers le cinéma, en coréalisant quelques courts-métrages et en faisant des apparitions dans des films comme « Le Diable au corps » ou « Sylvie et le fantôme », de Claude Autant-Lara. En 1947, il réalise son premier long-métrage, « Jour de fête », Il devient ensuite monsieur Hulot dans une série de films qu’il réalise lui-même entre 1952 et 1971 : « Les Vacances de M. Hulot », « Mon oncle », « Playtime » et « Trafic ». Si les deux premiers sont de vrais succès critiques et publics, les suivants sont des échecs commerciaux. Après avoir réalisé son dernier long-métrage, « Parade », qui ne sera jamais diffusé en salles, sa société de production, qui a des difficultés financières, fait faillite en 1974. Trois ans plus tard, il reçoit un César d’honneur pour l’ensemble de sa carrière. En 1982, il est invité à l’hommage rendu par le Festival de Cannes aux dix meilleurs réalisateurs du monde. Il meurt le 4 novembre 1982, en pleine préparation de son tout dernier scénario, « Collision ».