(Maroc) 1h26 de Mohamed Nadif Avec Zakaria Atifi, Youssef Britel
Said et Amine, deux jeunes étudiants de Casablanca, rêvent d’Europe. Ils se retrouvent dans un petit village au nord du Maroc. Avec l’aide de l’instituteur, ils prennent une barque pour rejoindre la cote européenne. Mais ils font naufrage. La mer rejette Amine sur la cote du village tandis que Said échoue sur une plage espagnole. Mais l’Andalousie semble étrange à Said. Amine, dans le petit village, observe d’étranges phénomènes.

Mohammed Nadif, voulait faire un film intelligent. C’est chose faite ! Le jeune réalisateur Mohamed Nadif, a réussi le pari de produire une comédie légère qui traite une problématique épineuse. Il s’agissait de passer sous la loupe la question de l’immigration clandestine. Dans ce film, Nadif s’éloigne de l’approche adoptée par les autres cinéastes qui ont déjà abordé la question. Il pratique plutôt une nouvelle démarche, un nouvel angle d’attaque…..
Le cinéaste traite avec subtilité et humour un fléau aussi dérangeant que celui de l’immigration clandestine. Il prouve donc qu’il est toujours possible de s’attaquer à des problématiques sérieuses en optant pour la comédie et non pour le drame ou le mélodrame.
Les partis pris de mise en scène, l’histoire originale et les situations comiques qui arrivent facilement à arracher le sourire au spectateur semblent relever d’un code de bonne conduite du jeune cinéaste. Le jeu des acteurs fait partie également de ces ingrédients qui font de cette comédie un film intéressant, loin d’être ennuyeux. A la fois devant et derrière la caméra, Nadif, par exemple, offre une interprétation d’une justesse saisissante. Tourné dans plusieurs régions du maroc, notamment Casablanca, Tanger et Tétouan, ce film a remporté le prix de la première œuvre au festival de cinéma d’Oran. Fatima-Ezzahra Saâdane
L’interview du réalisateur
Pour vous, est-ce un plaidoyer pour ou contre l’immigration clandestine ?
Ni l’un, ni l’autre. En fait, ce long métrage ne fait que relater des faits qui malheureusement existent dans notre société comme ailleurs. Tout au long du film, je pose des questions : pourquoi ces jeunes traversent? Pourquoi ne pas créer une propre Andalousie chez nous ? D’où vient la faille ? Est-elle politique, religieuse ou peut-être l’enseignement y est pour quelque chose. Ce qui m’intéresse, c’est le fait de raconter une fable rassemblant tous les ingrédients pour faire un bon film.
Y a-t-il un point commun entre les différents personnages du film ?
Non, il n’y en pas. En fait, chaque personnage défend quelque chose, sa propre vision de la réalité. L’un cherche à changer sa situation économique et rêve d’aller de l’autre côté de la Méditerranée. L’autre le suit parce qu’il n’a pas de personnalité. Sans oublier le fameux instituteur qui a aussi son mot à dire. C’est donc une palette de personnages, chacun ayant son mot à dire…
Y a-t-il un message derrière ce film ?
Il y en a plusieurs. A mon avis, il y a une multitude de questionnements qui sont posés dans ce film. On peut donc avoir plusieurs points de vue. Le message étant que notre pays a les moyens pour changer les choses, mais il faut avoir la volonté de le faire. Et justement dans ce film, nous parlons de corruption, de trafic de drogue…