143 rue du désert dimanche 21 novembre 10h

( Algérie) 1h40 Un film de Hassen Ferhani

En plein désert algérien, dans son relais, une femme écrit son Histoire. Elle accueille, pour une cigarette, un café ou des œufs, des routiers, des êtres en errances et des rêves… Elle s’appelle Malika.

En cinéaste complice, Hassen Ferhani accueille les histoires ou les provoque : la caméra invite à la confession mais inspire aussi de nouvelles fictions. Attentive au trafic, Malika sait qui se niche dans ce camion qui passe, où il va, pour quelle raison. Dans son regard, les anonymes de la route deviennent des personnages que le cinéaste se plait à révéler. Et si l’histoire personnelle de la tenancière se découvre au gré des discussions, le film évite le portrait trop centré en s’ouvrant aux visages et aux récits passagers pour dresser une histoire collective. En écho les unes aux autres, les conversations exhibent des angles morts pour que l’Algérie se raconte. (Critikat)

Une merveille esthétique, une réflexion sur le temps et l’espace, maitrisée par des cadres dans le cadre, des silences, une caméra posée qui peut se mettre en mouvement pour cerner cette pièce refuge de toutes les confidences , un lieu théâtral où la comédie parfois s’invite. Une humanité menacée par le semblant de modernité qui s’installe à proximité André Blasco

Paroles du réalisateur

C’est la plus longue route d’Afrique, elle part d’Alger et descend jusqu’au Niger. Ce que j’aime c’est que c’est une route qui porte plusieurs noms différents, elle s’appelle Nationale 1, La Route de l’Unité Africaine ou la Transsaharienne. Il se passe énormément de choses sur ces plus de 2400 kilomètres, entre autres, il y a le café de Malika. La route, ou je pourrai dire la piste, existe avant la colonisation, il y a 400 kilomètres entre chaque ville du désert algérien et ça correspond à une marche à pied ou à un voyage à dos de chameau. C’est vraiment une route très ancienne et ensuite il y a eu cette volonté politique de Boumédiène, entre autres, de la rendre plus viable.

La première chose qui m’avait frappé en rencontrant Malika, en pénétrant dans son café, c’était elle assise qui regardait la porte comme un écran de cinéma. Et tout devenait matière à discussion, à fiction. J’aimais beaucoup son rapport au désert qui n’était pas du tout le rapport que je pouvais avoir ou que d’autres ont. C’est-à-dire que pour elle, elle ne regarde pas ce qu’il y a autour d’elle, elle regarde le monde, c’est comme ça que je l’ai imaginée. Malika connaît toutes les routes de l’Algérie mais elle n’y a jamais mis les pieds : elle connaît les routes d’Algérie par le récit des routiers qui sont de passage et qui lui racontent toutes les routes, tout ce qu’ils voient sur leurs chemins. Et tout de suite, j’ai eu envie de faire un film avec Malika mais aussi avec les routiers de passage

Hassen Ferhani

Né à Alger en 1986. De 2003
à 2008, il co-anime le ciné-club de l’association
Chrysalide à Alger. En 2006, il réalise son
premier film, un court métrage de fiction:
Les Baies d’Alger .
En 2008, il participe à l’Université d’été de
la FEMIS et réalise, plusieurs courts métrages..
« Dans ma tête un rond-point » (2016), son premier long
métrage, est plusieurs fois primé. En 2019, le jury du Festival international
du film de Locarno décerne le Léopard du
Meilleur Réalisateur émergent à 143 rue du
désert .