(1986) Grande Bretagne 3h03 De Bill Douglas Avec Robin Soans, Imelda Staunton, William Gaminara
Au sud de l’Angleterre, en 1834. Alors qu’ils vivent déjà à la limite de la misère, comme beaucoup d’autres paysans du Dorset, Trois d’entre eux apprennent que , le propriétaire des terres qu’ils exploitent, se dispose à réduire encore leurs pitoyables gages. Ils décident de réagir
Comrades » demeure une œuvre attachante, qui combine l’évocation historique très humanisée, avec le plaisir du jeu et des masques ; un incontournable du cinéma anglais

Au début, Comrades déconcerte : presque dénué de dialogues, il se présente comme la chronique d’une vie villageoise âpre, sans choisir un point de vue ni un héros. Ensuite, même si le portrait de groupe demeure la règle, George Loveless apparaît davantage comme le leader et le récit s’ancre autour de lui.
Sa bonté inonde l’écran et touche en plein cœur. Après l’unité de lieu du village, vient l’éclatement des endroits où parviennent les six hommes ; on suit avec intensité leurs destins contrastés.
Avec un sens extraordinaire de la couleur, Bill Douglas a composé une œuvre poétique dont les images saisissent avec autant de force picturale les champs du Dorset, les intérieurs misérables et les paysages australiens écrasés de chaleur.La Croix
Bill Douglas frappe encore par la précision de ses cadrages : leur composition limpide répond à un discours politique très frontal (voir la sécheresse de ces plans où les insurgés soutiennent le regard de leurs maîtres et leur adressent face caméra un geste de défi). Il confirme également son aisance pour le découpage, isolant souvent un visage dans le groupe, marquant son goût pour le détail, ou provoquant certains effets de rupture (ainsi le rire incongru d’une enfant qui vient trouer le silence après le chant mélancolique d’une jeune femme au cours d’une veillée). Bill Douglas passe avec succès à la couleur et porte une attention constante à l’éclairage : sa peinture du monde rural, baignée de clair-obscur, de lumières jaunes et de tons fatigués, évoque par endroits les tableaux de Jean-François Millet. Critikat
Le cinéaste parvient à éviter le prêchi-prêcha révolutionnaire grâce à un superbe « fil rouge » poétique. L’épopée des « camarades » est scandée par le récit d’un montreur d’ombres itinérant, interprété par Alex Norton. A chacune de ses apparitions correspond une nouvelle machine optique qui préfigure l’arrivée du cinéma (diaporama, lanterne magique, appareil photo très expérimental…). Magnifique façon de montrer que l’art accompagne l’humanité dans son rêve d’une vie meilleure et sublime cet idéal de fraternité. Samuel Douhaire Telerama

Né dans les faubourgs d’Édimbourg, il est élevé par sa grand-mère maternelle, fils illégitime d’un mineur, Bill Douglas exerce lui-même ce métier pendant toute son adolescence. De 1968 à 1970, il étudie à la London Film School ;.De 1972 à 1976, Douglas entreprend la conception d’une trilogie autobiographique composée des films suivants : My Childhood (1972), My Ain Folk (1974) et My Way Home (1976). . Sans nostalgie aucune, par un cheminement quasi documentaire et le recours à une photo contrastée, le cinéaste nous restitue, de manière à la fois brute et précise, ce que sa mémoire a retenu d’une enfance difficile vécue dans la solitude et le manque d’affection.