« Indianara » lundi 07 mars 20h30

(2019) Brésil 1h24 documentaire De Aude Chevalier-Beaumel, Marcelo Barbosa

Dans un Rio en ébullition, la colère gronde. Indianara, révolutionnaire hors norme, mène avec sa bande un combat pour la défense des minorités et la survie des personnes transgenres au Brésil.

C’est une œuvre qui se donne à nous comme un manuel de survie en terrain hostile, comme un pamphlet d’une immense richesse poétique. C’est enfin la démonstration que partout où nos libertés sont assiégées, c’est encore en puisant au plus profond de nos différences que nous trouverons la force de construire un idéal commun. » (Acid)

Mais pas d’idéalisme qui tienne : Chevalier-Beaumel et Barbosa mettent aussi en exergue les conflits internes, le découragement, la sensation d’appartenir à un monde incapable de comprendre. Éminemment politique, Indianara dénonce les hypocrisies d’une gauche faussement inclusive, avant d’en arriver à la tragique arrivée au pouvoir de Jair Bolsonaro (en janvier dernier), prêt à piétiner les minorités. Le Brésil est entré dans une phase de résistance, ce qui inclut également le secteur cinématographique : dès son arrivée au pouvoir, le président d’extrême droite a commencé par supprimer le ministère de la Culture, au nom de son combat contre ce qu’il nomme le « marxisme culturel ». Dans la lutte sans fin contre la bêtise et la haine, Indianara s’impose comme une référence absolue en matière de force de conviction et de ténacité. (Trois couleurs)

L’interview des réalisateurs

L’humour est un élément très important du film, qui traite de sujets très graves sans jamais tomber dans le pathos.

Pendant ces deux années passées avec Indianara et ses « enfants », nous n’avons jamais vu personne baisser la tête devant une situation ou fuir une confrontation. pour eux, plutôt mourir. alors si eux ne tombent pas dans le pathos, nous n’en avons pas le droit non plus ! nous avons vu des gens très forts dans les pires situations, et c’est comme ça que nous voulions les dépeindre. l’humour c’est la sortie de secours, c’est la survie. la dérision est toujours proche. C’est aussi une arme contre l’autoritarisme. Indianara et son mari Mauricio sont comme un duo de clowns, ils se tendent la perche et se renvoient la balle constamment dans l’arène de leur vie de couple

Où en est son action aujourd’hui ? Quelle est la situation de ceux qui vivaient à la casa Nem ?

Aujourd’hui Indianara et les siens occupent un immeuble de 7 étages à Copacabana. un immeuble dans lequel elle a trouvé, dans une des chambres, des pièces de collection, objets indigènes, sculptures anciennes, des reliques, des os. Elle a immédiatement contacté le Musée national et les autorités pour analyser l’origine de ces pièces. En attendant, ils ont donc l’autorisation de rester dans cet immeuble, plus confortable et plus grand que la Casa nem. Elle y a regroupé ses forces, ses « enfants » et n’abandonne pas la lutte. plus que jamais le Brésil a besoin d’elle. Elle a été exclue de son parti politique mais continue de militer pour les Droits de l’homme. Beaucoup de gens la détestent, même à gauche car son franc parlé repousse les politiques traditionnelles autant qu’il attire les minorités. Comme défenseuse des prostituées, elle est également mal vue par beaucoup de féministes. Elle a eu des moments durs, une tentative de suicide qu’elle assume, des envies de tout arrêter, mais elle repart et n’abandonne pas la lutte.