( 2020) Allemagne 1h38 Un film de Jan-Ole Gerster Avec Corinna Harfouch, Tom Schilling, André Jung
Lara vit un jour important : c’est le premier concert de piano donné par son fils Viktor. Elle le soutient depuis ses débuts ,mais Viktor est injoignable et Lara semble ne pas être conviée à l’événement. La journée va alors prendre un tour inattendu.
Corinna Harfouch, qui joue le rôle titre, est absolument bluffante. La grande classe du film est de parvenir, en moins d’un tour de cadrant, à résumer toute une existence passée à côté de l’essentiel, ses frustrations, ses déchéances sans pour autant condamner qui que ce soit. Bien au contraire, peut-être les premiers jalons sont-ils posés d’une prise de conscience douloureuse mais salutaire. Peut-être existe-t-il une lumière au bout du tunnel ? utopia
Dans ce récit qui interroge finement le rapport ambivalent de domination et de soumission se construit un jeu de ricochet dont l’issue paraît bien incertaine. En s’emparant de cette relation pernicieuse entre un fils et sa mère, Jan-Ole Gerster tisse une fable touchante et monstrueuse autour d’une vie vécue par procuration, entremêlée d’une habile réflexion sur la difficulté à se libérer des maîtres, ceux qui s’imposent à nous, comme ceux que nous nous choisissons, par peur d’affronter notre liberté. critikat
Corinna Harfouch
Elle fait partie des actrices allemandes les plus reconnues actuellement.
Que ce soit au cinéma, à la télévision ou au théâtre, elle captive le public par sa
polyvalence, sa profondeur et sa passion depuis plus de trente ans. Au début des années 1990, elle a travaillé sur toutes les scènes de Berlin.
Parallèlement à ses rôles au théâtre, la carrière de Corinna Harfouch à la télévision et
au cinéma a commencé dans les années 1980, Depuis, Corinna Harfouch
a joué dans plus de 80 productions.
En 2001, le réalisateur Hark Bohm revient sur l’un des meurtres les plus spectaculaires
de l’après-guerre dans la série télévisée à succès L’affaire Vera Brühne. Corinna
Harfouch a reçu le Prix de la télévision allemande. Son interprétation de Magda
Goebbels dans La Chute d’Oliver Hirschbiegel (2004) lui a également valu les éloges
de la critique .
Parallèlement à sa carrière cinématographique, Corinna Harfouch continue de jouer
sur toutes les grandes scènes germanophones.
Jan-Ole Gerster
Né en 1978, Jan-Ole Gerster s’est installé à Berlin en 2000 pour faire un stage avec la
société de production X-Filme Creative Pool (Cours, Lola, cours, Le Ruban blanc,
Babylon Berlin). Il est ensuite devenu l’assistant personnel de Wolfgang Becker lors
de la production de Good Bye, Lenin ! En 2004, il a commencé ses études à
l’Académie allemande du cinéma et de la télévision de Berlin.
Son premier film, Oh Boy, est devenu un succès inattenduau box-office allemand à l’automne suivant.
Sondeuxième long-métrage, Lara Jenkins, a fait sa première mondiale à l’été 2019 à
Karlovy Vary où il a reçu le Prix Spécial du Jury, le Prix de la Meilleur actrice et le Prix
Œcuménique.
L’Interview du Réalisateur
Comment définir la relation entre Lara et son fils ?
C’est presque une relation pathologique, elle en a fait un fils « à sa maman ». Elle l’a
rendu incapable d’autonomie. Il y a ce phénomène connu où les mères aiment
tellement leurs enfants qu’elles les rendent malades pour pouvoir davantage
s’occuper d’eux. Viktor est longtemps resté dépendant d’elle, d’ailleurs, quand
commence le film, cela fait assez peu de temps qu’il l’a quittée.
C’est un phénomène fréquent, dans la musique comme dans le sport : si vous sacrifiez
votre enfance et votre adolescence pour une pratique intensive, vous devenez asocial,
vous êtes perdu dans la vraie vie.
Le film est traversé par un esprit assez absurde. Comment avez-vous insufflé des
doses d’humour dans cette histoire ?
L’humour était déjà présent dans le scénario, mais c’est vrai qu’un autre metteur en
scène aurait pu en tirer un film 100% dramatique. Cela fait partie de ma vision du
monde. Deux policiers viennent faire une perquisition, mettent un appartement sens
dessus dessous, mais tout à coup, l’un d’entre eux s’adoucit, remarque un piano, se
met à jouer, pas très bien, La Lettre à Élise. Et vous pouvez imaginer ce policier, quand
il était adolescent, torturé par son prof de piano. C’était déjà dans le scénario, et je
trouve ça drôle, émouvant, et universel : quiconque a touché un piano a joué ce
morceau.