En partenariat avec Lectures vagabondes
Yasmine Khlat

D’origine syro-libanaise, née à Ismaïlia en Égypte, près du canal de Suez. À Beyrouth, elle entame en 1979 une carrière dans le cinéma en incarnant Nalha, dans le film éponyme du cinéaste algérien Farouk Beloufa. Elle tourne également avec Abdellatif Ben Ammar (Tunisie) et Mohamed Malas (Syrie), deux réalisateurs qui seront sélectionnés au Festival de Cannes. Yasmine Khlat quitte le Liban pour la France pendant la guerre civile et réalise un documentaire, Leylouna – Notre nuit (1988) avant d’entrer en littérature plus d’une dizaine d’années plus tard, avec son premier roman, Le désespoir est un péché (2001). Naturalisée française, Yasmine Khlat vit et travaille à Paris.
L’entretien portera sur deux de ses ouvrages:
Egypte 51

Roman d’amour, roman de l’exil, roman historique dans les tourmentes du Moyen-Orient : la correspondance de Mia et Stéphane commence dans les années 50 dans une Egypte cosmopolite bouleversée par la nationalisation du Canal de Suez, se poursuit dans les années 70 au Liban avec la guerre civile. Ce roman épistolaire d’une écrivaine originaire d’Egypte est d’une écriture délicate qui rend compte des drames comme des petits bonheurs dans des vies emportées par le souffle de l’histoire.
Egypte 51 est un roman profond par sa simple écriture. Il peint à la fois l’Egypte et le monde. Mêlant histoire et fiction, il explore la frontière entre la guerre et la vie, l’espérance et le désespoir, la tendresse et le chagrin, l’exil et la terre natale. Yasmine Khlat rend un poignant hommage à ses parents, au genre épistolaire, et à l’Egypte des années 50. C’est un beau roman qui sauve la mémoire ! Tawfiq Belfadel
Cet amour

Un petit appartement à Paris. Une femme n’en peut plus de ses tocs – ses tics obsessionnels compulsifs. Elle fixe la fenêtre de son salon, attirée vers le vide. Puis elle réagit, va vers son téléphone et compose un numéro : Allô, docteur Rossi ?
Une discussion s’engage dans la nuit avec ce psychiatre dont elle a seulement entendu la voix à la radio. Il saisit sa détresse, lui maintient la tête hors de l’eau. Mais elle est libanaise, et lui s’avère être israélien. Or son pays interdit tout contact avec un citoyen israélien. Peuvent-ils même se parler ? Les guerres, les murs virtuels et réels peuvent-ils séparer deux êtres qui se rencontrent ?
Le roman fait l’éloge de la paix en ces temps de guerre et de haine. Le sujet des tocs est un prétexte. L’éloge de la paix est incarné par les nationalités à la fois proches et lointaines des deux personnages, Irène la Libanaise, et Rossi l’Israélien. Les murs entre les deux pays sont effacés par le pont de la paix que bâtissent les deux, grâce à cet appel téléphonique. Effacés par les mots. « Je contemple les choses et les évènements avec plus de paix » (p.26). Ainsi, le roman explore ce questionnement philosophique à travers une simple fiction : peut-on effacer les murs de la haine, visibles et invisibles, par les mots de la paix ?
Dans le roman, le thème de la paix n’est pas réductible aux deux nationalités des personnages, mais universel. L’auteure rend hommage à tout humain touché par la haine : le peuple du Yémen, les migrants, les SDF, les Juifs persécutés… « Une fois devant la fenêtre ouverte j’ai égueulé Paris pour le sort que les Juifs ont connu durant les années hitlériennes »Tawfiq Belfadel