« Alice et le Maire »lundi 28 septembre 20h30

Nicolas Pariser (2019) France 1h43 avec Fabrice Luchini, Anaïs Demoustier, Nora Hamzawi…

Le maire de Lyon, va mal. Après trente ans de vie politique, il se sent complétement vide. Son entourage décide de lui adjoindre une jeune et brillante philosophe. Un dialogue se noue.

Alice impressionne le maire d’abord parce qu’elle n’a rien à voir avec son monde. Elle se faufile dans les temps morts de sa vie, souvent l’espace d’un trajet entre deux rendez-vous, pour y distiller plus ou moins naïvement ses conseils et ses appels à l’humilité. Bien qu’elle idéalise une situation improbable, cette comédie n’est pas pour autant un conte de fées. Pariser se garde de candeur tout autant que de sarcasmes. Tels qu’il les montre, le monde politique et la démocratie ne vont pas bien, réfléchissent de travers, s’enlisent dans leurs mots vidés de sens et leurs raisonnements mécaniques. Marcos Uzal

On ne prétendra pas que la légendaire pusillanimité du cinéma français à l’égard de la représentation de la chose politique ait disparu. Du moins la trouve-t-on désormais écornée, de loin en loin, par d’excellents films. Le meilleur exemple reste, à cet égard, L’Exercice de l’Etat (2011) de Pierre Schoeller. On lui adjoint sine die Alice et le maire de Nicolas Pariser, qui partage avec lui, sans jamais verser dans la naïveté, une vraie croyance dans le monde qu’il filme, ainsi qu’une bienfaisante suspension de l’aigreur ordinaire qui conduit sans coup férir à la disqualification du sujet.
Nicolas Pariser se rapproche d’Eric Rohmer – lequel avait signé, en 1993, L’Arbre, le maire, et la médiathèque avec Fabrice Luchini – pour une petite leçon de morale politique, écologique et existentielle.
J. Mandelbaum, Le Monde

L’interview du réalisateur: Dès vos premiers courts-métrages, la chose politique se révèle votre sujet de prédilection…

Oui, je m’y suis intéressé très tôt. Dès le lycée, j’étais toujours volontaire pour être délégué. Mais mon premier choc politique passe par la littérature, à mon arrivée à Paris. J’ai lu toute La Comédie humaine de Balzac, avec une avidité incroyable. C’est dans cette œuvre que j’ai découvert ce qui m’intéresse aujourd’hui encore au cinéma : la rencontre de la politique, de l’histoire et de l’intimité. Toutes choses que je rencontre aussi chez Mizoguchi, de manière inégalée.

C’est un geste politique de mettre l’avenir dans les mains des littéraires. La littérature embrasse toute l’histoire, toute l’intelligence humaine.

C’est ça . Et ce qui est terrifiant dans la politique aujourd’hui c’est qu’on a l’impression qu’on a retirè du train le wagon du passé et qu’il ne reste que l’ignorance.C’est important de savoir comment on se rattache à l’histoire. Et comme ça ne m’intéresse pas de le faire à travers mes parents ou mes grands parents c’est dans la littérature que j’ai trouvé mes racines

Nicolas Pariser

Après des études de droit, de philosophie, d’histoire de l’art et de cinéma, il est, au début des années 2000, critique de cinéma . En 2008, il réalise son premier court métrage, Le jour où Ségolène a gagné, qui raconte la journée d’une militante socialiste le jour de l’élection de Nicolas Sarkozy. L’année suivante, il réalise le moyen métrage politique La République qui obtient le prix Jean-Vigo 2010. . Le Grand Jeu, est son premier long métrage, où on croise plusieurs chapitres sulfureux de l’histoire politique française.