: »Séjour dans les Monts Fuchun »

C’est un premier film admirable, début d’une trilogie, d’un jeune réalisateur Gu Xiaogang, originaire de Fuyang petite ville à l’ouest de la Chine, qui ancre son tournage dans le réel choisissant ses acteurs parmi sa famille ses amis et évoquant le restaurant que tenait ses parents.

Quatre frères, une mère à charge, des enfants qui s’émancipent de la tutelle de la famille, la politique de l’enfant unique abandonnée, voilà le décor sociétal de ce film, peint avec douceur en de lents travellings auxquels s’opposent la brutalité et la rapidité avec lesquelles est démolie la ville  pour la rénover.

La violence subie  en sourdine par les personnages met à mal les valeurs familiales traditionnelles : les mères essayant d’assurer l’avenir matériel de leurs filles par un riche mariage, l’ainé affrontant les difficultés de ses frères, de sa mère qui asphyxient  son quotidien. La vie est difficile d’autant que le capitalisme féroce  est là: des investissements foireux, des activités illicites, mafieuses pour faire de l’argent à tout prix.

Séjour dans les monts Fuchun (Détail)

La destruction des espaces n’a pas atteint la nature, le fleuve les monts sont intacts, directement liée à la peinture de paysage traditionnelle chinoise (le titre du film fait référence à une  œuvre de Huang Gongwang). Mais le danger guette, déjà dans les nouveaux ensembles cette nature est reconstituée artificiellement  comme pour la remplacer.

L es parents sans conviction, avec réalisme, jouent le jeu de la rénovation et ce dans tous les domaines. Les enfants, porteurs d’espoirs imposent  leur vie privée et un dernier plan en extérieur d’un des frères seul au milieu d’une marche d’un escalier imposant annonce une suite aléatoire

Séjour dans les monts Fuchun (Détail)

Sismographe du présent, Gu Xiaogang, auteur du scénario original, a voulu son film à la fois précis et ample, tressant le parcours d’une dizaine de personnages tout en cherchant à se caler sur la respiration intérieure et immatérielle d’un univers d’autant plus fascinant qu’il paraît circonscrit à quelques rues et à l’horizon prosaïque des fins de mois, des bulletins de santé et des querelles de voisinage  Didier Péron