« Brooklyn affairs » de Edward Norton

New York dans les années 1950. Lionel Essrog, détective privé souffrant du syndrome de Gilles de la Tourette, enquête sur le meurtre de son mentor et unique ami Frank Minna, et  découvre des secrets dont la révélation pourrait avoir des conséquences sur la ville de New York

C’est un polar, un film noir dont le genre est bien codifié on peut penser au « Grand sommeil » de Howard Hawks et donc aux ouvrages de Raymond Chandler mettant en scène Philippe Marlow. Ici c’est Lionel interprété par le réalisateur Edward Norton (deuxième film) et si l’humour pointe son museau, l’embrouillamini de fils sur lesquels tire le héros tient en haleine le spectateur. Les intrigues s’accumulent, se superposent, s’interpénètrent lors d’une scène délicieuse de club de jazz ( Wynton Marcialis, en off, à la trompette, sublime interprétation, à la Miles Davis). La tension à partir de cet instant va crescendo, le montage s’énerve, les fils se croisent et révèlent soif de pouvoir , d’argent, racisme et habileté du héros pour protéger ceux qu’il aime, tout en se vengeant et en se réalisant lui orphelin qui a perdu son père de substitution.

La famille vraie, fausse, absente est en filigrane un des supports des relations entre les personnages et comme le spectateur ne découvre les choses que pas à pas il est pris dans ce dédale où se débat le héros, thriller oblige.

Le film est adapté de l’ouvrage de Jonathan Lethem : « Les Orphelins de Brooklyn » paru en 1999 et  transposé dans les années 50 faisant référence ainsi à l’action d’un homme de pouvoir: Robert Moses remodelant la physionomie de New York telle qu’on la connaît aujourd’hui mais ses chantiers ont provoqué l’éviction et le déplacement d’un demi-million de personnes modestes dont les lieux de résidence entravaient ses projets.

« La réussite de cette œuvre ambitieuse et personnelle est d’autant plus réjouissante qu’elle préserve en même temps la jubilation du film de genre en renouvelant avec inventivité et humour les codes narratifs et visuels du film noir. Œuvre complète « Brooklyn affairs » offre aussi à l’acteur Edward Norton un exercice de haute volée dont il s’acquitte avec brio auquel il serait injuste de ne pas associer ses excellents partenaires »  (Franck Garbarz, Positif)