« Le Rêve de Noura » de Hinde Boujemaa

Noura dont le mari est en prison s’apprête à obtenir le divorce pour vivre avec son amant Lassad, mais son époux bénéficiant d’une grâce présidentielle est libéré.

Une situation explosive quand on sait que les relations extra conjugales sont punis de cinq ans de prison en Tunisie.

Hend Sabri (vue adolescente dans les films de Moufida Tatli dont le merveilleux « Les silences du palais » est une Noura prise dans les rets de la loi, de la corruption  et des hommes. Etre libre de ses choix est quasiment chose impossible et si un premier gros plan intime entre Lassad et Noura code le désir, l’élargissement des plans tout au long du film insérera les obstacles insurmontables à cette relation.

La qualité du film en dehors de son interprétation est de ne pas nous fourvoyer dans une représentation littérale et manichéenne  de la condition féminine en Tunisie. Chaque personnage est complexe, au cours d’une scène au commissariat chacun ment pas seulement pour soi mais aussi pour protéger l’autre. Le mari nauséabond a quelques scènes touchantes, l’amant peut être  injuste envers Noura qui porte sa part de duplicité coupable. Chacun est façonné par le consensus social sur les relations hommes femmes et le final bien qu’ouvert n’est pas optimiste, le titre le confirme.

Quel choc ! Ce n’est pas un hasard si « Noura rêve » arrive en France couvert de prix.  Noura rêve » est une fenêtre ouverte sur les espoirs largement déçus de la révolution arabe et sur le destin des femmes tunisiennes qui, malgré l’énorme poids social, gardent la tête haute, prêtes qu’elles sont à tous les combats.

C’est magnifique.  (La Nouvelle République)