« The Guilty » lundi 14 septembre 20h30

séance gratuite

Gustav Möller (2018) Danemark 1h28 Avec : Jakob Cedergren

Une femme, victime d’un kidnapping, contacte les urgences de la police. La ligne est coupée brutalement. Pour la retrouver, le policier qui a reçu l’appel ne peut compter que sur son intuition, son imagination et son téléphone.

Gustave Möller choisi de dégainer un thriller se déroulant exclusivement au téléphone. Périlleux? Oui-da! Mais le résultat est à la hauteur du défi car si le spectateur ne voit rien du drame qui se joue dans « The Guilty », il entend tout. Double bonus du coup! D’une part, il se « fait son film » en temps réel, l’oreille et l’esprit constamment aux aguets tandis que l’intrigue jalonnée de twists ne cesse de cavaler. Et, d’autre part, il constate (non sans délectation) à quel point ce jeune réalisateur suédois maitrise les ressources du cinéma, art audiovisuel, s’il en est….. Gustave Möller tisse une dramaturgie pertinente. Cadre, sons, lumières : tout converge tandis que le huis clos initial s’efface au profit d’un thriller mental. Autant dire que l’on ne s’ennuie pas une seconde ! (Ariane Allard Positif)

Ce scénario à même de nous prendre par le col sans plus jamais nous relâcher sinon lors du générique final. Tout monte crescendo et surtout tout se tient. Tout est crédible car nous on imagine tout et on ne voit rien. On reste avec notre type scotché au tel et notre esprit se prend à imaginer les traits de la kidnappée, de ses enfants restés à la maison ou du kidnappeur.
La mise en scène de Möller passe alors par la bande son. La pluie qui tombe avec fracas sur le pare-brise de la voiture, les halètements, les voix, les voitures de flics sirènes hurlantes au loin… Tout est fait pour toujours nous garder dans une bulle de plus en plus anxiogène, implacable et inextricable. Et avec cela le réalisateur n’oublie jamais de caractériser son personnage, de nous expliquer son parcours et incidemment ses motivations à aller au-delà de sa routine pour finir par s’impliquer totalement. Cerise sur le gâteau, la réalisation ne joue jamais au plus malin histoire de masquer une éventuelle répétition des plans. Tout s’imbrique à la perfection faisant de
The Guilty certes un excellent thriller mais aussi l’un des meilleurs films d’action vu ces dernières années.

Paroles de Gustav Möller

  • « Nous souhaitions jouer avec le genre du thriller, et avec les attentes du public sur le genre. Notre protagoniste va à l’encontre des règles. Généralement, quand un héros fait ça dans un film, il a toujours raison. Quand on voit un flic qui dit « je ne fais pas ce que veut le système, je fais comme je sens », on est de son côté. Donc, on commence le film avec ce genre d’archétypes sur le bien et le mal. Ensuite, au fur et à mesure que le film avance, on arrive dans une zone grise. Car la réalité est bien plus nuancée…« 
  • « Je crois que les images les plus fortes d’un film sont celles que l’on ne voit pas. L’idée m’est venue quand j’ai été témoin d’un appel au 112 d’une femme kidnappée. Elle était en voiture, assise à côté de son kidnappeur, elle parlait donc en langage codé. Au début, j’ai été intrigué par le suspense de l’appel, comme l’aurait été tout auditeur. Ensuite, j’ai réfléchi à ce qui le rendait si intriguant. Même si j’avais simplement entendu l’appel, c’était comme si j’avais pu voir les images. Je voyais la femme, la voiture dans laquelle elle était, la route sur laquelle roulait la voiture et même le kidnappeur assis à côté d’elle. J’ai compris que chaque personne écoutant cet enregistrement verrait des images différentes : une femme différente, un kidnappeur différent, etc… C’est là que je me suis dit : et si on utilisait cette idée d’images mentales dans un film ? Au cinéma, on peut créer tout un univers à l’intérieur d’une seule pièce. Avec “ The Guilty ” j’espère avoir réalisé un thriller haletant, qui offre à chaque spectateur une expérience qui lui est propre. »

Gustav Möller

Gustav Möller est né à Göteborg, en Suède, en 1988. À 20 ans il déménage au Danemark et intègre la National Film School of Denmark, où il y rencontre ses collaborateurs principaux : sa productrice Lina Flint et son scénariste Emil Nygaard Albertsen. C’est en collaborant sur deux court-métrages à l’école – parmi lesquels leur court-métrage de fin d’études « In Darkness » – que Flint, Möller et Nygaard Albertsen ont compris qu’ils avaient une sensibilité commune. Après l’obtention de leur diplôme, Flint et Nygaard Albertsen ont fondé Nordisk Film Spring, le nouveau pôle de talent soutenu par Nordisk. Spring est un collectif. Comme l’explique Lina Flint : « Nous sommes tous assis dans une seule et même pièce pour travailler, et cela crée une relation étroite ». « The Guilty » est le premier long-métrage produit par Nordisk Film Spring, qui a également récemment produit la série télévisée « Joe Tech ».