« Tango libre » Mercredi 29 avril 20h30

Frédéric Fonteyne (2012) Belgique1h37 Avec : François Damiens, Sergi López

JC, gardien de prison, est un homme sans histoire. Sa seule fantaisie consiste à suivre un cours de tango un soir par semaine. Un jour, il y rencontre une nouvelle venue, Alice. Le lendemain, il la retrouve avec surprise au parloir de la prison, elle rend visite à deux détenus : l’un est son mari, l’autre son amant. Étrangement attiré par cette femme libre qui ne vit selon aucune règle, JC finit par transgresser tous les principes qui gouvernaient sa vie jusqu’alors…

Tango libre » séduit avant tout par la fragilité masquée de ses personnages et la justesse de ses interprètes. Récit de l’éveil des sens chez un gardien de prison (François Damiens) à la vie étriquée comme celle de son poisson rouge vieux de 15 ans qui ne bouge presque plus, « Tango libre » est aussi l’occasion d’interroger la notion d’espoir chez deux prisonniers aux caractères très différents (Sergi Lopez en nerveux hidalgo et Jan Hammenecker, imposant Flamand à la tête de gars tranquille, mais qui bout intérieurement) et pour la femme qui les attend dehors (Anne Paulicevich, pétillante).

Par ses scènes décalées, telles l’interpellation d’un caïd argentin pour apprendre le tango ou les leçons prises en prison, le film séduit et surprend autant qu’il convainc, en jouant la carte d’un réalisme sublimé. Si le dernier quart d’heure soulèvera, quant à lui, plus de réserves, il n’en reste pas moins que ce joli scénario pointe une vérité indéniable et douloureuse : « quand on aime, on choisit ». Olivier Bachelard

Paroles de Frédéric Fonteyne

Avant d’écrire ce scénario, Anne Paulicevich et moi-même avons essayé d’écrire un autre scénario qui s’intitulait «une famille ordinaire». Pour cela, nous avons fait des recherches sur l’histoire de nos familles respectives. nous avons tourné autour de certains secrets, sans parvenir à les percer, éclairer certaines zones d’ombres. nous nous sommes confrontés aux fantômes et aux dysfonctionnements constitutionnels de nos familles. C’était un travail passionnant et pourtant, nous nous sommes rendus compte que nous n’avions pas le recul nécessaire, que la fiction nous manquait pour faire décoller le projet. C’est à cette époque qu’est née l’histoire de Tango Libre.

J’ai essayé d’apprendre le tango il y a quelques années, mais je n’y suis pas arrivé, j’ai préféré continuer à faire des films plutôt que tout abandonner et partir vivre à Buenos Aires. Pourtant, le tango et le cinéma ont pour moi un point commun. tous deux dévoilent des choses sur les corps qu’on n’aurait pas vues sans eux. Le tango révèle la maladresse tragi-comique des personnages, la beauté de cette maladresse. il véhicule aussi des thèmes comme la passion, la trahison, l’homosexualité latente, le combat pour une femme.

Le héros de mon histoire est un homme invisible, qui regarde. Regard d’un homme qui regarde une femme désirée par un autre homme. Regards entre un père et son fils, regards entre un père et un autre père, regard d’un homme sur une femme qu’il partage avec son meilleur ami. ou comment décliner le regard à partir du moment où il est impliqué par le désir.

Frédéric Fonteyne

Passionné de littérature, de dessin et de peinture et après des études de réalisation , Frédéric Fonteyne dirige quatre courts métrages, tous : Bon anniversaire Sergent Bob (1988), Les Vloems (1989), La Modestie (1991) et Bob le déplorable (1993). Après avoir mis en scène pour le théâtre la pièce Jef en 1995, il se lance en 1998 dans la réalisation de son premier long métrage, Max et Bobo, une comédie dramatique sur la crise existentielle du gérant d’un salon de coiffure. L’année suivante, Frédéric Fonteyne réunit devant sa caméra Nathalie Baye et Sergi Lopez pour Une liaison pornographique (1999), sélectionné à la 56e Mostra de Venise. Fort de son succès, il attend toutefois quatre ans avant d’adapter au cinéma le roman La Femme de Gilles de Madeleine Bourdouxhe, avec Emmanuelle Devos et Clovis Cornillac dans les rôles-titres.