Solveig Anspach (2012) France 1h27 Avec : Florence Loiret-Caille, Didda Jonsdottir, Úlfur Ægisson
Agathe de retour en France chez elle à Montreuil doit faire le deuil de son mari et se remettre à son travail de réalisatrice. L’arrivée inopinée à son domicile d’un couple d’islandais, d’une otarie et d’un voisin vont donner à Agathe les pouvoirs de reconquérir sa vie…
Un film à l’ humour délicieux où l’intime le dispute au généreux

Le film oscille toujours entre une spontanéité absurde et délectable, la fantaisie de la fable (notamment dans l’histoire secondaire entre Anna et Samir, qui se rencontrent en haut d’une grue), et la mélancolie du manque, du doute. La principale qualité et la généreuse vigueur du film sont avant tout dans cette variété de tons et le décalage constant qu’elle impose. Sans crier gare, le film passe d’un bond du sérieux, de la nostalgie la plus douloureuse au comique le plus amusant (voir l’excellente scène avec Sophie Quinton : déchirante et incongrue tout à la fois). La ligne trop traditionnelle du scénario est donc sublimée par l’audace thématique (éloge de la simplicité, du partage, de « l’or du pauvre » – le cannabis), par l’originalité symbolique (le phoque qui matérialise l’absence du défunt et le deuil à venir), par le mordant des dialogues tirant toujours vers l’absurde. Critikat
La demeure de celle-ci devient dès lors une maison d’accueil, où règnent l’amitié et même, timidement de retour, l’amour. Mais la cinéaste ne cède jamais le pas à la sensiblerie. Elle joue sur tous les ressorts de la comédie, dont le vaudeville, au gré d’une scène qui donne l’occasion à la délicieuse Sophie Quinton de faire une petite visite à ce film hospitalier. Bien entourée par Didda Jonsdottir et Ulfur Aegisson, Florence Loiret-Caille est la comédienne idéale pour jouer la fantaisie jusque dans le deuil, la fragilité associée à la cocasserie. Une actrice dans la lignée de Juliet Berto, avec son monde à elle, qui sert ses personnages. politis
La réalisatrice
Solveig Anspach naît en Islande d’un père américain et d’une mère islandaise fait ses études à Paris, et les achève en 1990, en décrochant un diplôme de réalisation à la FEMIS. Sa carrière commence avec la réalisation de quelques documentaires , c’est en 1993 qu’elle s’attaque pour la première fois à la fiction .
A la fin des années 90 elle commence à rencontrer le succès. Le documentaire Que Personne ne bouge, décroche le grand Prix du Jury et du public au Festival international du film de femmes de Créteil en 1998, puis en 2001 son film Made in the USA sur la peine de mort aux Etats-Unis est sélectionné à la quinzaine des réalisateurs à Cannes. La fiction lui réussit aussi puisque son premier long-métrage Haut les Coeurs sorti en 1999 rencontre un franc succès et permet à Karin Viard de décrocher un César pour son interprétation.
En 2003, son film Stormy Weather est sélectionné dans la section Un certain regard du festival de Cannes. Elle enchaîne avec Skrapp út en 2007, puis Queen of Montreuil en 2012. En 2013, elle tourne à nouveau avec Karin Viard pour le film Lulu femme nue.
Le 7 août 2015, Solveig Anspach meurt des suites de son cancer. L’effet aquatique, son dernier film est cependant sélectionné pour la compétition officielle du festival de Cannes 2016.
Paroles de la réalisatrices
Il n’a pas été facile de diriger le phoque » raconte Solveig Anspach. « Il y avait beaucoup de tension sur le plateau. Dans les dessins animés, le phoque est dépeint comme un animal doux et gentil, mais en vérité c’est un animal qui fait peur, avec ses 100 kilos pour une stature comparable à la nôtre. Je remercie Florence de son courage. »
« En Islande, les femmes ont bien plus de pouvoir, elles occupent des postes-clés comme Premier ministre ou évêque… En France, la société reste profondément machiste.
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On me demande souvent d’où je suis, d’où je me sens et j’ai tendance à répondre que je me sens de mon quartier, c’est tout. Quand j’étais petite et que je rentrais de l’école, il m’arrivait quand même souvent de demander à mes parents : « Mais, en fait, je suis quoi ? » Ma mère est islandaise, mon père américain, né à Berlin, de père roumain, juif alors que ma mère est protestante. Ils nous ont élevés dans un esprit vraiment multiculturel.
Mon père a appris l’islandais après avoir rencontré ma mère, c’est la langue qu’on parlait à la maison. Il nous ont mis dans une école allemande. L’été, on allait soit aux Etats-Unis, soit en Islande. Ils nous ont élevés dans la culture juive, mais pas dans la religion. Ils me disaient : « Tu es une citoyenne du monde et tu as beaucoup de chance. » Mon cinéma va dans ce sens : j’ai tourné aux Etats-unis, en Bosnie, en Nouvelle-Calédonie, en Islande…