Malik Bendjelloul (2012) États Unis, Suède 1h25 Avec Malik Bendjelloul, Sixto Díaz Rodríguez, Stephen Segerman
Au début des années 70, Sixto Rodriguez enregistre deux albums .
C’est un échec. Plus personne n’entendit parler de Rodriguez. Sauf en Afrique du Sud où, sans qu’il le sache, son disque devint un symbole de la lutte contre l’Apartheid. Des années plus tard, deux fans du Cap partent à la recherche de “Sugar Man”.
Un film qui fait partager l’émotion musicale et en expose la puissance. Une histoire faite de surprises, d’émotions et d’inspiration.
. Le regard sensible du cinéaste, plutôt que de s’égarer dans ces pistes multiples, les utilise pour nourrir le portrait d’une figure difficile à aborder de front. L’énigme que constitue Rodriguez perdurera en effet une fois tout les faits établis, de par sa nature même, totalement hors normes. Si la mise en scène de soi est souvent la clé du succès, ici, un individu extraordinaire semble tout faire pour éviter de se révéler comme tel. À sentir l’impact de sa vie sur celles des autres, à entendre leurs récits, se dessine pourtant un personnage profondément original, à la fois sans compromis envers son art et prêt à mettre son énergie aux profits d’autres causes, à renoncer à la reconnaissance ou à l’accepter indifféremment, sans la moindre trace de vanité. La tournure cendrillonesque que prend l’aventure de Rodriguez lorsque ses filles la décrivent tranche avec celle que lui semble avoir vécue : un fait agréable, mais qui ne change rien, comme si toutes ces histoires n’avaient au fond pas beaucoup d’importance. Ironique conclusion Critikat
Malik Bendjelloul a su garder la bonne distance, enthousiaste sans être complaisant. Il a réalisé ce film presque seul,, assurant le scénario, les interviews……..La simplicité des moyens n’est jamais un obstacle à l’émotion transmise, à son efficacité, et l’on voit bien à la fois son habileté (notamment l’utilisation des images de son premier concert à Cape Town qui ne sont ni très nombreuses, ni très riches mais parfaitement en place) et l’élégance du montage qui lie les images sur les routes d’Afrique du Sud ou dans les rues de Détroit. Positif
Malik Bendjelloul
Né en Suède d’un père algérien et d’une mère suédoise, il était aussi une figure du petit écran. Petit, il était l’un des acteurs d’une émission pour enfants . Après des études en journalisme et en production , il s’était fait remarquer par ses émissions sur la musique pop.
Au milieu des années 2000, il était l’un des piliers de Kobra, une émission culte de la chaîne publique suédoise SVT. Ses petits films mash-pop à la Michel Gondry y faisaient merveille. Depuis son oscar, pour « Sugar man » il vivait entre Stockholm et Manhattan où il s’était installé dans une maison délabrée au sud de Harlem avec vue sur Central Park. Il avait trouvé, parti en Afrique un nouveau sujet aussi émouvant et prometteur que Sugar Man: la vie de Lawrence Anthony, l’homme qui parlait avec les éléphants. Il s’est donné la mort en 2014.
Sixto Diaz Rodriguez
né le 10 juillet 1942 à Detroit dans une famille d’origine mexicaine et amérindienne, . Il est confronté dès son plus jeune âge à la pauvreté . Son père ,joueur de blues, va l’initié à la musique , Adolescent Il joue ainsi tous les soirs dans des bars malfamés de la ville, reprenant les chansons des Beatles, des Stones, de Leonard Cohen ou encore de Bob Dylan.
Repéré par deux producteurs : il signe un premier album d’une incroyable diversité musicale, à mi-chemin entre la soul et la folk, l’album à tout pour marcher mais va s’avérer être un flop total.
Néanmoins, un nouvel album, enregistré en Angleterre paraît en 1971. L’album est un pur chef d’œuvre, mais également un échec commercial. Rodriguez décide alors de tourner le dos à la musique et va ainsi enchaîner de nombreux emplois afin de nourrir sa famille, tombant ainsi totalement dans l’oubli aux États-Unis.
Cependant ses albums rencontrent un franc succès en Australie et en Nouvelle-Zélande. En Afrique du Sud son album est piraté et diffusé à plusieurs milliers d’exemplaires.
En 1998, sollicité il retourne sur scène et après la sortie du film en 2012 Il profite de cette notoriété pour se produire dans différents pays lors de concert qui seront vivement critiqués. En effet, à demi-aveugle, tenant à peine debout, épuisé par une vie à travailler sur des chantiers dans une situation précaire et alcoolique, le natif de Détroit n’est plus que l’ombre de lui-même. Il met dès lors logiquement fin à sa carrière.