« Mariage tardif » en partenariat avec Objectif-Sud lundi 31 janvier 18h

(2001) Dover Kosashvili Israël 1h40 Avec Lior Ashkenazi, Ronit Elkabetz, Moni Moshonov

Zaza, a 32 ans et sa famille souhaite enfin le voir s’installer et se marier. Comme le veut la tradition, il est de son devoir de choisir une jeune femme vierge, . Ses parents, lui organisent des rendez-vous avec des épouses potentielles et leurs familles.Zaza n’a pas le choix. Alors il embobine sa famille et se débrouille toujours pour échapper à des fiançailles en bonne et due forme. Ce que les parents de Zaza ignorent, c’est qu’il est déjà amoureux. ….

L’étoffe contrastée des personnages, brossés avec suffisamment d’excès et de finesse pour en faire des archétypes vacillants, la truculence et l’énergie brouillonne limite grivoise qu’ils dispensent inscrivent Mariage tardif dans la filiation des comédies italiennes de l’âge d’or, le rapprochant d’un Monicelli mâtiné de balkanisme, d’un Scola pas sordide ou d’un Sordi pas scolaire. Secundo tempo d’un film impressionnant dans sa gestion du rythme, Zaza s’échappe de la cellule familiale pour rejoindre l’appartement (deuxième déclinaison d’un processus d’enfermement) de sa maîtresse (Inrock)

Son récit est en grande partie autobiographique : il a d’ailleurs confié à sa propre mère l’encombrant personnage de Lili, la mère de Zaza ! Interprété tantôt en hébreu, tantôt en géorgien, MARIAGE TARDIF propose du reste une passionnante peinture sociologique de l’Israël d’aujourd’hui. Notamment en dressant un constat de l’intégration des diverses communautés (particulièrement russes qui, par une arrivée massive il y a une petite dizaine d’années, avait déstabilisé l’ensemble de la population). Le ton badin et jamais prétentieux contribue au charme de l’ensemble. Par ailleurs, le thème évoqué (fidélité à ses racines, à sa famille, à sa culture ou épanouissement personnel à contre-courant de l’opinion générale) peut toucher la jeunesse du monde entier. Les questions qui y sont posées avec habileté, parfois légèreté, souvent gravité, touchent en effet à l’universalité (Fiches du cinéma)

Ce qui n’aurait pu être qu’une énième variation sur le thème du mariage forcé, devient, rapidement, l’instantané écoeurant de vérité d’une société forçant ses membres à une lasse résignation. Aucun des personnages de « Mariage tardif  » n’est dupe du rôle à jouer ou subir. Pas de questionnement. Zaza s’efforce de repousser l’inéluctable. Sa famille, elle, fait bloc en sens inverse, dans l’unique but de répondre aux bons critères de l’ordre public. Le plaidoyer est évident sans être pour autant didactique ou pesant. Il y a dans ce film un subtil équilibre entre réalisme social et effets comiques, directement hérité des comédies italiennes des années quarante/cinquante, comme « Le voleur de bicyclette  » de De Sica. Pas de sentimentalisme exagéré pour forcer le jugement. Mais un regard d’une impertinence et d’une crudité rares (voir la scène de sexe entre Zaza et sa maîtresse) qui fait de « Mariage tardif  » une œuvre inattendue, insolente et drôle. Christophe BENEY

Dover Kosashvili

né en Georgie en 1966 il est installé en Israël depuis 1972. Il a étudié la philosophie et le cinéma à l’Université de Tel-Aviv. Son court-métrage de fin d’études, « With rules » remarqué et multi primés lui permet d’écrire et de réaliser son premier long: « Mariage tardif », suivront en particulier et sortis en France en 2005 « Cadeau du ciel » et en 2011 « Infiltration »