Ciné classik: « La Nuit du chasseur » lundi 29 novembre 20h30

(1956) Etats Unis 1H 32 De Charles Laughton Avec Robert Mitchum, Shelley Winters, Lillian Gish

Un prêcheur inquiétant poursuit dans l’Amérique rurale deux enfants dont le père vient d’être condamné pour vol et meurtre. Avant son incarcération, le père leur avait confié dix mille dollars, dont ils ne doivent révéler l’existence à personne.

Voilà une œuvre qui traverse le temps avec aisance.  Un film pour le moins magique, offrant la richesse de pouvoir s’interpréter de diverses manières. Alors, un film moraliste religieux ? Une fable perverse ? Bien malin celui qui, à la seule vision du film, peut donner une interprétation unilatérale. 

Bref, voilà une œuvre qui opère toujours sa magie un demi siècle après sa création.  Une des plus belles illustrations cinématographiques sur l’éternel combat entre le bien et le mal.  Un film unique et inclassable, n’appartenant à aucun courant ou genre cinématographique.  Un mélange de parabole biblique et de thriller horrifique, basculant en permanence entre un univers onirique et réaliste.  On peut seulement regretter l’échec commercial du film qui empêcha Laughton de poursuivre sa carrière de metteur en scène.  Laughton et Welles, même déprime, ou presque…

La Nuit du chasseur laisse à voir les architectures des maisons, cabanes et granges, mais ces habitations modestes laissent toujours à voir en toute clarté au-delà de leurs nombreuses ouvertures un morceau de paysage.

Ce procédé classique de construction du paysage visible au-delà d’un obstacle permet de transcender non pas le paysage, qui ne peut être plus beau qu’il ne l’est déjà, mais d’élever l’homme et ses créations architecturales au même rang qu’elle. La Nuit du chasseur n’est pas un film romantique qui laisse à croire que toute création de la pensée est en soi supérieure à la nature. Bien au contraire c’est au prix d’un effort considérable qu’une création peut prétendre, non pas à surpasser la beauté naturelle, mais au moins peut-être à l’égaler.
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Charles Laughton

Il monte sur les planches de la Royal Academy of Dramatic Art en 1925 avant de tourner dans ses premiers films muets trois ans plus tard. Homosexuel, il épouse néanmoins Elsa Lanchester en 1929 ; ils tourneront ensemble dans une dizaine de films, et Laughton restera à ses côtés jusqu’à sa mort.

En dépit d’un physique disgracieux (« J’ai le visage comme l’arrière-train d’un éléphant », disait-il), Laughton jouera dans une cinquantaine de films. Citons Les Révoltés du Bounty de Frank Lloyd (1935), Quasimodo de William Dieterle, La Taverne de la Jamaique et Le Proces Paradine d’Alfred Hitchcock, Spartacus de Stanley Kubrick……….

Laughton écrit des scénarios, des pièces radiophoniques, des documentaires et des séries télévisées (une vingtaine), donne des cours d’art dramatique : à la fin des années 50 il sera l’enseignant d’un certain Al Pacino, entre autres.

Naturalisé américain en 1950, il est inquiété par le sénateur Mccarthy au moment de la « chasse aux sorcières »