Présentation de la biographie de Michel Piccoli , en ouverture de la projection programmée par le cinéma JC Carrière en partenariat avec le cinéclub
Un film de Jean Luc Godard (1953 ) 1h43 avec Brigitte Bardot, Michel Piccoli, Fritz Lang
Paul Javal, scénariste, et sa jeune femme semblent former un couple uni. Un incident apparemment anodin avec un producteur va conduire la jeune femme à mépriser profondément son mari.

En réalisant Le Mépris, Godard semble tourner le dos à tous les éléments qui ont motivé les cinéastes de la Nouvelle Vague : il réalise l’adaptation d’un roman (signé Alberto Moravia), dispose d’un budget plus qu’important pour l’époque, et choisit des acteurs réputés pour son casting………..Le réalisateur, par ailleurs, ne dissimule pas son intention première : après un générique audio qui semble lu par Godard lui-même, il cite André Bazin [4] : « Le cinéma substitue à notre regard un monde qui s’accorde à nos désirs », avant d’ajouter « Le Mépris est l’histoire de ce monde ». L’intention se révèle plutôt transparente, et la seule présence de Fritz Lang renforce la conviction que, dans le film, Godard évoque surtout sa carrière et sa vision du cinéma Antoine Oury


Le mépris est à la fois le spectacle le plus somptueux et un film rigoureusement expérimental. Godard utilise les moyens du cinéma -comme d’autres du microscope électronique ou du bistouri au laser- pour voir quelque chose qui échapperait sans cela à notre échelle de perception ordinaire : comment peut-on passer en une fraction de seconde, entre deux plans, de la méprise au mépris, d’une désynchronisation imperceptible à un renversement des sentiments. Godard se sert du cinéma non pour nous expliquer, comme dans le cinéma des scénaristes, mais pour comprendre en nous donnant à voir. Expérimentateur, il agrandit ce dixième de seconde et ce petit espace entre un homme et une femme à l’échelle du cinémascope et d’un film d’une heure et demie, comme Homère l’avait fait avant lui à l’échelle d’une décennie et de la Méditerranée. Alain Bergala