(2019) France 1h57 De Dominik Moll Avec Denis Ménochet, Laure Calamy, Damien Bonnard
Autour de la disparition d’une femme (jouée par Valeria Bruni Tedeshi) sur le Causse Méjean, le scénario, véritable mécanique de précision, organise une circulation de points de vue, passant d’un personnage à l’autre quitte à nous donner le tournis pour découvrir à chaque coin de séquence que nos certitudes sont erronées.

Le film nous entraîne d’Abidjan aux couleurs chaudes mais qui dès les premiers plans, avec une omniprésence du bleu, nous annonce la froideur des Causses dont le paysage troublé de taches rouges, voiture, plaid.., inquiète. Effectivement les actes de ces personnages sont troublants, dans les scènes à deux c’est un déséquilibre d’intérêt, d’amour qui intrigue et provoque le soupçon, bien organisé par l’instillation parcimonieuse d’indices qui bouscule le spectateur. André Blasco
En définitive, Moll et Marchand mettent en œuvre une narration sophistiquée mais nullement alambiquée. Le récit non strictement chronologique crée du suspense et produit des ellipses promises à être comblées tôt ou tard. L’habile mécanique scénaristique génère des retournements souvent imprévisibles. Dès lors, Seules les bêtes détonne dans le paysage des thrillers français pas son inventivité et sa scrupuleuse originalité. (ciné Véritas)
Il va vous falloir activer vos neurones, passer de la chaleur torride à la froidure ankylosante, des rues surpeuplées d’Abidjan aux étendues de neige désertées du Causse Méjean, changer d’espace-temps, passer sans cesse de la couleur au noir puis au blanc, passer des broutards aux brouteurs… Tout cela est bien intrigant, n’est-ce pas ? Mais on ne saurait vous en dévoiler plus si l’on veut que le mystère reste entier et que la magie du récit opère. C’est une histoire mystérieuse en cinq chapitres qui viennent s’imbriquer les uns dans les autres, qui sèment progressivement le doute, révèlent chacun une vérité. Par sa construction brillante, méticuleuse, Dominik Moll bouscule notre posture de spectateurs passifs, nous convie constamment à changer de point de vue. C’est comme un Cluedo cinématographique peuplé de chats qui jouent avec des souris à moins que ce ne soit l’inverse, car en définitive ces dernières ne sont pas en reste : il est grand temps qu’elles prennent leur revanche. Utopia
Dominik Moll
Né d’un père allemand et d’une mère française, Il a grandi à Baden-Baden avant de partir étudier à l’université de la ville de New York, puis à l’Institut des hautes études cinématographiques (l’IDHEC, devenue la Fémis), où il a réalisé plusieurs courts-métrages . Il réalisera six courts-métrages avant de réaliser un premier long-métrage en 1993, « Intimité », inspiré d’une nouvelle de Jean Paul Sartre.
Harry, le film au quatre Césars
En 2000, « Moll réalise « Harry, un ami qui vous veut du bien », un thriller haletant et dérangeant et c’est le succès. Le film rafle quatre Césars, dont celui du meilleur acteur pour Sergi Lopez et meilleur réalisateur pour Dominik Moll. Le succès public de ce thriller dépasse les frontières. En 2005 est sorti « Lemming », interprété par Charlotte Gainsbourg, Charlotte Rampling et André Dussolier. Dominik Moll est un réalisateur rare et singulier, il co-scénarise avec son ami Gilles Marchand le film « L’autre monde ». Il revient derrière la caméra en 2011 avec Le moine, porté par Vincent Cassel et en 2016 « Des nouvelles de la planète Mars »