(2019) France 1h40 De Guillaume de Fontenay Avec Niels Schneider, Ella Rumpf, Vincent Rottiers
Le réalisateur adapte le récit de Paul Marchand, reporter de guerre, durant le siège de Sarajevo. Cette horreur parait bien loin, mais l’actualité dans le monde démontre qu’elle est là, quelles que soient les circonstances sous lesquelles elle se présente. Le film tourné à Sarajevo, nous plonge dans le quotidien miné de cette ville où la mort arbitraire peut surgir à tout instant.
Guillaume de Fontenay (2019 ) Québec 1h 40min Avec: Niels Schneider, Ella Rumpf, Vincent Rottiers

Sur les pas de Paul Marchand interprété par Neil Schneider, escogriffe fantasque, courageux, drôle nous découvrons le martyre des habitants et la vie des journalistes confrontés à une réalité qu’ils doivent recenser. C’est un récit vif, endiablé où on zigzague à une vitesse folle dans la citée car les snipers veillent. Des scènes à couper le souffle et une caméra portée qui nous immerge au cœur d’actions violentes parfois désespérées de la part des assiégés. Peut on rester par déontologie , observateur neutre quand on est journaliste devant cette folie, cette injustice et la passivité du monde c’est la question posée par le film que le héros tranche rapidement touché intimement par cette tragédie André Blasco

Film de guerre, thriller, film d’histoire, Sympathie pour le diable est aussi une tragédie, au sens où il s’agit du récit d’un destin. Destin d’un homme mais aussi destin d’un monde, le nôtre, qui ne sait toujours pas quelle part décisive de ce qui aurait dû être son âme s’est perdue au début des années 1990. (Jean Michel Frodon)
« Le film réussit ce double prodige symétrique : saisir Marchand vivant et découvrir Sarajevo morte – d’un côté la légende ressuscitée de ce Martin Eden tragique que fut le reporter de guerre Paul Marchand et, de l’autre, la ville reconstituée sous son linceul de bombes. …Ce film rend par delà Marchand, un hommage lucide mais ému à la vingtaine d’aventuriers et esprits forts de la presse internationale qui découvraient, au même moment, que Sarajevo était redevenue la capitale mondiale de la douleur. » B.H. Levy
« Journaliste, je devais raconter avec des mots de ruines, dans une langue inachevée, que les guerres ne sont rien d’autre qu’un peu de bruit sur beaucoup de silence, un fracas passager quand le silence devient trop insupportable… Un rêve de monde meilleur, même si le rêve est obscène et turbulent », écrivait Paul Marchand.
Interview du réalisateur: Guillaume de Fontenay :
Le portrait que vous faites de Paul Marchand est tout en nuances. Ce n’est pas une hagiographie…
J’ai bien essayé de me garder de faire de Paul un héros ! Je me devais d’observer une certaine distance par rapport au personnage, au conflit et au thème du journalisme lui-même. Je suis un fervent défenseur de la presse. Les journalistes sont essentiels pour prévenir le monde des maux et crises qui le rongent, ils informent, et ça évite je crois à l’humanité d’être absolument apathique. Paul n’a pas toujours eu le bon comportement ou adopté les bonnes méthodes. L’exercice de sa profession, il en avait une vision très personnelle et l’idée n’était pas de juger de cela, mais de tenter de faire le portrait complexe d’un homme de terrain révulsé par la torpeur et le flegme de ses concitoyens.
Quels étaient vos rapports avec Paul Marchand avant de faire le film ? Guillaume de Fontenay :
J’ai d’abord rencontré son texte, Sympathie pour le diable. A la fin des années 90, je voulais le mettre en scène pour le théâtre. J’imaginais quelque chose de très épuré. Un acteur, une lecture, une chaise d’écolier, des postes de télévision qui passent des informations en boucle, et la voix de Paul Marchand, donc, qui témoigne. Mais à l’époque, je n’ai pas eu le courage et l’audace de contacter Paul, et ce n’est qu’en 2005 que nous nous sommes officiellement rencontrés.
Le personnage de Paul est pivot, mais il n’éclipse pas les autres personnages qui, chacun à leur manière, révèlent les couleurs de son caractère bien trempé. Guillaume de Fontenay :
Oui, c’était une préoccupation importante. Je ne voulais pas que les personnages autour de Paul soient caricaturaux ou représentés avec moins d’objectivité que lui. Je me devais de respecter la nuance partout. On ne devait jamais être enfermé dans le point de vue de Paul ou qu’il écrase les autres personnages du film. Le personnage de Boba par exemple, qu’interprète Ella Rumpf, est aussi fort que le personnage de Paul. Il n’y a pas de chef de bande, mais des hommes et des femmes qui ont chacun une existence propre qu’il fallait faire valoir à l’écran. Paul avait une sensibilité très à vif. C’était un romantique qui se cachait. Un homme profondément blessé, par ce qu’il a vu, par la vie, les batailles qu’il a menées.
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